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Retour acide…

Suis revenu en Belgique avec un sentiment de saturation (où que j’aille, c’est toujours moi que j’emporte dans mes bagages).
Sur les bords de l’Arno, l’œuvre d’art semble n’avoir pas tempéré l’incroyable engouement pour des vacances à ne rien faire, à ne pas penser et même à ne pas vagabonder… si les Japonais n’allongeaient pas les files de la galleria degli Uffizi, .
Plus au Sud, fuyant les déserts du travail, de l’ordre et des gestes à faire, le touriste gît immobile sur des plages de sable gris. Les nouvelles reçues d’un Nord pluvieux se dissolvent dans l’eau de mer avec les mégots.
Le détachement s’apprend aussi vite que l’engouement est factice. Arriver à l’indifférence est facile, s’en sortir est plus dur.
Les expatriés de la quinzaine sont convaincus qu’il ne se passera rien d’intéressant en Belgique et que Leterme est un has been.
L’actualité paraît moins urgente. C’est comme si la bêtise de la situation politique se diluait dans la couche primaire du Bronzino peignant la sublime Lucrezia Panciatichi. Le voilà ce fatal 15 juillet tant redouté. En léthargie pour cause de trêve des huiles à bronzer, la virulence est remise aux calendes.
Qu’importe, les faits sont têtus et l’esprit flamand, même en camisole de force, n’a pas fini de secouer les barreaux de nos chambres capitonnées. Effrayé par les traumas profus d’une dame Houard au sommet de son incantation patriotique, on sent l’angoisse de Cosme 1er, quand il arpentait le Corridor de Vasari au-dessus des toits du ponte Vecchio, proche de celle de l’inventeur du couloir de Bruxelles.
A moins qu’un hurluberlu de la N-VA ?...
La situation sur les routes (25 kilomètres de bouchon minimum) est de bonne augure pour que la suite des palabres de la rue de Loi se fasse dans la plus stricte confidentialité.
C’est fou comme l’absence d’intérêt pour une certaine actualité déconcerte les acteurs du spectacle politique ! Ils rejoignent les artistes qui disent si souvent « sans le public que serions-nous ? ».
« Mais rien, vous n’êtes rien », répondrions-nous, si dans le creux de la vague, il prenait la fantaisie à un larbin des pouvoirs de nous interviewer.
Certains ténors n’ont pas attendu septembre pour coincer dans des contre-ut devant des salles vides.
C’est moins mortifiant de rater une marche quand personne n’est là pour rire.

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Les dirigeants de FORTIS en savent quelque chose.
Les barons des Conseils d’administration ne seront montrés que d’un index distrait.
La perdition, dans l’immensité vague d’une crise mondiale de l‘économie, permet aussi de quitter discrètement la scène en emportant de solides enveloppes qui consolent de tout, vers des aires de repos qui ne sont pas d’autoroutes
Pas folle la guêpe patronale et directoriale, elle est à la fois l’insecte et l’apiculteur. L’ersatz est pour le petit porteur. La piqûre de la guerrière pour le petit con qu’on vire du guichet désormais fermé, après les ménagements d’un geôlier sur l‘heure de sa pendaison.
Peu importe, en sortant de Santa Croce, sur la place du même nom, je ne me suis pas senti défaillir comme l’auteur des mémoires d’égotisme. La vision, de ce Christ endommagé par les eaux de l’Arno des crues de 66, n’a pas provoqué le malaise chic que j’aurais dû ressentir au génie de Cimabue. Par contre, j’ai éprouvé le syndrome de Stendhal à la feuille de laitue agrémentée d’une cuillerée d’«Aceto balsamico » et d’un soupçon de thon en boîte, 25 euros facturés au malheureux pèlerin de la beauté plastique.
L’émotion à l’italienne réserve quelques surprises.
C’est donc assoiffé de beautés à découvrir que je reviens à nos génies belges, aux statuts plus généreux que ceux qu’un Médicis offrit à Michel-Ange.
L’inégalité des mots, depuis que j’en écris, me sidère !
Par exemple, « Ma mère m’a dit Antoine fais-toi couper les cheveux et j’ai dit à ma mère dans vingt ans si tu veux » a permis à ce garçon de se promener en chemise à fleurs, dans les lagons bleus des vacances éternelles, jusqu’à la fin de ses jours.
Ce qui entre bien dans la règle générale : « Il faut parfois faire peu, pour en ramasser beaucoup ». Ce que n’a pas encore compris avec votre serviteur, une multitude que le destin a précipitée dans l’immoralité du système ; mais que suivent à la lettre les dirigeants de FORTIS et autres machins industrieux.
Alors, j’en ai fait peu. Je ne suis pas le seul. Hélas ! quel ciseau taillera le Carrare pour un nouveau David ? Quel plume tracera un texte comparable à « Ma mère m’a dit Antoine, etc » ?

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Et alors et alors : "Zorro est arrivé........." dorebul

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