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Un forcené à Val Duchesse !

Un forcené s’est retranché à Val Duchesse avec des otages depuis plus de 55 jours ! Les journalistes et la police cernent le parc et filtrent les rares personnes y entrant pour les tractations.
Jusqu’à présent rien n’a été publié des revendications du forcené. On pense qu’il exige une forte rançon des francophones.
L’homme – on croit qu’il est armé malgré la loi Onkelinx – en appellerait à l’opinion publique.
La police qui parlemente a demandé aux journalistes où est cette opinion publique ?
Voici ce qu’a répondu Jason Laplume, journaliste professionnel au Babillard Illustré :
« L’opinion publique, c’est une opinion que nous informons, mais que d’autres forment. Nous ne la maîtrisons pas. Ceux qui la conduisent sentent parfois qu’elle leur échappe. Il convient alors de redresser la barre afin de garder le cap dans le courant majoritaire.
Le courant majoritaire est un ensemble de lieux communs qui a fondé la Belgique. L’opinion publique est très attachée aux lieux communs. Le roi, la loi, la liberté est le trio de tête des lieux communs fondateurs.
« Un autre lieu commun fort connu est : « Pas de démocratie sans liberté d’entreprendre ».
Nous savons , nous journalistes professionnels, les choses qui peuvent être écrites et celle qui ne le peuvent pas des principaux lieux communs qui font l’opinion publique.
« Si par exemple vous écrivez « la propriété, c’est le vol » vous êtes immédiatement viré !
Parfois, l’opinion publique sort du cadre dans lequel ceux qui la forment veulent la voir évoluer.
« C’est un clash, souvent dû à l’extrême pauvreté des populations. Les gens sont furieux, n’écoutent plus les autorités pendant un temps indéterminé. Il est inutile de faire appel à la raison. La raison est souvent évoquée dans ces moments difficiles. C’est un lieu commun que l’on tient en réserve. Ici, la raison recommande d’être raisonnable. C’est-à-dire de rentrer chez soi, d’ouvrir la télé sur un feuilleton et d’aller travailler le lendemain comme si de rien était.
« Quand la raison n’est pas suffisante pour calmer l’opinion publique, les autorités en appellent aux mères et à la souffrance qu’elles endurent de voir leurs fils courir les rues sans travailler à la merci de tous les dangers. Nous mettons l’opinion publique en garde contre les troubles qui font les grands désordres nationaux.
« L’opinion publique s’effraye rapidement de ce dont elle a été capable. Elle devient nostalgique des temps moins agités, même s’ils étaient pénibles. Ainsi, peu à peu, l’opinion publique revient à sont point de départ.
« Les vielles personnes et les braves gens, autres lieux communs, parlent, pendant ce temps là, de patrie avec un thème principal imparable « On n’est quand même pas si mal en Belgique, hein ! »

Pendant que Jason Laplume, journaliste professionnel, discourait ainsi au milieu des policiers à Val Duchesse, un grand brouhaha se fit.
Fort de la présence des otages gardés par des complices à l’intérieur du bâtiment, le forcené s’était avancé vers la foule massée à la grille de Val Duchesse.
Le forcené est un homme de taille moyenne, le nez pointu et la bouche spirituelle. Il a une voix assurée, de l’aisance dans sa démarche. On le sent sûr de lui.
Tous les micros se tendirent. Le forcené a un léger accent étranger sans que nous ne puissions dire l’origine. Il emploie assez curieusement le nous pour le je, sans prononcer une seule fois le lieu commun roi, loi, liberté.
«Nous avons bien travaillé. Nous allons aborder le volet communautaire. Chacun va donner son point de vue. Nous irons en faire part au… »
Nous tendons l’oreille. Personne n’a saisi le mot d’une syllabe qui clôturait la déclaration du forcené, qui aussitôt rebroussa chemin.
Nous ne saurons donc jamais à qui le forcené allait faire son rapport.
C’est clair, le forcené tente de s’emparer du trésor national qu’est l’opinion publique, jalousement gardé par ceux qui la forment.

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Evidemment, c’est une technique. Un lieu commun met entre dix ans et cent ans à produire ses fruits. Il ne peut pas être remplacé par un lieu commun moderne en deux coups de cuillère à pot.
Le forcené dispose de quelques atouts qui pourraient passer pour des évidences. Par exemple qu’il n’y a pas d’autres issues que de s’entendre sur ses propositions pour garder la Belgique fédérale dans sa forme actuelle. Les modifications sont minimes par rapport à l’enjeu qui touche justement aux principes des lieux communs : le roi, la loi, etc…
Jason Laplume, journaliste professionnel, reçoit un coup de fil de son patron, le propriétaire du Babillard Illustré. Il doit impérativement trouver des lieux communs intermédiaires entre les lieux communs de l’opinion publique et les lieux communs du forcené, afin de préparer les lecteurs du Babillard Illustré à un accord au nom de l’unité nationale.
Pour l’opposition socialiste, il a trouvé cet aphorisme du cardinal de Retz : « Il faut savoir changé de parti, quand on ne veut pas changer d’opinion », ceci pour rallier les belgicains du type Di Rupo-Onkelinx.
Sentant toute l’importance de sa mission, Jason Laplume, journaliste professionnel, court à sa rédaction. Dans la soirée on lira dans les colonnes du journal : « Le forcené n’a pas encore trouvé un accord acceptable pour les partis francophones. On ne désespère pas d’y parvenir au début de septembre. Jusqu’à présent les partis n’ont cédé aucun pouce de terrain, mais les compromis sont en vue. Par exemple sur l’épineux problème de la scission de l’Arrondissement de Bruxelles-Halle-Vilvorde, on créerait trois arrondissements différents : Halle, Vilvoorde, Bruxelles.
Monsieur Maingain se satisferait de mettre l’accent sur Halle, plutôt que sur Bruxelles.
Antoinette Spaak interrogée, nous assure HVB sonne mieux que BHV. Cela change tout. »

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