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François Hollande, naufragé.

La gauche française n’a pas encore touché le fond. Il faudra attendre les résultats des législatives pour apprendre, quoi qu’il arrive, comment cela se fera et qui parmi les dirigeants de la rue de Solférino précipitera le socialisme dans l’abîme.
La faillite idéologique de la gauche n’a d’égal que son degré de décomposition. On peut s’interroger sur la possibilité de survie d’une gauche d’alternance.
La présidentielle n’en finit pas de faire des dégats dans le paysage politique. La campagne de Nicolas Sarkozy est exemplaire et a touché les questions que les gens se posaient avant d’aller voter.
C’est ce que la gauche n’a pas compris. Pour réussir en politique aujourd’hui, il faut établir une carte au jour le jour de l’inconscient national. On va bien voir si les socialistes belges ont saisi la clé du succès. Ce n’est pas le cliché d’hier qu’il faut retenir pour séduire l’électeur, mais celui du jour des élections.
Après avoir liquidé les thèmes d’ordre du programme du FN Sarkozy se les a appropriés. Puis, passant sans désemparer de l’autre côté de l’éventail, il a coupé l’herbe sous le pied de Ségolène en annexant les grandeurs et les sacrifices des travailleurs par un discours ouvriériste, certes démagogique, mais qui en a eu conscience dans la gauche, en déposant un bulletin a contrario de sa classe sociale dans les urnes, assurant la victoire étonnante de la droite !
Restait le centre avec les trois quarts des cadres de Bayrou déjà convaincus que leur avenir était dans une alliance avec l’UMP.
Ainsi, voilà une leçon politique, certes cynique, mais terriblement efficace. Il est facile de dire tout et son contraire, mais il est très difficile de faire croire aux gens qu’il y a là-dessous une politique concertée pour une meilleure gestion de l’Etat tout en faisant le bonheur des gens. C’est ce qui a été fait, grâce au génie d’un homme !
Seul hiatus, c’est qu’il faut tenir le coup cinq ans. Et que pour atteindre la fin de la législature qui s’ouvre, Sarkozy devra mentir de plus en plus et à tout le monde, sauf à sa véritable clientèle, la droite des patrons et des riches.
Il faudra donc qu’il soit terriblement manipulateur et qu’il ait l’habileté de faire porter sur l’opposition, tous les échecs que les Français verront à la longue sortir de son chapeau de prestidigitateur..
D’ici là, combien de temps se passera-t-il ? Ce serait peut-être l’occasion d’une refondation de la gauche sur une doctrine politique opposée au Sarkozysme, c’est-à-dire au capitalisme à l’américaine.
Les partis européens qui se réclament encore de la gauche, sont trop influencés par les lois du marché pour faire autre chose que des réformettes accompagnatrices, modérant le capitalisme souverain. On le voit bien dans le socialisme à la belge qui n’en a plus que le nom.
Ce défi n’est pas simple à réaliser tant le nouveau pouvoir a réussi à faire croire à un renouveau politique. La gauche ne peut s’opposer frontalement à ceux qui ont rallié Sarkozy. Pour eux, il représente un espoir de changement et en attendant les premières déconvenues, les ralliés forment une première ligne de défense de la droite, comme si une armée s’était retournée contre son ancien état-major.
Au PS, le jeu consiste à se positionner afin de prendre le contrôle du parti après Hollande qui se fragilise. Alors que la seule chance d’exister demain serait de propulser unanimement Ségolène Royal à la place de François Hollande, tout en l’obligeant à revoir une ligne de conduite qu’elle avait voulue présidentielle, mais dont la nécessité ne se fait plus sentir, puisque la priorité serait d’élaborer cette doctrine politique évoquée plus haut.
En même temps que Hollande, il faudrait sortir aussi DSK dont l’attitude a été scandaleuse vis-à-vis de la candidate que le parti s’était choisie. Il s’est permis des critiques sur le mode de préparation de la campagne, quand on considère que Sarkozy a mis au point son système et que la candidate du PS n’a eu que quelques mois, et encore, elle était loin d’avoir le staff que Sarkozy s’est bâti à coups de promesses et avec l’argent de ses sponsors richissimes. Enfin, après que Sarkozy se fût emparé de l’UMP, les contre-feux de Chirac et Villepin, loin de lui nuire, ont précipité tous les godillots derrière lui, et ont paru dérisoires et malhonnêtes aux yeux de l’opinion.
Ségolène sans le soutien du parti a réuni quand même des militants d’une base qui ne supporte plus les éléphants. Elle a lutté seule et bravement sans trouver l’aide qu’elle aurait été en droit d’attendre d’un François Hollande à court d’idées.
Le jeu de massacre auquel se livrent les dirigeants du PS est un véritable suicide. La vague UMP devrait améliorer encore les résultats de l’élection présidentielle ; d’autant que le PS va devoir affronter une extrême gauche libérée du poids du vote utile.
Que restera t-il du PS français dans quelques semaines ?

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En Belgique, le désastre n’est pas aussi imminent pour le PS. Heureusement que le mouvement libéral n’a pas un fin stratège comme Sarkozy, bien que Didier Reynders, son président, ébauche depuis un certain temps une politique de récupération des valeurs de la gauche, mais sans la même conviction que le Président français. Cependant des sondages indiquent que l’électeur wallon est sensible à la plus que probable victoire de la droite en France.
Souhaitons pour l’équilibre des forces politiques que les PS français et belges se ressaisissent en s’engageant sur une autre voie, afin d’écouter à nouveau les milieux populaires.

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