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Vive le foot, nom de dieu !

On est sauvés !
Les commentateurs qui reviennent peu à peu des plages ont eu chaud. Ils n’avaient rien à dire comme d’habitude, comme ils l’ont toujours fait avec beaucoup de compétence. On les soupçonnerait de revenir ce dimanche rien que pour commenter la grande nouvelle, qu’on n’en serait pas surpris.
Il paraît que la moitié des gens se fout de cette grande nouvelle, tandis que l’autre moitié s’emballe. Les commentateurs ont choisi cette dernière parce qu’ils aiment l’enthousiasme en ce qu’ils y ajoutent leur propre enthousiasme, ce qui fait qu’on croirait à l’unanimité.
De toute façon, il n’y a rien d’autre. Les guerres, les famines, la situation sociale, le réchauffement, ne valent pas le plus mauvais des entraîneurs…
Le forcené de Val Duchesse l’a dit « Je ne raterai pour rien au monde Waregem-Standard. » C’est dire si la rentrée du foot est au-dessus de l’avenir du gouvernement.
On va rejouer au football ! Nom de dieu, il était temps !
Les longs et délirants commentaires, ça vous bouleverse le public. Personne n’imagine une journée de la rentrée sans l’un ou l’autre « magicien » du dribble. Une première page sans soulier d’or, c’est une insulte à la jeunesse.
Après tant de coups de pied aux tibias des partis, les mauvaises passes de Charleroi, les adolphins d’Anvers... enfin des athlètes tapent sur le cuir du ballon… même la pute doit attendre la fin du match avant de gagner sa vie à la sueur de son cul !... enfin pas toujours.
Pour ne pas passer pour un con, j’ai essayé de suivre tout un match complet à la télévision, avant de prendre un abonnement à vie au Standard.
Les bras m’en tombent ! Je ne suis pas doué. Un voile me tombe sur les méninges. Je ne comprends rien, pire, cela ne m’intéresse pas. Le vide se fait peu à peu, j’ai des envies de suicide…

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Que faire ? Dissimuler mon incurie pour ne pas passer pour un demeuré ? C’est la meilleure des choses. Dorénavant, je fais celui qui sait : un corner, un hors jeu, un ailier gauche (qui ne veut pas dire maladroit), j’opine, je grogne, j’imite le supporter. Je m’ouvre à la technique du chouchou des foules qui évolue sur une pelouse, le nouveau Zizou acheté pour des millions d’euros qui revient du diable Vauvert où il était en vacances avec une créature de cinéma. Le cheveu brillantiné qui se tient raide comme un ressort, le héros crache entre deux courses sur le green devant son fan club, montre son maillot, serre des mains et signe sur sa photo que lui tendent des milliers d’enfoirés ahuris de le voir en chair et en os. Puis, il arrête de cracher quand il monte dans sa Porsche. Sa fiancée – la sœur d’Adriana - l’attend en string dans la maison que les dirigeants du club mettent à sa disposition !
Quand Ducon me posera une question : qui c’est un mauve et blanc ? Je répondrai le visage extasié « je suis bye ». Il croira que c’est trop facile pour moi.
Vivaldi était un fier con avec ses quatre saisons. Pour un supporter, il n’y a qu’une saison, à la rigueur quatre, mais c’est uniquement pour une pizza prise à la volée devant le stade avec une Jup pour faire enrager les Bruxellois qui boivent de la Stella.
Donc la saison commence. Bonheur incomparable pour la multitude, même les marioles de la politique qui détestent ça, ne peuvent pas faire autrement que d’adorer haut et fort et partout où ils peuvent le proclamer.
Ce « sport », et en général tous les autres, pour qui ne pratique pas, c’est du temps perdu.
Du coup je me coupe les trois quarts des informations d’automne. Je me prive de l’essentiel de l’actualité.
Pour les dinosaures de l’information sérieuse, ça va être dur de parler d’une famine, d’un tsunami ou d’un génocide. Comment placer entre deux délires que la femme du boucher à décapiter ses sept enfants sur le billot du magasin, le jour où Anderlecht marque 7 buts au dernier du classement ? Et qu’on les a vus en survêtement, parce qu’ils n’avaient pas voulu souiller leurs numéros sur une pelouse aussi pouilleuse ? Et qu’on se fout que la meurtrière faisait une dépression nerveuse à la suite de la faillite du commerce du veau !
Goal ! brame un énergumène tapi dans une cabine radio au sommet du stade et ce « Goal » lancé d’une voix rauque couvre la nouvelle que la Chine a envahi l’Inde, que la moule de Zeelande est au prix du filet pur et que Bush s’est remis au rye. Et cette voix s’amplifie et réveille même le roi sous la couette avec la reine, dans une Belgique qui a trouvé ses vraies marques et qui s’en tape pourvu qu’on lui laisse suivre son match !
Le bruit est tel qu’on croirait que dix millions de connards gueulent en même temps. Ils sont si fiers du bruit qu’ils font, que c’est la seule fois qu’ils se sentent Belges bien profonds…

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