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Attendez-vous à savoir…

Les statistiques, c’est comme la météo. On annonce qu’il va pleuvoir et il fait soleil. Enfin, sous nos climats, ce serait plutôt l’inverse (J’ai failli écrire l’averse).
Plusieurs dizaines d’années d’exercice de la statistique, aussi bien pour une crème à raser que pour publier la tendance de l’électeur avant son rendez-vous aux urnes, n’a pas encore trouvé dans la méthodologie, ni dans l’emploi de la juste question, une réponse scientifique satisfaisante. Si bien que cette manie des temps modernes, influence plus le lecteur qu’il ne le renseigne.
Si, dans un sondage publié en relation avec la vie parlementaire, on dit les socialistes battus avec dix sièges au moins sous la majorité de 72 sièges (chiffres fictifs), dites-vous que sans cette publication, peut-être bien que la perte eût été d’un siège, ou mieux que la majorité de 72 sièges eût été préservée.
On voit tout de suite l’intérêt de la manipulation dans ce genre d’exercice.
C’est pourquoi, plutôt que d’interdire des pratiques de sondage, il faudrait établir des règles déontologiques des procédures.
Les relations du sondé au sondeur sont des plus vagues et des plus fantaisistes. Le premier répond au coup de fil du second ou complète un formulaire et plus rarement, reçoit la visite d’un enquêteur.
Le sondé ressort d’un panel organisé en fonction d’une sociologie précise d’un type de population déterminé où s’équilibrent, les âges, les professions, les retraites et plus rarement le chômage et l’assistanat social. Sauf dans le cas d’un sondage sur un type de population, comme par exemple celle qui achète un objet de luxe déterminé, ce serait la société vue en équilibre entre les situations, les revenus et les âges. Ce qui est déjà une aberration en soi. Le Belge qui a une opinion moyenne sur tout n’existe pas et ce n’est pas en faisant la moyenne de mille individus qu’on la trouvera.
Selon le dosage catégoriel des sondés, on peut fortement varier les réponses à partir de la composition du panel des sondés. Le sondage par micro-trottoir est encore moins fiable. Si vous installez votre micro à la sortie d’un cinéma afin de connaître combien de fois le sondé va au cinéma par an, vous aurez une réponse qui sera différente si vous posez la même question à la sortie d’un stade de football.
Toute sorte de distorsions gisent dans la relation d’enquête. Ces distorsions, comment les connaître et surtout comment les maîtriser ?
Seul le professionnalisme exercé honnêtement permet de livrer des statistiques crédibles. Ce qui ne veut pas dire que des tendances ne pourront pas s’inverser ou fléchir. Les statistiques ne sont qu’une photographie du moment. Si on ajoute que cette photographie n’est ni cadrée, ni nette, on aura une approche réaliste de la valeur de la statistique.
Selon le regretté Pierre Bourdieu : « Comment prétendre faire la science des présupposés, sans travailler à se donner une science de ses propres présupposés ? ».
La difficulté reste d’apprécier les effets que l’on peut produire sans le savoir, en écartant d’office le manœuvrier qui travaille à la statistique non pas afin de connaître l’opinion, mais au contraire pour y projeter la sienne.

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L’enquêteur annonce les règles du jeu pour une partie dont les sondés sont en partenariat passif.
C’est encore lui qui détermine la nature du sondage avec son staff de direction, tout cela de manière unilatérale et sans préalable possible, puisque le sondé est en général écarté de la préparation et de la conclusion de l’enquête.
La simplification des termes allant jusqu’au simplisme est aussi un facteur linguistique qui réduit singulièrement la nuance et fonde directement le doute sur la véracité de la réponse.
Les catégories sociales qui sont atteintes avec un maximum d’efficacité aux réponses qui sont demandées par les enquêteurs sont par conséquent limitées. Pour l’étendre aussi largement qu’il se peut, il aurait fallu recourir à d’autres moyens que celui des questions/réponses, afin d’établir un rapport de confiance entre les parties. Pour approcher d’une tendance, d’un courant ou de tout autre développement d’une idée ou d’une action venant en même temps au plus grand nombre, il faudrait que l’enquêteur soit du même niveau social ou de la même ethnie que le sondé.
Et cela, c’est trop demander aux instituts de sondage.
L’essentiel des affaires que traitent ces instituts concernent des demandes des Conseils publicitaires d’entreprise et on voit bien que la marge d’erreurs varie très fortement.
Indépendamment de la publicité qui n’influence que les faibles d’esprit, le tort des Instituts de sondage est de se satisfaire d’approximations et ainsi de nous influencer, dans des sondages qui touchent à l’avenir des gens, à leur santé et à la politique de leurs mandants.

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