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La Wallonie en instance !

Ah ! ce qu’on est bons depuis deux jours, à la douceur d’être belge, à ne pas voir monter la pauvreté, à rouler paisiblement vers les sables et le béton de la Côte, oui, fier d’être Belge friqué sous le ciel bleu...
L’apaisement, on vous dit, l’apaisement garanti avec les apaisés de toujours Hermann De Croo et Raymond Langendries qui attendent avec les journalistes massés au Belvédère les décisions de Monsieur II pour le début de semaine !
Les aveux de Monsieur Dehaene sur papier, exposés aux lentilles des photographes pour des élections, mais des « vraies » en 2009, avec une majorité garantie en faveur de Monsieur II,
et l’élan de cœur d’une citoyenne apaisée pour une Belgique, genre Expo 58 en miniature, qui se lance dans la pétition : « Etes-vous pour le rattachement de la Wallonie à la Flandre ? »…
Puis, fin des apaisements, les aigreurs préulcéreuses à l’ombre de la Tour :
« Si les francophones persistent dans leur non obstiné, et s'ils balaient encore chaque proposition pour une meilleure gouvernance, raisonnable et nécessaire, nous aurons le devoir de changer de cap et de fixer unilatéralement la pension alimentaire. », c’est Walter Baeten, le président du comité du Pèlerinage de l'Yser, qui le dit, le seul à ne pas être apaisé et serein sous le ciel bleu.
Il est vrai que le père Baeten n’a pas tort : la source de l’apaisement wallon vient de la régularité des paiements de la pension alimentaire de notre conjoint flamand en instance de divorce.
….
Toinette l’avait vu tout de suite à la salle de danse « Le Bayou fléronnais » que Sylvestre était en instance. Elle cherchait depuis six mois un homme libre, capable de remplacer son cher Edmond décédé à la Maison du Peuple de Pepinster d’une overdose d’un discours de Di Rupo. C’est là, entre deux tangos qu’elle mesura à la géométrie variable de la braguette de Sylvestre qu’elle ne lui était pas insensible. C’est là encore qu’elle apprit qu’il allait être condamné à verser une pension à son ex Messaline, quand l’instance passerait au définitif, la somme étant fixée par le Tribunal. Et enfin, elle sut aussi, par des confidences plus larges de Sylvestre, que pour la Wallonie, en instance, c’était pareil, sauf que ce serait le conjoint qui fixerait le montant de la pension !
Une belle journée gâchée de la faute de Walter Baeten.
Quoi ! notre pension alimentaire serait fixée par le bailleur, alors que c’est lui qui demande le divorce !
Sylvestre fort amoureux de Toinette l’entraîne vers les buissons derrière le dancing. En instance, il n’a plus consommé depuis quelques mois. De Toinette sourd une aigreur douce de sous les bras. Son soutien-gorge n’est là que pour de la figuration, mais bon… les guignons de la chair relativisent la déception de Sylvestre.
Elle lutte un moment pour la forme. Son slip « Petit bateau » avec des nounours rose n’est pas de circonstance. Sylvestre ne voit pas les nounours. Il est à un de ces moments où le héros du film court sur le quai pour attraper la marche de la dernière portière de l’Orient Express qui s’ébranle sous la verrière de la gare. Justement, Toinette se résignerait à l’ébranler aussi, la main déjà dans la culotte du zouave, si une question ne la tarabustait.

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-Quoi : la Wallonie est en instance et le méchant mari flamand veut fixer lui-même la pension ? Elle en a le souffle coupé. Son slip petit bateau a glissé jusqu’au mollet. Elle le remonte hâtivement, tandis que Sylvestre, résigné, remet sans difficulté le sein droit de Toinette sous le soutien-gorge fictif. Il a raté la marche du dernier wagon et s’arrête un moment essoufflé.
-Oui. C’est Baeten qui l’a dit, au nom du mari adultère, à la Tour.
Dimanche, c’était la 80e édition du syndrome du pioupiou flamand, le thème était « hier, aujourd'hui et demain », là où, au pied de la tour de l'Yser, sont enterrés de jeunes soldats flamands tombés en 14-18, « sous les ordres incompris d'officiers francophones », ces salauds de militaire ! Ils ont dit, ces chefs infâmes, « Nous, on fout le camp ! » Ils sont partis, et les rustiques du coin sont restés. Moralité, ils sont morts de n’avoir pas compris, non pas l’ordre proféré en français, mais que le patriotisme étendu à la Wallonie était absurde. Après la courante, les chefs ont été félicités et médaillés par Monsieur I, le roi chevalier. C’était trop tard pour les rustiques. Ils étaient morts !
-C’est pour ça qu’ils ne veulent plus payer ?
-Ça et encore beaucoup de choses. Cette année, les morts de 14 les titillent plus que les autres années. Sous un calicot « Scindez Bruxelles-Hal-Vilvorde maintenant, et gratuitement », l'évêque de Bruges a prié pour la Flandre !
-Mais, nous nous aimons ! C’est Toinette qui relance la conversation par un cri sur l’important thème « c’est la rose ». Elle n’a pas fait le chemin jusqu’au Bayou fléronnais pour échouer sur l’herbe fraîche des buissons, avant l’aveu : « oui, à 25 ans passés, j’ai déjà consommé !». Le mensonge adéquat a eu le temps de se peaufiner, c’est son oncle, un mineur de fond (qu’il faut pardonner à cause de son dur métier), qui l’a violée lors des vacances de famille dans le camping de Madame Martin au Pont d’Arc, en août 92 !
Mais elle n’ira pas jusqu’à la confidence. Sylvestre a réfléchi. C’est très mauvais de réfléchir à certains moments, car on s’aperçoit des conneries qui se perpètrent.
-Si les Flamands fixent la pension, nous ne pourrons pas nous marier !... Autant dire que nous sommes condamnés à ne plus nous revoir.
C’est ça, tu ne bandes plus, pense le côté pratique de Toinette, alors que d’une voix douloureuse, elle susurre : « Rien ne saurait arrêter notre amour » !
-Si, réplique Sylvestre, désormais inflexible et revenu au point de départ. Si la pension de la Flandre n’est plus à la hauteur, je risque fort d’être rayé du chômage et je n’aurai plus les moyens de subvenir à notre ménage, d’autant que moi, je vais payer celle de Messaline. Et travailler, ça jamais !... nooit ! nooit !

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