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Philippe Moureaux a la mouillette.

Moureaux voit la faillite de l’Etat approcher à grands pas. Il suggère une nouvelle forme d’association avec les Flamands, celle qu’ils préconisaient et que pour des raisons séparatistes et définitives, ils ne veulent plus.
L’Etat changerait sa défroque fédérale contre des oripeaux confédéraux.
Ce serait l’ultime tentative avant l’abandon d’une Belgique à bout de souffle.
Qu’elle s’appelle patois, dialecte, les Wallons ont perdu dès 1850 l’occasion d’avoir leur propre langue en fédérant les parlers des régions des confins du monde latin. Que cela soit un bien ou un mal importe peu aujourd’hui. Il n’en demeure pas moins que c’est une perte d’identité, l’anéantissement d’une culture par ces élites.
Les Flamands, sans doute à cause de leur germanité, ont mieux résisté que nous au français. Ils ont été à deux doigts de succomber de la même manière que les Wallons. Les élites étaient francisées, les Lois et les administrations principales s’exprimaient dans une seule langue dominante. De Gand à Anvers, on ne pouvait diriger une entreprise qu’en français. En Flandre, il y avait une presse active dans la langue de Molière. La langue flamande n’existait pas. Les dialectes fleurissaient du Limbourg à Anvers. Les gens se comprenaient à peine. Il fallait recourir à la langue française pour les fines discussions à caractère scientifique ou philosophique.
Au contraire des élites wallonnes converties au français, certains intellectuels flamands s’indignèrent.
Une résistance farouche prit corps dans l’entre deux guerres pour s’affirmer à partir de 1945, jusqu’à former un noyau dur chargé de faire reconnaître la spécificité flamande. Ce n’était pas simple. Quand l’élite de Flandre rejoignit entièrement la cause flamande, il fallut fabriquer une langue de bric et de broc afin qu’elle soit comprise partout. Cet effort n’est pas terminé. Des incompréhensions perdurent. Qu’à cela ne tienne, on incorpora dans la langue des mots français un peu trafiqués. Ils y travaillent encore !
Les Flamands accomplirent une révolution silencieuse qui mérite le respect. Ils se sont défendus et ont fini par triompher d’un ennemi insidieux.
Peut-on les en blâmer, nous qui avons laissé filer nos dialectes qui remontaient au Haut Moyen-âge.
Seulement voilà, on ne peut pas du jour au lendemain tendre la main à qui voulaient les annexer. La Flandre n’est pas le Congo, ce vaste pays où existe tant d’ethnies et de langues que le français est nécessaire et fédérateur.
C’était une gageure de mêler deux peuples aux origines et aux sensibilités aussi différentes.
On pourrait croire que les Flamands vainqueurs se feraient bons princes et magnanimes et qu’ils cesseraient d’avoir peur de perdre une identité recouvrée à cause de quelques îlots de francophones dans un océan flamandisé.
Mais la peur ne se commande pas. En y cédant, les Flamands sont en train de commettre l’absurde péché intégriste. Les voilà sur le chemin du nationalisme le plus pointu, montrés du doigt et ridicules. Ils sont chez eux et déterminés à rester les maîtres, jusqu’à sombrer dans la folie du propriétaire qui tirerait à vue sur ce qu’il croit être des maraudeurs, des voleurs de sol !
Ils ne sont pas cartésiens. Ils n’ont pas lu les pages que Jean-Jacques Rousseau consacre à la propriété . La chanson de Brassens des « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » n’atteint ni leurs clochers, ni leurs beffrois.
Quand les journaux titrent que le Bruxellois Philippe Moureaux semble s'être fait une raison, on se demande laquelle ? Si c’est celle qui consiste à reprendre ce qu’on avait repoussé naguère, ce confédéralisme dont on ne voulait à aucun prix, c’est trop tard.
Tout est beaucoup trop tard.
Les partis flamands sont peut-être encore en-dessous de la volonté de la population flamande à rompre tous les liens avec la francophonie.
Le processus fou qui s’est engagé ne peut pas s’interrompre d’un claquement de doigt. Ce qui est démentiel met un temps infini à guérir, quand ça guérit…
Le complexe de la tache d’huile francophone qui s’étend, pensent-ils encore, n’est pas un simple trouble passager. Il est profond. Il est obsessionnel.

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De raisonnables, ils sont devenus délirants.
Moureaux sonne le tocsin pour les francophones. C’est inutile. La maison s’effondre. Reste aux francophones à tirer les conclusions qui s’imposent. Peut-être même trouvera-t-on du bois de rallonge le 15 juillet ? Pour combien de temps et en laissant sur le carreau les valeurs auxquelles on ne se peut défaire sans faillir gravement.
Pour une fois l’Europe n’est pas inutile.
Elle nous aura évité la guerre civile.

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