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Quelle crise ?

Depuis que 5 kilos de cerise valent un lecteur DVD on peut se poser la question d’un bouleversement total des prix à l’orée d’une crise économique et financière globale.
Non pas que ce seul fait déclanche une sorte d’apocalypse, mais parce qu’il est l’annonciateur de quelque chose d’inédit que certains économistes tentent de minimiser, parce qu’ils sont payés pour ça, mais que d’autres estiment et redoutent.
Pas que des cerises, à Cleveland, patrie de Rockefeller, suite au sale coup des subprimes, il y a des milliers de personnes expulsées de leur maison (1 maison sur 10 abandonnées), en cause les taux variables risqués.
Ce dont les laudateurs du système ne se vantent pas : Londres a dû renationaliser une banque pour éviter que sa faillite n’entraîne des faillites en cascade. Bush, demande au patron de la réserve fédérale, d’aider J.P. Morgan pour le rachat d’une entreprise sur le point de sombrer à cause des subprimes. Avec les millions de dollars versés pour ce rachat, il aurait pu sauver les milliers de propriétaires de l’expulsion, en les dégageant de leurs hypothèques. Il ne l’a pas fait, évidemment, c’est aussi ça le régime capitaliste.
On voit bien par là que le « principe » de la non ingérence de l’Etat dans la libre entreprise, c’est aussi une vaste foutaise pour les capitalistes. Ils s’y entendent dans leur rôle de pompier… mais, dans le seul but de préserver les quartiers chics.
Depuis 1997, c’est-à-dire sur onze ans à peine, nous avons subi cinq crises économiques qui s’imbriquent, au point de se demander si la titrisation (1) que nous vivons ne correspond pas depuis les débuts de la tragédie à l’effondrement magistral que l’on estime possible, par toutes sortes d’imbrication, comme des galeries de mine dont les plus anciennes par leur effondrement, sont responsables des délabrements des galeries plus récentes.
1997 : la première crise de la série est asiatique. La suite aura de graves conséquences sur les autres. En 1997, on pense que les pays émergents ont de l’avenir, ce qui est vrai si nous voyons l’extraordinaire montée en force de la Chine. Mais comme celle-ci est fermée aux rapports extérieurs, on se rabat sur la Thaïlande, Taïwan, Singapour, Hong-Kong. Ces pays peuvent croître par eux-mêmes à condition de leur faire crédit. Les prêts à court terme affluent. Au lieu d’investir dans l’ensemble des industries, les classes dirigeantes détournent une partie des fonds et s’achètent des propriétés, des produits de luxe. L’argent facile coule à flots. La bulle immobilière grossit, puis les investisseurs s’inquiètent. Trop tard, la bulle éclate faute de pouvoir rembourser. Le Bath s’effondre. La crise se diffuse…
1999, c’est la crise des taux de change. Avec 5 milliards de fonds, une banque prend position pour 1200 milliards ! La mode est à la gestion alternative, une gestion de portefeuille appliquée par certains fonds d'investissement dits « fonds alternatifs » ou « fonds de couverture », ou en anglais hedge funds. En bref, ce sont des investissements souvent considérés comme risqués.
Mais, comme à chaque fois, l’appât du gain est le plus fort. La spéculation va bon train. Les profits sont énormes. Les plus prudents s’enhardissent. Et c’est le plongeon.

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L’an 2000, c’est la révolution numérique sur INTERNET. Netscape Navigator est un navigateur Internet ayant dominé le marché au milieu des années 1990 mais qui ne résista pas à son concurrent Microsoft Internet Explorer. Il est édité par la société Netscape Communications Corporation, faisant maintenant partie du groupe Time Warner. Combien de petites affaires ne se sont-elles pas emballées au vu de ce nouveau secteur avec une méthode d’évaluation qui ne se calculait plus sur l’acquis des sociétés mais sur leurs projets, sur leur avenir, c’est-à-dire sur du vent ! C’était un nouveau Far West. On montait une entreprise sur quinze jours. On la revendait le mois suivant. Les résultats aléatoires ne découragèrent personne dans les débuts…
Si les médias ont un peu oublié (la mémoire est courte en économie) Alan Greenspan, économiste et homme d'Etat américain, par contre on se souvient toujours chez les francophones de Jean-Marie Messier, météore de la finance, l’homme qui voulut racheter des studios et des films de Hollywood !
Puis, c’est 2001 avec Enrron, ses patrons voyous et le défilé de coupables d’escroquerie à la collection d’années de prison, ce qui n’efface pas les torts qu’ils ont causés aux clients et au personnel. Ces forbans étaient à la tête d’une entreprise qui produisait et vendait de l’énergie : gaz et électricité. Comme tout se négocie, pour grossir, ils ont eu l’idée de ne faire que le courtage. Ils ne produisaient plus qu’en sous-main, et ils se mirent à trafiquer les bilans pour attirer des capitaux frais.
En 2008, la crise se diversifie, s’enfle de la dangerosité d’une mondialisation qui propulse à l’avant-plan les producteurs de pétrole qui ne savent que faire de leurs fonds souverains. La rémunération de l’argent ne se fait plus à la « vertu » comme on dit dans les milieux boursiers.
Les problèmes se globalisent. Le modèle économique que nous avons vécu arrive à sa fin.
La crise mondiale ne fait pas que des perdants. Un nouvel ordre financier se dessine pour l’horizon 2010.
Nous devons changer de modèles économiques, nous n’avons plus en Europe qu’une carte à jouer : celle de l’intelligence et de l’innovation. Ce sera l’économie de la connaissance ou rien.
Aux crises alimentaire, financière, pétrolière, boursière n’ajoutons pas celle de l’Europe politique en ignorant le social.
Enfin, entre vous et moi, des vœux pieux !
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1. La titrisation est une technique financière qui transfère à des investisseurs des actifs financiers, dont des créances (factures non soldées, prêts en cours, etc.), en diversifiant les sources de ces créances. Les banques les transforment en titres financiers émis sur le marché des capitaux. On voit le risque et aussi le profit qui peuvent se dégager de ces pratiques devenues courantes.

Commentaires

Nous n'aurons pas encore d'abricots cette année

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