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Histoire de vider son sac.

On rentre. Bon. On est rentré, et alors ?
C’est peut-être le moment de parler télévision.
Pendant les vacances on a été servis, de rediffs en rediffs on n’a rien vu ou si peu de neuf que c’est à se demander pourquoi il n’y a pas un petit mariolle qui enverrait ses personnels en vacances au mois de janvier et qui pèterait le feu en juillet et août ? A lui la forte audience et les parts de marché !
C’est une sorte d’accord tacite entre privé et public, ils savent bien qu’ils sont sans concurrence. C’est hors de portée d’un innovateur fou de télé de créer une nouvelle chaîne sans d’importants capitaux et un accord gouvernemental.
Alors, c’est à prendre ou à laisser. On laisse, bien entendu, complètement dégoûté… et on y revient, poussé par une fatalité inexplicable.
Les remaniements dont on entend les échos en vacances ne bouleversent que les assidus et les fans de tel mirliflore qu’on dégomme ou d’une telle « grande artiste » qui fait son entrée. Même les accros finissent par se dire que cela ne sert à rien de changer les têtes, puisqu’on ne change pas la manière.
A croire que ces gens sortent des mêmes écoles, comme des mêmes coiffeurs. Un peu comme nos politiques ont « fait » avocat ou sciences politiques.
Les gros appétits du pouvoir ne vont pas s’éclipser dans le va et vient inter saisons. On oublie souvent que les directions sont immuables. Le fonds de commerce est celui des privilégiés de la fortune. Ils y poussent leurs pions et côtoient les créatures d’autres réussites, celles-là politiques. Ce petit monde se connaît, s’appelle par le prénom, se tutoie et se rend des services.
On l’a vu avec d’Arvor qui se croyait éternel.
Il n’était pas du premier cercle. C’est tout. Son erreur était de ne pas le savoir. Pour un journaliste de l’information, c’est un comble. A ce point de vue, on a eu raison, dans la logique de ces gens-là, de le licencier par manque de respect pour la hiérarchie (désigner par « petit garçon » un Nicolas Sarkozy, cela a pesé lourd)
Les chaînes déjà anciennes – je pense à RTL – qui poussent leur petit dernier en ayant l’air de nous dire que celui-ci sera un peu plus frondeur, un peu plus indépendant, se moquent des téléspectateurs. La formule change à peine. C’est surtout dans l’économie des moyens qu’on sent la différence. Sitôt lancée, la chaîne nouvelle rêve de faire du TF1 avec beaucoup moins de sous, d’arnaquer le public aux audiences, services public et privé confondus. On veut intéresser d’abord celui qui vend des paquets de poudre à lessiver, avant l’autre imbécile qui regarde d’un œil rond les effets miracles du produit sur la propreté de caleçons qui sortent de la machine dans leurs plis.
Très vite, on va revoir le modèle classique. Les gens de télévision sont formatés dans les mêmes moules. Les audiences conditionnent les choix. Pas de problème, c’est le feuilleton américain qui passe en tête. On se bat pour passer les séries policières produites à Hollywood. C’est rapide, bien torché, personne en Europe ne sait faire ça.

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Ciblé, le téléspectateur moyen rend les armes. Du métallo au cadre moyen, il adore. Vous pensez si le travail d’esprit, le rire fin et le culturel ont une chance ! Pas la moindre. Et comment le pourraient-ils, quand on contemple les QI en vitrine des prétentions démesurées.
Si même de bons écrivains posent à la FNAC et écrivent ce que vous leur suggérez, rien que parce que vous avez acheté leurs livres, alors pourquoi pas la foule des anonymes qui fait de la télévision ?
Tout ce qui touche à l’esprit demande un effort. Les gens de télévision ont compris que cet effort est apparemment de trop et qu’il faut en soulager la clientèle.
Ils s’y emploient, faut-il le dire avec un certain succès.
Umberto Eco prétend que : «la télévision abrutit les gens cultivés et cultive les abrutis». C’est loin d’être la vérité. La télévision rend idiot tout le monde.
A commencer par votre serviteur.

Commentaires

Y avait quand même une excellente pièce de Goldoni et excellemment jouée ce mardi soir sur la Une...

Et sur ARTE "13 journées dans la vie de Pablo Picasso" de Pierre-André Boutang, Pierre Daix et Pierre Philippe, il y a de cela quelques jours.

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