« Une Belgique à la birmane ? | Accueil | Tempérament d’artiste. »

L’explorateur mort de rire.

C’est une sorte de café philosophico-psycho, le café du rire.
La thérapie est simple. On s’assied en cercle autour d’Hermann Van Rompuy. Maria Savatoulemonde dirige les opérations. Cela va du rire compassé, au rire aux larmes.
Le but est de faire rire l’explorateur.
C’est difficile, tant il est vrai que 100 et des jours sans gouvernement, c’est absurde. Et les Flamands ne comprennent pas l’absurde ; car, on ne peut pas se regarder passer dans la rue depuis sa fenêtre, selon Irena, une participante active.
Comment se fendre la pipe quand Van Rompuy rencontre les présidents du MR et du CDH, Didier Reynders et Joëlle Milquet, sur le fameux BHV ?
Maria Savatoulemonde a sa petite idée.
Elle chante la Brabançonne drapée dans le lion noir sur fond jaune. Toute la salle se gondole et se fixe sur « rire à gorge déployée ». Hermann reste de marbre.
Cet homme n’apprécie pas l’humour.
Quelqu’un à une idée. Il imite Jean-Luc Dehaene en train de déféquer. Son derrière remplit la lunette. Il lit le « Standaard » la porte du WC largement ouverte. « Rire 4 », commande Maria Savatoulemonde. C’est le rire gras. Le groupe fonde beaucoup sur le rire gras, un rire typiquement flamand. C’est une erreur. Le comique de situation n’a jamais touché personne en Flandre quand il n’est que suggéré. Il aurait fallu mettre bien en vue les énormes fesses du chieur et le faire jurer à chaque étron tombant dans le vase. C’est ça l’esprit de Thyl l’espiègle.
Au nom de ses compatriotes Van Rompuy voudrait le dire au groupe, mais il ne trouve pas les mots. Ah ! si seulement il pouvait demander au Vlaams Belang de donner des exemples !
Il y va de la réputation du coach.
Pendant que le groupe se concerte, Hermann poursuit ses consultations, sans plus s’occuper de ceux qui l’entourent et qui ont juré de le faire rire.
Herman Van Rompuy s’est pris trop au sérieux dans sa mission d’explorateur. La plus grande discrétion fige ses traits. Un moment, on croit que c’est gagné suite à un léger rictus. Maria Savatoulemonde pourrait se sentir gagnante, mais elle estime que c’est le rictus du constipé et pas le rictus du pessimiste éléate.
Il semble qu’elle doive davantage payer de sa personne.
Peut-être devrait-elle donner à ses blagues une touche de sexualité ? Se mettre nue ? Faire un pet ? Les Flamands adorent les blagues qui tournent autour des vesses, surtout lorsqu’elles émanent d’un rustaud ardennais. Mais, Maria Savatoulemonde a des principes. Elle veut gagner à la loyale : un mot étranger à la gent négociatrice.
Elle abandonne l’almanach Vermot duquel elle avait extrait une blague que les Flamands apprécient habituellement : « Une prostituée de la Région wallonne est arrivée à Paris. Elle pleure dans un bar. Une prostituée française lui demande ce qu'elle a. Et elle répond: "Je viens de m'apercevoir que vous vous faisiez payer!".

zou.jpg

Le groupe est d’accord de ne pas expliquer la blague que Van Rompuy ne comprend pas. Un mauvais plaisant veut remplacer la prostituée wallonne par une flamande. Maria Savatoulemonde a beau expliquer que si la prostituée flamande parle le français comme Hermann Van Rompuy, elle ne serait pas capable de suivre une conversation dans un bar parisien. On essaie quand même sur le 2bis : rire communicatif. Hermann confond communicatif et communautaire. Il fronce les sourcils. Raté une fois de plus.
O se met en cartel, l’un fait le CD&V/N-VA et l’autre l’Open VLD, pris par le rôle, le groupe s’invective.
La morosité de Van Rompuy contamine les rieurs !
Les rires sonnent faux.
Mais de quoi peuvent bien rire les Flamands ? Du roi ? De la Belgique ? de Di Rupo ? de l’Escaut qui s’ensable ?
En désespoir de cause Maria Savatoulemonde sort un révolver d’un tiroir, le brandit sous le nez de Hermann et lui dit : « Tu vas rire, où je tire ! »
Cette fois Hermann qui a peur de perdre son poste de président de la chambre et son casque d’explorateur avec ses indemnités, esquisse un pâle sourire.
« Plus fort », gueule Savatoulemonde.
Hermann qui fit du théâtre dans sa jeunesse et du scoutisme à Sint-Genesius-Rode, se souvient du soir où il avait mis du crottin de cheval dans l’encensoir, alors que la troupe répétait à l’église paroissiale. Il jouait dans l’histoire du Saint curé d’Ars, le rôle d’un berger demeuré qui rie tout le temps. Pour sauver sa peau, il puise dans son fonds de commerce et rit aux éclats.
Maria Savatoulemonde et le groupe, soulagés, rient aussi ! Ouf, pari gagné !
Il manque à la politique actuelle : une certaine gaieté !

Poster un commentaire