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Un traité déjà fameux

Ils sont forts nos représentants à l’Europe. L’ancienne proposition Giscard-Dehaene de Constitution pour l’Europe ne passant pas la rampe, que faire pour requinquer de l’ancien sous un nouveau look ?
C’est simple : il faut faire du Flaubert à l’envers !
On sait comme écrivait Flaubert, d’une centaine de pages, il n’en retenait que dix ou douze. Les eurocrates ont dit : faisons le contraire. Noyons le poisson dans un océan de formules. Un mot peut en cacher un autre, mais mille mots font tout et son contraire !
Du traité européen de l’académicien Giscard on retrancha les virgules qui fâchent, les fonds de pensée qui irritaient le fabusien discours, puis on demanda aux clercs des universités qui glandaient… d’orner l’inutile, de dissimuler sous les guirlandes ce qui blessa jadis.
La plus belle collection de cuistres qui se pût voir défila Rond-point Schumann.
Le résultat est encore plus grandiose que celui qu’on espérait.
C’est un pavé de 10 kg de papier ramené à un fort volume de 250 pages qui arrête net le lecteur dès le préambule.
Il est impossible de présenter un tel monstre en débat public.
Comment organiser un référendum sur une encyclopédie du lieu commun ?
En plus, le pavé de 250 pages n’est pas le document ratifié, il n’en est que le résumé !
Qui peut certifier de l’exactitude de ce qu’il contient et de sa traduction correcte dans toutes les langues de la Communauté ?
Il aurait fallu que chacun entrât en possession d’un exemplaire dans sa langue d’origine avec comme conséquence une possible déforestation pour nourrir les rotatives en papier !
A Lisbonne, un traité a été signé dont nous ne saurons jamais si c’est celui que les Etats signataires vont appliquer !
La démocratie est comme l’univers. Plus elle se dilate, moins elle s’explique.
Quand un journaliste en écrira, posez-vous la question de savoir s’il a lu ce dont il parle ?
Il se pourrait que des éditeurs du genre « Raeder digest » tentassent de faire tenir l’ouvrage en une douzaine de pages à l’usage des écoles. On sait madame Arena partisane de la sélection à outrance… Guerre et Paix sur un timbre poste à la mémoire de Gutenberg.
Quoi que l’on fasse, c’est un échec de la démocratie.
Plus les entités se diversifient, s’amplifient, se complexifient, plus la démocratie perd du sens.
La gauche de la gauche hurle déjà aux loups.
On va vers un hyper capitalisme à l’américaine. L’Europe s’écarte de plus en plus d’un socialisme humaniste dont elle a pourtant bien besoin, si elle ne veut pas courir le risque d’imploser un jour. Tout cela est probablement vrai.

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Certains courageux épouillent le monstre de ses parasites honteux, d’autres désignent les voies royales où le fric est roi.
On n’en sait rien. Pire, les dirigeants non plus !
Les spécialistes qui l’ont rédigé, l’ont écrit, en équipes. Aucune d’entre elles ne maîtrise la somme complète des chapitres de ce traité organisant le futur de 492,3 millions de personnes.
Alors, attendons-nous à ce que surgissent du parlement européen des clauses inattendues, des nominations incongrues et des directives inexplicables.
Sur les protestations des gens que le traité étrangle, nos organisateurs pourront protester de leur parfaite intégrité, et de leur haut sens de leur responsabilité en matière de démocratie.
-Mais, c’était écrit, voyons…
Reste la question de l’après coup de Lisbonne.
Il faudra bien quand même que le Traité, dans son intégralité ou pas, soit mis à la disposition de ceux qui n’achètent pas un chat dans un sac.
Comment va-t-on procéder ?
L’éditer et le distribuer gratuitement ? Le mettre en vente ? Le réduire à deux pages illustrées pour en farcir la tête des 50 millions d’analphabètes ? L’exposer dans les administrations communales sur un lutrin que chacun aurait le devoir d’approcher, pour feuilleter quelques pages de la bible de la nouvelle religion ?
Qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir inventer pour nous persuader que nous ne sommes pas victimes d’une mystification ?
On attend la suite…

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