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J’avais à te dire…

-Bijou, t’es toujours là ?
-Oui, mamour.
-C’est qu’on t’entend pas bien.
-Comment, on m’entend pas bien ?
-Non. On cause depuis à peine un quart d’heure… On dirait que ta voix part…
-Vingt-cinq minutes.
-Mettons et t’as déjà plus rien à dire ?
-C’est toi qui m’a appelé…
-Et alors ?
-C’était pour me dire quoi ?
-J'avais quelque chose à te dire... C'est aussi pour entendre ta voix.
-C’est tout ?
-Oui.
-Alors c’est fait.
-Quoi, tu raccroches déjà ?
-Non. Mais si tu m’appelles, c’est que toi tu as quelques chose à me dire.
-J’ t’aime.
-Moi aussi.
-C’est un peu sec.
- Comment ça ?
-Oui, « ton moi aussi » est sec.
-D’accord, je t’aime aussi…
-On dirait que t’es pressé de raccrocher.
-Oui. C’est normal. Quand tu as sonné, j’étais au chose…
-Au chose ?
-Oui, aux toilettes.
-C’est entendu tu étais aux toilettes. Tu n’es pas le premier à qui ça arrive.
-Alors, je voudrais bien finir.
-Qu’est-ce qui t’en empêche ?
-Le fil du téléphone n’est pas assez grand.
-Et c’est pour me dire ça que tu me téléphones ?
-Encore une fois, c’est toi qui me téléphones.
-Ah ! mais ne le prends pas ainsi !
-C’est inouï, tu me demandes où je suis, je te le dis et c’est moi qui ne le prends pas ainsi !
-Je ne t’ai pas demandé où tu étais. Tu le sais bien, je te laisse ta liberté…
-Encore heureux.
-Mais ce n’est pas pour en faire un mauvais usage.
-De quoi ?
-De ta liberté.

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-Qu’est-ce que tu veux dire ?
-Tu m’as très bien comprise. On ne me la fait pas à moi…
-Fait pas quoi ?
- Ne fais pas l’hypocrite, tu le sais très bien.
-Ecoute, trésor, voilà trois fois que tu me téléphones aujourd’hui et à chaque fois tu me déranges dans mon travail !
-Aller aux toilettes t’appelles ça travailler, toi ?
-…les deux autres fois…
-Ah ! je te dérange !... Je le savais qu’il y avait quelque chose. Ta voix n’était pas naturelle.
-Comment ça ? Je me relève…
-Tu étais au lit ! Espèce de…
-Je me relève des toilettes, je prends le cornet tout ému et tu dis que ma voix n’est pas naturelle !
-Non. Elle ne l’est pas. Hubert, tu me caches quelque chose…
-Arrête, ça va encore dégénérer comme les deux premiers coups de fil de la journée.
-Espèce de petit saligaud, dis-le, hein que tu n’es pas seul ?
-Mais si, voyons, Clémentine, comment veux-tu…
-Je le savais ! Et dire que j’ai quitté Antoine qui m’adorait et mes enfants pour ça !... Tu n’as pas honte, dis, de m’avoir fait manquer à mes devoirs, pour te conduire, comme tu te conduis ?
-Je t’assure que dans la position que j’occupe, le cornet d’une main et le pantalon de l’autre, je ne saurais pas être avec quelqu’un. Je ne suis pas présentable.
-Alors, je ne suis pas quelqu’un, puisque tu es avec moi ? Ecoute Hubert, je n’en peux plus avec la vie que tu me fais mener. Il va falloir qu’on rompe…
-C’est ça.
-Ainsi, ce que je te dis, ça ne te fait pas plus que ça ! Ah ! il est beau ton grand amour, tes couplets sur ta femme Jacqueline. Maintenant, je sais, pourquoi ne me l’as-tu pas dit plutôt ?
-Dis quoi ?
-Que tu l’aimes encore ?
-Mais non.
-Mais si !
-Alors dis-moi que c’est moi que tu aimes toujours ?
-Oui, c’est toi.
-Moi aussi je t’aime. Rafistole-toi et je te téléphone dans cinq minutes.
-Pourquoi dans cinq minutes ?
-Ça me laissera le temps de me souvenir de ce que je devais te dire au téléphone et que j’ai oublié.

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