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Les nouveaux Belges.

Tandis que la marmite est sur le feu et que certains Flamands dansent la danse du scalp d’une Belgique malade, même en Wallonie avec l’affaire Laurent, on se pose la question du coût de la monarchie dans un pays où la misère monte.
Le bon sens voudrait que les subventions et les cadeaux sous forme de location gratuite des biens de l’Etat s’arrêtassent aux personnes royales, le roi, la reine, et la famille du successeur, avec une pension confortable pour les veuves et princes consorts veufs éventuels.
Il paraît raisonnable, avec les relations qu’ils ont, que les autres n’auront aucune difficulté à se caser dans la banque ou l’industrie.
Avec l’acharnement des gens qui n’en veulent plus, la droite flamande et pas seulement, mais encore une partie conséquente de la population, une hypothèse, certes folle, pourrait aboutir à un autre scénario qu’une scission négociée.
Et si la rupture était unilatérale ? Si, sans préalable et sans passer par le blabla des pourparlers préliminaires, les Flamands retiraient leurs billes de l’Etat belge ? Quitte, quand même, d’ouvrir un débat avec les voisins Wallons sur Bruxelles, capitale aussi de l’Europe, ne faut-il pas oublier ?
C’est justement par Bruxelles qu’il faut commencer dans cette « absurde » hypothèse.
Ce cas de figure ne pourrait pas passer inaperçu en tant qu’événement, sur le temps que pour l’Union Européenne elle n’existerait pas juridiquement parlant.
Ce qui reviendrait à dire que l’Etat belge poursuivrait légalement sa carrière au niveau de sa représentativité au sein de l’Europe et au niveau international et que les sécessionnistes ne seraient pas reconnus, donc n’auraient pas de représentation diplomatique, pas de missions commerciales extérieures possibles.
Cette position deviendrait vite inconfortable pour la Flandre qui serait obligée de revenir, cette fois la corde au cou, à des négociations de type fédéral ou confédéral.
Par contre, à l’inverse, si les prétentions flamandes à tout maîtriser dans un Etat où la Flandre est majoritaire s’avéraient insupportables à la longue pour la Wallonie et Bruxelles, il ne serait pas exclu de penser que la Wallonie et Bruxelles demandent leur rattachement à la France, puissance majeure dans le cadre de l’Europe, la Wallonie étant anciennement des départements français détachés de la France après la chute de l’Empire, afin de constituer l’Etat belge voulu par les Anglais.
Les Wallons ne seraient pas en porte-à-faux dans le cadre juridictionnel de l’Europe et la Flandre, seule, pourrait revendiquer la place de la Belgique en Europe.
Cela ne manquerait pas de piment que cette Flandre qui n’en veut plus de l’Etat qui l’abrite, devienne par la force des choses, la seule à le représenter !
Evidemment, dans cette hypothèse, je ne donne pas cher de la dynastie.

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L’Etat belge unilingue et néerlandophone déposerait la monarchie vite fait et repliée sur elle-même vivrait avec ses démons un peu comme le fit Milosevic et les débris de la Fédération yougoslave. Les Flamands s’apercevraient vite de leur relative impuissance à faire entendre leurs voix avec leurs six millions d’habitants.
Il ne resterait plus qu’à nos ténors de la politique wallonne de se fondre dans le paysage français. Elio di Rupo en thuriféraire de la séduisante Ségolène, il connaît. Didier Reynders en sarkosyste, pourrait prétendre au fauteuil du bourgm… non, de maire de Liège. Je sens Joëlle Milquet prête à tomber dans les bras de François Bayrou. Nos palotins de l’extrême droite auraient des amours avec Jean-marie Le Pen. Malheureusement pour Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, la gauche pourpre serait à inventer en Wallonie. Michel Daerden est tout à fait requis pour être président de Région, quant aux Frères Happart leur inaudibilité dans la langue de Molière les condamnerait à refaire de la pomme dans les vergers de Herve et environs.
A la mouture française et avec des statuts alternatifs de mise en condition du régime français, nous ne verrions guère de changement.
Par contre, du côté des nouveaux Belges, ce ne serait pas la fête. Que voulez-vous que les Hollandais, empêtrés dans des territoires qui prennent eau de toute part, fassent des Flamands ? On ne le sait pas toujours, mais il n’y a que les nouveaux habitants hollandais des Fourons pour aimer ces nouveaux belges là, puisqu’ils en sont eux-mêmes.
Pour qui connaît la Hollande, il y a un certain mépris de ce côté-là de l’Escaut pour la Flandre catholique, nationaliste et raciste. Les Hollandais sont des originaux, protestants pour la plupart, ouverts aux idées nouvelles. Il y a autant de différence entre un Hollandais et un Flamand, qu’entre un Flamand et un Wallon.
Certains pointus de la Tour de l’Yser, Gantois obstinés ou Anversois Vlaams belang, tomberaient de haut.
On en jubile à l’idée…

Commentaires

Un peu à contre-courant, je pense que les Flamands sont des gens majoritairement sympathiques et chaleureux (plus que les Wallons à mon avis).Bien sûr,la conscience d'avoir une langue purement régionale éclatée en dialectes engendre une culture un peu agressive liée à un complexe de citadelle assiégée et menacée.Beaucoup de Flamands exigent que leur langue soit respectée mais je les soupçonne de ne pas apprécier outre-mesure les Wallons qui font un effort de s'exprimer dans leur langue: ils ont un rapport psychologiquement complexe avec les Wallons.Mais ces derniers ont aussi changé en 200 ans de Belgique: il y a eu dans beaucoup de domaines une osmose entre les caractères traditionnels wallons et flamands. Je vais à cet égard plus loin que toi: un Flamand est plus proche d'un Wallon que d'un Hollandais.
Mon pronostic est depuis longtemps le suivant: les divergences communautaires vont prendre un tour de plus en plus aigu jusqu'à une quasi-séparation (pas de rupture totale, Europe oblige).Ensuite, nous ferons chacun de notre côté l'expérience amère de peuples isolés et nous verrons vite que les Etats voisins ne se précipiteront pas pour adoucir notre sort. Quand nous aurons bu le calice jusqu'à la lie, nous ferons le constat que, tout compte fait, les Flamands et les Wallons sont des gens simples qui peuvent parfaitement s'entendre et nous retisserons volontairement des liens.
C'est curieux à dire mais si l'indépendance de la Belgique avait eu lieu un siècle plus tôt, tout le monde parlerait français (comme dans le Nord-Pas-de-Calais) et s'entendrait bien, chacun gardant ses savoureuses particularités régionales. J'ai connu cela au Congo Belge, où nous étions tous de vrais amis parlant la même langue. Mais on ne refait pas l'Histoire.

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