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l’appel des clocloches.

Tout est déjà trop loin, ou trop tard.
Qu’est-ce qui ferait bien revenir en arrière, nouveau départ à l’aptitude zéro, les surmenés du travail ?
Personne n’a jamais innové quoi que ce soit. On est dans quelque chose que, si ça tombe, même les grands parents n’en ont jamais voulu. Revenus du royaume des ombres, ils s’exclameraient : « Vous en êtes toujours là ! ».
Avec des bonnes volontés de raccroc, la plupart venant d’on ne sait qui, pour faire on ne sait quoi, la Société s’est ainsi formée, sans aucun modèle que suivre une vague piste au milieu des cimetières et des vivants, dans une confusion telle que même le jeu politique ne parvient plus à rattraper rien, à modifier rien
Là-dessus, des métiers se sont organisés, les uns nécessaires, les autres fort peu importants. L’étrange, ce sont les métiers fort peu importants qui ont pris le pas sur les autres. On ne sait plus travailler à rien, sans les banques. Les banques passent leur temps à nous prêter notre argent ! C’est judicieux, mais franchement, est-ce qu’un boulanger n’est pas plus utile ?
Bien entendu, des traditions naissent d’un vide continu. Le libéralisme, par exemple. Les grandes traditions s’y prennent mieux que les pieds au cul. Alexis de Tocqueville, le père de la merde actuelle avec quelques autres forbans, moralistes de bazar pour comptoir mozambicain, voilà les héros de Didier Reynders. Et c’est de cet exemple là que nous nous réclamons aussi ! C’est là-dessus que Hobbes, Keynes et les autres ont disposé de l’avenir de tous, que des relais se sont fondés et que le petit personnel pointe depuis sous l’œil des behavioristes, avant d‘enfiler la blouse de monsieur Parker, au nom de l‘efficacité américaine.
Et c’est dans ce terreau à asticots que s’est enracinée la démocratie !
Nous n’en avons pas fini de l’admirer, telle quelle, mirobolante tarte à la crème que nous envoient plein dans la gueule, ceux qui croient pour nous à ces simagrées.
C’est de ces fariboles que l’on nourrit le peuple; celui-ci gavé de toutes les conneries est prêt à croire tout, absolument tout, et surtout à monter au créneau pour défendre « sa » liberté, unique en son genre, puisque le plus clair de celle-ci consiste à « se placer » dans un de ces trucs sordides où le destin contraire pousse la planète entière.
L’Haut-lieu passe la guimauve dans de subtils dosages. C’est facile, tout lui appartient. Il s’est affilié à tous les partis, connaît par leurs prénoms tous les échevins de Charleroi, fréquente les patrons de la FEB, fonctionne sur RTL et RTB, distille la même soupe populaire pour les émasculés, les cinglés et les pervers. On ne serait pas plus étonné que cela de le voir ombudsman à la FGTB, fréquenter le patronage de monseigneur Léonard et bondir tous les lundis à la Loge de la rue Darchis.
Grâce à la démocratie capitalisante et pourvoyeuse de bienfaits, on ne serait pas bouleversé d’apprendre que la majorité absolue soit enfin atteinte par la minorité vitaliste, énergique et traditionnelle d’avenir.
C’est ça, après tout, la démocratie : une gonzesse qui se laisse pincer les nichons par les plus hardis, tandis qu’elle appelle les flics pour les plus couillons.
C’est ainsi que nous la voulons tellement et qu’elle ne nous veut pas, que nous la violons tous les jours, éperdument amoureux. Alors que nous savons tous dans quel lit elle couche et avec qui elle fait ses cochonneries de vieilles vicieuses.
D’accord, elle n’est pas pour nous. Nous n’avons jamais eu les moyens de l’entretenir, ses dépenses, ses lubies, ses coups de cœur. Nous ne pouvons que mater quand elle bouge ses bas pour s’ébattre dans les draps de soie, grosse truie pathétique, quand l’Haut-lieu l’injecte en notre nom à tous.
Et cela nous fait plaisir, de voir comme elle est bien maquée par la bande internationale de reconversion des énergies et des profits, dont nous recueillons les étrons comme des reliques, avec le sentiment que nous nous élevons au-delà du permis dans le sens du devoir, de la patrie et des traditions.
Il manque à ce tableau de rêve les moyens de nous faire péter des flammes pour le bonheur général qui ne touche jamais que quelques particuliers. Avec le réchauffement de la planète assuré, je crois que l’Haut-lieu a trouvé la combine pour nous faire bosser à l’œil.
Le libéralisme démocratique et populaire au service de l’écologie, il ne manquait plus que cela !

Commentaires

Heureux de te revoir en grande forme, Richard III!
Les adorateurs de la "démocratie" me pompent l'air autant qu'à toi. Mais ce que je critique surtout, c'est l'adoration sans nuance, celle qui rend aveugle; et les petits malins planqués derrière le tableau (l'Haut-Lieu!) tirent les marrons du feu et se gondolent à la vue des gogos.
Et si l'on se mettait une bonne fois pour toutes dans la tête que toute construction humaine est imparfaite par nature, qu'elle doit être sans cesse corrigée et qu'elle ne mérite ni excès d'honneur ni excès d'indignité? Le destin de l'homme est de trébucher, sa grandeur de se relever et de recommencer.

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