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Douleur sur tabloïd.

S’il faut se garder d’aborder les faits divers sans une bonne couverture d’informations si possible originales – personnellement, je pense que les blogs ne sont pas faits pour ça – certains faits- divers sont particulièrement éclairant des mœurs en général et de la presse people en particulier.
Il ne sera pas question ici de la responsabilité ou de la non responsabilité de la famille McCann dans la disparition de la petite Maddie. Parce qu’il me paraît tout à fait indécent de trancher la question du haut d’un « mal savoir » de lecteur et de rejoindre un des deux camps qui se font face, l’un croyant à l’innocence de la famille, l’autre à sa culpabilité.
On peut tout simplement déplorer que cette petite fille soit disparue et faire des vœux pour qu’on la retrouve et à défaut, l’auteur de sa disparition.
Par contre, une affaire qui prend une tournure internationale et relève plus de la presse people que de la bonne presse d’information, c’est intéressant à commenter.
Pourquoi le drame d’une famille à la recherche de son enfant, a-t-il pris soudain de telles proportions ?
Que je sache, quand Child Focus, le Centre Européen pour Enfants Disparus et Sexuellement Exploités, lance un avis de recherche : qui déplore la pauvreté des moyens mis en œuvre ?
Personne ! On regarde à peine l’affichette à la vitre du bus ou à la vitrine d’un magasin.
En réalité, cela n’intéresse pas, ou peu, parce qu’une disparition a pour cadre, neuf fois sur dix, un milieu modeste. Ce n’est pas de nature à émouvoir le public des tabloïds.
Mais les MacCann font partie d’une classe sociale aisée. Ils sont médecins. Cette profession suscite encore l’admiration béate des lecteurs de tabloïds qui ont échoué en 3me technique. Ces parents ont les moyens de prolonger indéfiniment leur séjour et d’ameuter l’opinion publique. Dès lors, les gazettes sentent l’événement négociable en kiosque. Et c’est parti…
D’autant qu’ils sont jeunes et que Kate et Gerry McCann sont photogéniques.
A vrai dire, la mère, peut-être dans la démarche louable de remuer ciel et terre pour retrouver Maddie, s’expose, parle aux photographes, exhibe le nounours de sa fille.
Du coup la planète entière s’enflamme. Des célébrités proposent leur concours.
La presse britannique, celle qui comptait les tampax de Camilla dans la poubelle de Charles du temps où Lady D s’accouplait avec Dodi Al-Fayed, suit l’affaire comme un loup, la meute.
Les enquêteurs portugais piétinent. Mais, ils sont félicités pour leur professionnalisme. Des reporters sont à demeure à Portimao, dans le sud du Portugal, le lieu du drame !.
Les Portugais acclament Kate dans ses nombreux bains de foule. Parfois, la caméra, qui suit ses moindres faits et gestes, s’attardent sur le visage d’une grand’mère en larmes, parmi la foule des anonymes.
Un Anglais qui réside à proximité de l’hôtel est suspecté. On retourne sa maison. On fouille son passé et, horreur ! il a été condamné jadis pour faits de mœurs.
Finalement, il est relâché. Ce n’est pas lui. Il ne lui reste plus qu’à déménager et changer de nom.
Rebondissement spectaculaire : « La police portugaise soupçonne la mère d’avoir accidentellement tué sa fille. »
Du coup l’opinion se partage en deux camps. Qu'elle soit coupable ou innocente, pour les deux camps, la conviction est faite. Autant elles l’avaient acclamée, les grand’mères conspuent la jolie Kate.

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Que vont faire les tabloïds anglais ? En effet, le rebondissement les inquiète.
Un coup d’œil par la fenêtre d’une maison de Rothley, petit village britannique, lieu de résidence des McCann, suffit aux journaux people pour les convaincre de l’innocence du couple et comme ils ne publient qu’en anglais…
Quoique les éléments de l’enquête de la police portugaise proviennent des laboratoires anglais, voilà les flics de Portimao taxés d’idiots !
A Rothley, c’est clair, Kate est innocente et les grand’mères portugaises sont des hystériques.
Estimant le vent en train de changer, les Mc Cann qui avaient juré de ne pas quitter le Portugal tant qu’on n’aurait pas retrouvé Maddie, s’engouffrent dans un avion pour l’Angleterre.
La magie de la dévotion à la mère malheureuse, les McCann la retrouveront à Rothley. Protégés par un bobby devant leur confortable résidence qui ne laisse approcher que les habitants du village, les Mc Cann voient s’entasser les gerbes que des voisin déposent à leur porte. Tandis que la meute des photographes campe sur le trottoir d’en face.
Les McCann sont embarrassés. Ont-ils bien fait d’en appeler à la terre entière de leur malheur ?
Les grandes douleurs sont muettes. C’est toujours risqué d’attirer l’attention des médias sous prétexte que l’opinion publique peut aider.
Dans cette affaire qui fera école, il n’est pas interdit de penser qu’un peu de recueillement et de modestie valent parfois le bruit et la fureur. Hélas ! les milieux de la jet set, les classes supérieures, les manieurs d’argent en général, aiment qu’on parle d’eux. Ils leur semblent gagner en notoriété en faisant plaisir au peuple d’être si glamour.
C’est exactement ce que pensait Saddam Hussein.

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