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La ploutocratie aux urnes.

Il y a contradiction entre un droit international qui nous la baille belle avec les droits de l’homme et l’augmentation inquiétante des inégalités, qu’elle soient sociales ou culturelles, partout dans le monde.
Il y en assez d’entendre les libéraux se référer aux mérites naturels des uns et des autres justifiant ces inégalités, surtout les discours qui nous rappellent que nous sommes en démocratie et qu’ailleurs, c’est pire !
On connaît la rhétorique de Churchill « La démocratie, c’est le pire des systèmes à l’exception de tous les autres. » Cette réflexion a fait un tort considérable à tout esprit critique et à toute volonté de dépassement de ce qu’on peut appeler aujourd’hui un piège à cons !
Cela suffit de nous seriner que la liberté d’entreprendre, c’est la meilleure voie vers la liberté tout court.
Si tant est que nous y sommes, pourquoi ne montrons-nous pas l’exemple aux autres ?
Si nous ne le faisons pas, il doit y avoir une bonne raison.
C’est que cette fameuse liberté d’entreprendre, n’est en réalité que le droit à l'enrichissement d'une minorité. On le voit, en Europe, comme la mise à plat des services et de la concurrence fait galoper les prix au lieu de les réduire, comme il est si souvent dit à propos des marchés ouverts. Enfin, comme l’actionnariat des masses conduit les banques à siphonner les économies des petites gens, l’exemple le plus frappant étant l’histoire du tunnel sous la manche.
Si nous commencions par nous poser la question « qu’est-ce que la démocratie » et puis comparer ce que nous en pensons avec le régime dans lequel nous marinons ?
C’est Ernest Renan (1848-1890) qui nous éclaire et nous pouvons faire confiance à ce savant. Il ne dit pas des choses en l’air : nous ne sommes pas en démocratie, mais en ploutocratie !
« J’appelle ploutocratie un état de société où la richesse est le nerf principal des choses, où l’on ne peut rien faire sans être riche, où l’objet principal de l’ambition est de devenir riche, où la capacité et la moralité s’évaluent généralement (et avec plus ou moins de justesse) par la fortune »
(Renan : L’avenir de la Science, Pensées).
Sacré Renan, il y a plus d’un siècle qu’il avait senti l’oignon !...
En effet, le Littré définit la démocratie « comme le gouvernement où le peuple exerce la souveraineté ». Et il insiste « Société libre et surtout égalitaire où l’élément populaire à l’influence prépondérante. »
Il rejoint ainsi le concept antique, quoique Platon ait été gêné par la masse des esclaves exclus des notions de souveraineté et d’influence prépondérante, puisqu’à Athènes au siècle de Périclès, il y avait plus d’esclaves que de citoyens !
La Société actuelle est bien mieux définie par la ploutocratie dont la recette est dans l’encyclopédie La Châtre, contemporaine de Renan (le terme est absent du Littré que Renan aurait pu consulter) : « du grec πλoΰτος, richesse, et χρχτоς, pouvoir. Le règne de l’argent.

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Mais les propagandistes du « meilleur des systèmes au monde » nous rappelle que le suffrage universel est bien la clé d’une démocratie puisque « l’élément populaire à une influence prépondérante ». Voilà justement où réside la tromperie. Imagine-t-on un peuple souverain voter des taxes et de la TVA contraire à ses intérêts immédiats, soustraire aux index tout ce qui concerne les carburants et mettre massivement à contribution les automobilistes, détaxer les gros salaires et les fortunes et admettre les parachutes dorés, sur le temps que les smicards sortent des usines avec moins de mille euros par mois ?
Si tout cela se fait, c’est que le peuple n’est pas souverain.
Il ne l’est pas parce que nous ne sommes pas dans un système où le peuple tranche directement des questions relatives aux gestions politiques et économiques. On voit bien parfois quand il a la parole, comme il va à contresens des gestionnaires de l’Etat. Je pense au référendum sur le projet de Constitution européen en France.
En déléguant ses pouvoirs, le peuple perd en réalité sa souveraineté. Il n’est plus maître de son destin.
Nous sommes donc bien dans une ploutocratie qui agite un leurre : le suffrage universel, pour nous faire croire que le dernier mot nous appartient.
Alors, on peut se demander si voter pose un geste citoyen, comme nous le braillent tous les profiteurs de la ploutocratie belge, en jetant l’anathème sur ceux qui doutent de l’utilité d’un pareil déplacement des adultes dans les écoles du Royaume tous les 4 ans.
Jusqu’à présent, on a assimilé le « mauvais citoyen » à un fasciste. C’est un épouvantail utile qu’on ressort à propos de tout ce qui dérange, ce qui donne au Front national une publicité qu’il n’espérait pas.
Peut-être un jour, entendra-t-on que c’est le seul moyen de faire tomber les masques des ploutocrates affublés du manteau des démocrates ?
Ce en quoi ceux qui iront le 10 juin voter en traînant les pieds n’auront pas tort.

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