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Nanar, sévèrement burné.

On crut à une filariose pathogène gonflant exagérément le scrotum de Tapie. Le Tribunal vient de rendre ses testicules à César. Bernard Tapie est bel et bien sévèrement burné.
On en avait douté après que le Crédit Lyonnais l’ait pigeonné comme un vulgaire client de guichet
Voilà que la Justice lui donne raison. Et c’est toute la psychologie des directions des banques qui vient en filigrane s’insérer dans le triomphe de Bernard.
Il y a vingt ans, Tapie portait beau, la ramenait à tout propos, se faisait reluire à la télé, enthousiasmait les foules. Le charisme de Nanar réhabilitait l’homme riche.
Son métier consistait à racheter des entreprises, à redonner de l’espoir aux gens, puis après avoir prélevé sa dîme, d’envoyer à la ferraille, ce qui ne pouvait pas être revendu.
Ce que font la plupart des businessmen, à commencer par nos compatriotes, honorés, décorés et révérés. Qu’un comédien, un faiseur, un arriviste les surpassât, était une atteinte à la tartuferie d’un milieu qui aime que seule la moquette soit le témoin des entourloupettes.
C’est ainsi que si vous voulez savoir le fin du fin sur ce qui se passe actuellement chez FORTIS, vous pouvez toujours vous lever tôt et lire les gazettes, vous aurez quand même tout faux.
Après bien des canards boiteux dont il faisait ses confits, Bernard s’empara d’Adidas juste à point pour un redressement et des profits. Il manquait quelques millions à notre homme. Qu’à cela ne tienne, on lui ouvre un compte. C’était un attrape-nigaud. La banque alla jusqu’à vouloir jeter le bien burné de son domicile, en le mettant en demeure de rembourser sans délai !
Après 13 ans de démêlés avec le Crédit Lyonnais (SDBO, filiale, et Clinvest, Conseil), la banque va lui verser 240 millions d'euros, au titre de manque à gagner, et une autre indemnité de 45 millions d'euros au titre du « préjudice moral » dans le dossier de revente d'Adidas.
Après soustraction des dettes et impôts que l’insolvabilité de Nanar avait laissés en souffrance, il empocherait une vingtaine de millions d’euros, recouvrerait sa carte de crédit et son honneur.
Les attendus font rire, tant ils vont de soi : « un manquement à l'obligation de loyauté avec un défaut d'information et une violation de l'interdiction de la banque mandataire de se porter contrepartie en achetant directement ou indirectement le bien qu'elle est chargée de vendre. »
L’homme de gauche s’est rapproché de Sarkozy. Faut-il y voir la raison de son succès ?

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Le manque de loyauté, c’est l’essence même de « savoir faire des affaires », c’est-à-dire gagner de l’argent sur le dos des autres.
Le milieu bancaire est pareil à l’arrière salle d’un bar où les maquereaux, après la comptée des passes des putes, discutent le coup en jouant aux cartes. Seuls le cadre et les fringues ne sont pas les mêmes. Le langage est moins imagé. Le résultat est identique. Certains soirs, un malchanceux est proprement égorgé. Ches les maquereaux, c’est le julot qui plombe le rival au P38 ; à la banque, c’est l’intermédiaire de l’intermédiaire qui connaît quelqu’un qui… bute le gêneur. Bien entendu les sphères supérieures n’en savent rien. .
Le sévèrement burné a failli tomber dans la gadoue. Il a quand même été quelques temps en tôle. Mais ce type, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, a toujours rebondi, en commissaire Valence ou en funambule de n’importe quoi dans la variétoche et les oeuvrettes intermédiaires.
Le milieu des affaires s’est foutu de sa gueule. On lui avait bel et bien pris son blé. Un geste qui ne se pardonne pas chez les affranchis. On a pris Bernard pour une lopette.
L’homme n’a pas supporté cette humiliation ajoutant le déshonneur à sa ruine.
Il aurait fait merveille dans le film « Touchez pas au grisbi ».
On s’était rendu compte de sa pugnacité, quand « ministre de la Ville », il avait dérouillé Jean-Marie Le Pen, au cours d’un débat public.
Cet homme-là n’allait pas se laisser écraser les burnes sans rien dire.
Toutes ses avanies, Nanar les a surmontées. Il a eu raison de ses collègues en coups fourrés. C’est la banque qui s’est offert une vocation de cave. Il n’y a plus qu’à signer les transferts, ces bouts de papier avec une ribambelle de zéros.
Bernard n’ira pas tout de suite au guichet, il devra attendre fin juillet, histoire de permettre au plus mariolle : l’Etat, d’éponger le plus gros.
Côté Belgique, on se souvient des raquettes de l’équipementier Donnay, du personnel énamouré devant le Bernard et comment l’artiste les a lessivés.
Voilà Nanar requinqué. Il va pouvoir se faire masser les valseuses, remonter son hôtel particulier des meubles qu’on lui avait saisis et se remettre à roucouler le blues du businessman.
Le pognon tout de même !

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