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La puce nourrie…

La publication des petits potins et des faits divers dont nous sommes si friands a changé ses objectifs depuis qu’a été soulignée la nécessité de préserver la vie privée et en même temps qu’en justice, on rappelait la présomption d’innocence.
Bien entendu, des situations et des faits contredisent ce qui peut être considéré comme allant de soi, à savoir le respect d’autrui.
Il y a l’avalanche d’informations sur les stars et le show business qui repaît le gros du public. La plupart d’entre elles sont fournies par les stars elles-mêmes. Les procès pour atteinte à la vie privée dans ces milieux sont aussi médiatisés, si bien que malin qui pourrait dire s’il s’agit d’un préjudice ou d’une publicité payée deux fois ?
A vrai dire, ces informations n’ont aucun intérêt que de faire rêver dans les chaumières. On se demande qui s’apitoierait sur Paris Hilton en prison pour quelques jours ?
Ces non-événements publiés à des millions d’exemplaires canalisent le voyeurisme là où il n’y a pas grand chose à voir, peut-être de façon délibérée, de sorte qu’on établit avec le pouvoir une sorte d’accord informel afin de passer sous silence des informations qui ont l’apparence d’être people et qui concerne tout le monde.
La presse anglo-saxonne, on l’a dit cent fois, n’a pas ces pudeurs-là.
Le parallèle entre deux affaires fort différentes révèle que le respect de la vie d’autrui et la présomption d’innocence ne joue que lorsque le parti soupçonné exerce un moyen de pression sur l’appareil d’Etat et la presse.
Il s’agir de l’affaire Clearstream dans laquelle l’opinion voit une dernière tentative de Chirac et Villepin de déstabiliser Sarkozy et le scandale à la municipalité de Charleroi.
Dans la première affaire, la presse française n’est guère loquace dans le relais de l’opinion générale, si l’on excepte quelques articles, dont ceux du canard Enchaîné, du Monde, de Marianne, sur les carnets du général Rondot pourtant explosifs en ce sens qu’ils impliquent Villepin et en annexe signalent le compte au Japon du Président Chirac.
Dans la seconde, chaque jour révèle son quota d’inculpations, de convocations au parquet de Charleroi, avec un luxe de détails à l’encontre de gens présumés innocents, le tout publié en premières pages du Soir, de La Meuse, de La Libre Belgique, de la Dernière Heure, etc. N’y a-t-il pas là un exemple de retenue d’un côté et d’autre part un excès dans l’information ?
C’est d’autant plus curieux que dans le cas français, les faits à l’échelon national étaient de la plus haute importance pour l’opinion publique, dans le second, les tribulations des pieds-nickelés du socialisme localisées à la ville de Charleroi, si elles devaient être portées à la connaissance du public, les journalistes qui en faisaient leurs délices devaient savoir que ces faits-divers n’étaient pas des événements majeurs, que dans la période précédent les élections, cette publicité allait desservir le parti socialiste. Ce qui fut le cas.
On voit bien par ces deux exemples fort disparates et sans lien, comme l’opinion peut être manipulée. Reste à savoir si c’est de manière intentionnelle ou inopinée ?
Voilà qui relève d’un exercice aussi complexe qu’il est permis, mais non sans révéler le fond de la pensée de ceux qui s’y livreraient, les uns prônant la liberté de la presse, les autres la stigmatisant.
Ah ! si on pouvait dire qu’en Belgique on écrit tout sur tout !
Si on s’intéressait aux silences du passé sur certains scandales, notamment du côté des Flandres ? Quand et où a-t-on poursuivi les responsables du « Smeerpijp », cet immense affaire brassant des sommes à côté desquelles les détournements de Charleroi sont dérisoires, mettant en cause les milieux conservateurs politiques flamands ?
Pourquoi avoir caché si longtemps la fille adultérine du roi ? Au point qu’aujourd’hui encore les journaux ont des réticences ?
Affaire privée ? La personne du roi intouchable ? Certes. Mais quand ces faits de la vie privée sont de nature à faire comprendre les caractères de l’homme et du mérite personnel, comme dirait La Bruyère, n’est-ce pas une information qui sort du cadre people et qui touche aux rouages de l’Etat, c’est-à-dire concerne tout le monde ?

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Le livre de Raphaëlle Bacqué, divulguant les difficultés du couple Hollande-Royal, est riche d’enseignements. Poursuivie par Ségolène Royal pour atteinte à la vie privée, Raphaëlle Bacqué avait raison de publier son livre, quand on mesure les implications politiques de cette désunion. C’est inutile d’en écrire davantage. Cela explique pourquoi des industriels dont ce n’était pas la vocation s’emparent des moyens de l’audio-visuel et achètent des titres de la presse.
Le Monde dans la grande tradition du journalisme serait dans l’incapacité de défendre la liberté de la presse avec le conseil d’administration dont ce journal est pourvu, s’il n’y avait le contrepoids en son sein de la Société des journalistes.

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