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Dessine-moi un ouvrier…

On est heureux de l’apprendre, le prince Laurent travaille ! Enfin, c’est le directeur de l’IRGT, Jacques Wirtgen qui le dit.
On savait que « travailler » était une notion fort élastique et que l’on pouvait y assimiler celui qui est assujetti à la cadence de production en trois poses alternées, ou le « manager » d’une entreprise internationale qui va et qui vient de telle sorte que l’on ne sait jamais s’il fréquente un terrain de golf pour son travail ou son plaisir.
Depuis que les mandataires politiques sont astreints à fournir des précisions sur leur patrimoine, afin de savoir s’ils se sont enrichis au cours de leur « travail », on possède plus d’éléments sur leur portefeuille qu’avant. Pourquoi n’appliquerait-on pas aussi la recette que le directeur de l’IRGT propose pour juger la prestation du prince Laurent, à nos mandataires ? Ont-ils réellement mérité leurs indemnités, puisque nous savons ce que, comme le prince, ils gagnent à un centime près ?
Voyons d’abord les prestations princières. Wirtgen nous dit que le prince est « sorti » 620 fois de la villa Clémentine pour le compte de l'Institut royal pour la gestion durable des ressources naturelles et la promotion des technologies propres (IRGT) depuis 1995, soit environ 50 sorties par an sur un étalement de douze années. Il pousse le luxe du détail en nous précisant que chacune des prestations est d’au moins trois heures, cela fait 150 heures que nous doublerons en raison des préparations de ces prestations, soit 300 heures. Voilà qui nous fait environ 38 jours de travail plein l’an, pas tout à fait ceux de l’ouvrier à la cadence sur trois poses, mais peut-être comme le manager qui court entre deux avions pour le travail ou son plaisir.
Le prince ferait-il le lien entre ces deux extrêmes ?

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Si l’on admet que ces 38 jours sont suffisants pour qu’ils ouvrent aux droits à la pension et à la sécurité sociale du prince, tout citoyen qui travaille, en raison de sept semaines et demie par an aurait droit – en toute logique - à une pension complète, des soins remboursés et des indemnités entières en cas de chômage.
Ne parlons plus du manager, parfois les avions font escale dans les paradis fiscaux, et à partir d’une certaine somme rondelette, on sait que nos banquiers savent être compréhensifs pour un simple oubli de patriotes surpris et surmenés. Nous ne comparerons les destins que du prince et du manœuvre léger.
Force est de reconnaître à la décharge du prince qu’il n’a manqué qu’un seul conseil IRGT pour cause de maladie. Cela est fort peu si on le compare selon les statistiques aux jours de maladie du travailleur à la cadence.
A ce point de vue, il devrait être cité en exemple.
Quant au reste, dans le régime actuel, il serait montré du doigt par l’opinion bourgeoise bien pensante et même traité de parasite social par des extrémistes allant des libéraux aux trotskistes, si sa condition de prince ne freinait pas l’ardeur des premiers et doublait l’excitation des seconds.
Aux yeux de ceux qui ont une saine notion de l’égalité et de la justice, il conviendrait dorénavant d’aligner la prestation du manœuvre léger sur celle du prince.
Certes, ce serait un bouleversement dans les mœurs et l’opinion n’y est pas préparée.
On pourrait confier la tâche de la formation à ce principe à Marie Arena, si dévouée à l’enseignement. Et la mise en pratique des mesures importantes qui en découlerait à notre ministre président empêché de Mons, si fervent admirateur de l’institution royale. Ce serait d’autant bénéfique pour les carrières du prince et du ministre, que cela vaudrait à l’un et à l’autre un regain de popularité, qu’un te deum servi par le prêtre Guy Gilbert, Gégé dans l’intimité, aux saints Michel et Gudule, pourrait leur être consacré.
Enfin, grâce à la monarchie, nous entrerions dans une ère socialiste où l’égalité des droits et des devoirs s’étendrait du plus petit au plus grand. Resterait à mettre aux pas le golfeur. On peut penser qu’à la suite de cette véritable révolution, il ne fasse comme Johnny Hallyday et ne s’envole définitivement pour la Suisse.
Aussi préventivement, aux noms de la famille royale et des manœuvres légers, le ministre-président pourrait nous sortir vite fait une loi-cadre afin de retenir en nos murs, à défaut du manager, au moins ses profits ?

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