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Le cul for ever.

L‘autre soir au « Café du Commerce et de l’Industrie » entre deux tablées de joueurs da carte, une discussion destinée en principe à refaire le monde, prétexte à une certaine distance avec « celle qui vous attend pour finir la soirée », une citation me revient : « Quand la merde vaudra de l’or, le cul des pauvres ne leur appartiendra plus ».
Cette saillie de dear Henry Miller, pour excessive qu’elle soit, voit un début de réalisation avec l’enquête les « étapes de la vie » qui permet de suivre un quidam tout au long de son existence, de l'adolescence à la retraite.
C’est ainsi qu’avec les renseignements précieux recueillis la presse people dresse le profil de son nouveau lectorat.
On n’en est pas encore à la merde, mais ce n’est qu’un début. Le people veut cibler sa vente sur la viande la plus rencontrée. L’individu ne l’intéresse pas, le troupeau de gnous, oui.
Qu’est-ce que l’aboiement collectif qui fait la grande démocratie enseigne aux magazines people ?
… que 14,2 % des femmes sont lectrices LDP (Lecture Dernière Période, d’au moins un titre « people » genre vide tinette « Choc » qui publie cette semaine les photos de François Hollande énamouré de celle qui aurait mortifié Ségolène). De ce pourcentage se détacherait deux catégories fortement mordues : les filles « jeunes à la maison » et les « jeunes émancipées » qui pour avoir la commodité de s’envoyer en l’air aux heures où les parents sont fascinés par la télé, mais dont la disposition du salon ne permet pas de rejoindre la chambre avec un petit ami, choisissent l’option chambre de bonne et ainsi baisent à l’aise.
On cible dans ce panel de lectrices les 15-25 ans, voire 35 ans, courtisée par Public ou Closer.
Faut pas croire, mais ce genre fait plancher les plus éminents spécialistes de la culture en pot des jeunes cervelles occidentales. Ainsi Dominique Lévy, qui gagne sa croûte à l'institut Sofres, nous met au parfum : « le people est devenu tendance dans toute la presse magazine, du news au féminin. Les derniers venus, comme Glamour, font quasiment tous leurs couvertures avec une star. On est loin de l'époque mannequin d'Elle. »
On aime la star de plus en plus dévêtue. Fini le temps du voile léger. Reste quand même que certains poils sont toujours « off limits » ; dernière frontière qu’on espère franchir quand les psychologues se seront mis d’accord sur le caractère bénéfique de la contemplation de la nudité complète dans l’éducation du prépubère.

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On pensait le public enclin à ne pas trop en voir pour laisser libre cours à l’imagination. Eh bien non ! Se mettre à poil est quasi une obligation pour la postulante hollywoodienne (archétype et référence de la montreuse de ses charmes)..
Avant les dernières avancées du magazine people, la postulante des castings réservait la vision plus significative de son intime à quelques machinos qui la refilaient à des metteurs en scène friands de nymphettes, puis à l’un ou l’autre magnat de la pellicule, sans compter entre-temps une demi douzaine d’attachés de production, enfin, les quelques dizaines de personnes chargées de la diffusion de son talent cinématographique, aujourd’hui, elle se doit à des millions de fanatiques qui, à défaut de la mettre en pièce dans la montre en chair et en os, lacèrent les pages des magazines pour en soustraire à des fins personnelles l’anatomie bien aimée, d’où l’intérêt de relancer le poster géant détachable en milieu de pages.
Ces stars enfin connues du grand public, jeunes, belles et riches, font tout autant la couverture des hebdomadaires féminins que celle du nouveau magazine people. Des stars que ces titres et leurs jeunes lectrices n'hésitent pas à désacraliser. Dame, quand on veut quelqu’un à poil, c’est que quelque part on revendique un corps à corps, une certaine égalité que souligne le tutoiement obligé dans la lettre d’amour du fan anonyme.
Même si Public est moins hystérique dans le ton que Closer, avec des rubriques « 50 stars au réveil » ou « Ils sont comme nous », ces marchands de papiers culs vulgarisent les chutes de reins des talents nouveaux pour la consommation égalitaire des masses, dans la grande fraternité des viandes.
La téléréalité prend naturellement le relais du papier. Blanche-neige accouche de Loanna parmi les nains voyeurs et pervers. Chaperon rouge a une aventure avec le loup. Cendrillon fait couple avec Restif de la Bretonne. Certains érudits se souviennent encore du fétichisme de Monsieur Nicolas (Sarkozy n’est pas dans le coup) pour les chaussures.
Du coup les lectrices aux mensurations équivalentes de la bombe sexuelle de première page se disent aptes à faire de leurs fesses un article en promotion à la portée de toutes les bourses. « Pourquoi pas moi » rugit la lectrice qui se tortille devant la glace en simulant un orgasme, dans la confusion où perdure le jeune âge entre le X et le feuilleton « les rois maudits » de Josée Dayan
Bref, ça ratisse large, comme si les fêlées de la cafetière qui s’y croient déjà avaient besoin d’un coup de pouce pour en arriver là.
Pendant ce temps, les bons livres dorment sur les rayons des bibliothèques et les bibliothécaires sont reconvertis dans la culture à deux balles de la Simonetta des faubourgs dixit Marie Arena en personne, la vamp à ne pas manquer dans la gazette du « moniteur », le seul vrai journal d’un érotisme torride.

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