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La loi, les formes et les règles

Il faut bien des règles, une loi, des façons de se tenir dans la rue, d’ouvrir un compte à la poste ou de conduire une voiture… qu’il y ait des conventions, des usages, des codes, des élections, ce qui justifie une attention vis-à-vis des autres, une commune manière de se protéger des dangers… c’est entendu ! Mais, c’est là que les difficultés commencent.
Les Lois ne sont applicables que lorsque les gens s’y plient. La dernière connerie d’Onkelinx sur les armes est un fiasco. Elle ne pourra pas mettre en tôle un million de personnes. La Loi sera d’application au coup par coup et à la tête du client, donc profondément injuste. Du reste, elle vient d’être amendée, pas Laurette (elle est inamendable), mais sa dernière connerie.
La vie est difficile pour tous avec les assassins qui courent les rues, l’Etat qui envoie des circulaires et la Justice des huissiers, chacun fuyant des responsabilités évidentes, les Assurances et les banques qui ne font rien sans usure et les commerçants, des bénéfices inappropriés… c’est voyous et compagnie, alors une loi de plus !.
L’équilibre entre les injustices et les vols, les banques et les voleurs, est délicat et aléatoire. La paix civile n’est jamais qu’un rapport de force, une lutte permanente du corps social dans son ensemble qui accepte ou rejette les contraintes d’un Etat qui survit par la répression et l’arbitraire.
En Europe, le rapport de force le plus visible est entre le riche et le pauvre.
C’est une erreur d’imaginer que le pauvre a toutes les vertus et le riche tous les défauts, dans une confrontation de longue date, parce que la Justice a choisi son camp.
Qui a les moyens peu tout. Qui se préoccupe prioritairement de se nourrir n’a les moyens de rien !
Parfois le rapport de force s’infléchit quand on ne contrôle plus l’opinion publique. Alors, la peau d’un riche ne vaut pas cher. Sa tête peut tomber dans la sciure. En changeant de camp, la justice, par retour du balancier, est tout aussi injuste. Décidément, elle n’est bonne à rien !
Les lendemains d’émeute, la Justice réprime, tant les juges ont eu la frousse… comme il faut des exemples pour faire croire que le travail mène à la fortune.
L’ancien pauvre devenu riche reste vulnérable. Il n’a pas encore bien intégré tous les pouvoirs que lui confère l’argent. Il est maladroit, petit en tout, mesquin par atavisme. Sa fortune récente est ostentatoire. La justice préférera l’offrir en holocauste, plutôt qu’un vrai et ancien riche...

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Il vaut mieux être en paix avec le pouvoir en place, ainsi on passe inaperçu. Certes en démocratie, on ne tue ni ne torture plus, quand on n’est pas d‘accord avec le système, encore que parfois…
Les mauvais esprits ne peuvent pas arguer de leur état psychologique pour passer un test d’embauche sans mentir. Ils ne peuvent pas dénoncer les absurdités du chômage, s’ils sont chômeurs et dans la possibilité d’une radiation.
La situation la plus terrible est celle du sans-papier. Pourquoi le traque-t-on ? N’est-il pas une main-d’œuvre bon marché, sans prétention, sans protection sociale ? Ne doit-il pas se faire oublier des Autorités ? Le pied pour ce système qui rêve de rogner sur la condition des petites gens et qui adule les statuts des classes supérieures.
Ceux qui vivent d’expédients n’entrent dans aucune catégorie sociale. On les rencontre parmi les peuples en transhumance ou dans la frange marginale des populations laborieuses qui ne supporte pas l’assujettissement obligatoire aux tâches subalternes.
Une certaine jeunesse aussi retourne à l’état de nature, sans état d’âme, l’esprit brouillé traversé de songes creux, fatiguée de tout.
D’ailleurs ou d’ici, elle est rejetée par tous. Les gens de la rue la craignent et lui sont hostiles. Entre les riches et eux, c’est toute la sophistication des défenses, des polices, des caméras de surveillance, des gardes privés. Les riches malgré tout s’effraient que la jeunesse désoeuvrée ne s’accroisse. Elle est en concurrence directe avec les rapines légales des banques, du commerce et de l’industrie, des hauts statuts et des parasites d’Etat.
Ces marginaux ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux qui se barricadent derrière leurs portes blindées. Ils procèdent du même appétit.
Ces violents ne s’attachent à personne. Ils font ce que font les riches, sauf qu’ils courent plus de risques que les voyous habilités et à raison sociale. Ils ne travaillent pas et ils volent ce qu’ils peuvent dans une société dont l’abondance exposée les éblouit. Ils côtoient ou ils ont connu quand même une état que les riches ignorent : l’extrême misère. Ces marginaux n’ont pas compris que pour faire ce qu’ils font en toute l’égalité, il n’y a que l’épaisseur des règles, les justifications industrielles, les usages d’une morale de circonstance, les parti-pris, les conventions et les grimaces mondaines. La légalité des statuts et les Lois faites au moule les dépassent.
Ils n’ont qu’une ambition, réussir un jour à faire du blé. Ce ne sont pas des Robin des Bois. Ce sont des riches qui n’ont pas réussi.

Commentaires

Un rapport de forces finit toujours par s'installer entre les composantes d'une "communauté". Une société sans tensions et sans filous est un mythe; c'est génétiquement contre nature.
C'est pourquoi il faut garder vivant le concept de lutte des classes afin de permettre le renversement périodique des Bastilles (sans la moindre illusion d'ailleurs sur les vrais sentiments qui inspirent ces jacqueries: la principale motivation de leurs animateurs est le désir caché de devenir calife à la place du calife; nous sommes pour la plupart de vilains Iznogoud).
Plus triste est le fait que la nature ne sait pas se défendre et renverser périodiquement ses exploiteurs: riches et pauvres sont unis par le mépris à son égard. Elle finira par nous le faire payer mais il sera alors trop tard, ce sera la fin de l'histoire et de ces cycles rassurants taillés sur mesure pour l'homme.

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