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Sarko me fait peur.

C’est fait. Le grand show médiatique vient d’enfoncer une porte ouverte. Voilà Nicolas Sarkozy adoubé par les siens et même par ceux qui, comme Villepin et Chirac, ont voulu sa perte.
Il faut dire qu’il était le seul candidat en lice. 98,1% des suffrages, c’est une élection comme dans les anciennes républiques bananières. Reste à se demander si les millions dépensés n’auraient pas été plus utiles à autre chose.
Bien sûr l’événement a été filmé, photographié, commenté et cela impressionne les gens simples; mais, on ne peut pas voir tout ce cirque sans faire le rapprochement avec les Conventions à l’américaine. Même tapage, même vocifération, même promesses dont ont imagine bien qu’elles ne pourraient être tenues sans obérer les finances de l’Etat français dans le rouge depuis l’avènement de Chirac.
L’actuel président, champion des promesses jamais tenues, se pourrait-il qu’il soit snobé par plus fort que lui ?
Le hall du parc des expositions à la porte de Versailles était bruissant d’une multitude venue de tous les horizons sans billet de transport, la chose étant réglée par l’UMP et le ventre creux, les sandwiches étant beurrés par les mêmes aubergistes.
Quand « c’est pour rien » l’ambiance est toujours formidable.
L'annonce du taux de participation a donné lieu à une mise en scène particulièrement gratinée, les secondes précédentes étaient scandées par des militants surchauffés par la vision de leur propre enthousiasme projeté sur grand écran.
Au moment du score, Sarko montait à la tribune pour prendre la parole. On peut le trouver démagogue, outrancier dans ses propos, se contredisant, variant le discours en fonction des circonstances, ce qu’on ne peut nier, c’est le talent de celui ou de ceux qui font ses discours. L’homme est habile comédien. Il joue la carte de la sincérité. Peut-être l’est-il dans l’ivresse de l’ambition satisfaite, dans l’euphorie de l’exposition de son image, dans le plaisir personnel d’être écouté et de convaincre ?
Après l’hommage à son ennemi intime, Jacques Chirac, le reste du discours partait gagnant d’avance avec un salmigondis d’hommages divers tout azimut dans le désir de s’entendre se gonfler d’importance par le prestige des noms et sous leur houlette de rassembler de la voix le parterre de moutons, comme jadis faisaient les bergers sur les collines du Parnasse.
Les militants ont eu droit au bottin des personnalités, telles que l’abbé Pierre ou Simone Veil et aux sites aussi dissemblables que le mémorial Yad Vashem ou le monastère de Tibérihine. Evidemment, il n’a pas eu recours à Jeanne d’Arc, devenue après l’usage qu’en avait fait le général de Gaulle, la propriété exclusive de Jean-Marie Le Pen ; mais Saint Louis, Carnot, Pascal et Voltaire ont eu leur tour à l’applaudimètre.
Ce qui est gênant dans ce discours triomphaliste, c’est qu’il pourrait peut-être susciter des faux espoirs au 80 % de travailleurs de France qui doivent se débrouiller avec moins de 2000 euros par mois.

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Il l’a dit dans son discours : il a changé ! En quoi ? « Parce que les élections présidentielles sont une épreuve de vérité. » On l’a vu avec Chirac, champion des promesses non tenues. Et on l’a vu avec Sarko aussi, qui a eu cinq ans pour amorcer son changement et que ce soit aux finances et à l’Intérieur, en quoi son changement personnel a fait changer le monde dans lequel il vit ? Les Finances ? La France va mal. Elle ne maîtrise pas la dette publique qui va croissant. L’Intérieur ? N’est-ce pas sous Sarkozy que la presse du monde entier est venue filmer dans les principales villes de France l’incendie de milliers de voitures privées ?
Eh bien ! s’il a changé, les militants de l’UMP viennent de voter pour quelqu’un qu’ils ne connaissent pas, puisqu’il aurait changé à l’insu de tous, dans le silence des cabinets et avec ses seuls conseillers. Car, celui que l’on a vu à Versailles paraît bien toujours le même, dans son discours, jusqu’à cette façon qu’il a d’aller vers les gens, comme il a l’habitude d’aller vers les flics sur le terrain afin de les féliciter de leur dernière bavure, comme à propos des deux mômes poursuivis jusqu’aux installations de l’EDF et qui y sont morts l’année dernière, sans qu’on sache au juste pourquoi ils étaient poursuivis.
Au soir de cette journée, ce type me fait peur. On le sent avide de résultat, pressé de réussir, mais de quoi ? Son enthousiasme pour la méthode américaine de gouvernement, s’il est élu, pourrait conduire à une dérive de l’Etat et à des solutions de choc d’un social privatisé, d’une pauvreté sans droit et d’une méconnaissance jointe à un mépris des gens qui n’ont pas de travail et qui en cherchent ou en ont cherché avant de sombrer dans le désespoir.
Oui, si j’étais Français, je ne pourrais faire confiance à ce type.

Commentaires

Ségolaine porte-t-elle en elle autant de crainte que Sarkozy? Parcequ'il n'y pas d'autre alternative... Mis à part une nouvelle année de 1789... Dis moi, aujourd'hui, qui sont les bourgeois? et le tiers-état?

c tro mdr

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