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L’école : creuset de la démocratie.

Inquiétante rentrée aussi au niveau scolaire.
On chercherait en vain dans la presse de cette pré-rentrée une quelconque information sur les besoins de l’enseignement, tant au niveau du matériel, de la revalorisation nécessaire des traitements des profs, que de l’adaptation des programmes au monde d’aujourd’hui.(1)
C’est à croire que les querelles entre Communautés soient les choses les plus importantes que nous ayons à régler.
Eh bien ! ce n’est pas le cas. La chose la plus importante concerne l’avenir des jeunes qui passe par la scolarisation selon les moyens intellectuels de chacun.
Jusqu’à présent seuls les riches dans des écoles sur mesure pouvaient se le permettre. Pourquoi pas aussi ceux qui sont à la base de la richesse générale dont les enfants valent bien les leurs ?
Certes, nous aurons droit d’ici à la rentrée à quelques réflexions amères, orientées sur l’inadaptation des formations à la réalité professionnelle, une manière pour la droite fascisante d’adapter les jeunes cervelles aux besoins de l’industrie, sans se soucier des vocations et des désirs personnels de nos enfants.
Personne dans les rédactions ne se sentira le cœur d’en critiquer la pertinence, de sorte que ce reproche d’un courant venu des Flandres préoccupera prioritairement l’enseignement wallon.
Si tout l’enseignement ne va pas à vau-l’eau, c’est uniquement dû à la conscience professionnelle de nos enseignants, au courage qu’ils montrent tous les jours à donner le goût du savoir à une jeunesse désorientée, manipulée et inquiète. Ils le font – pourrait-on dire – gracieusement si l’on veut bien tenir compte des heures qu’ils passent en-dehors des cours à sauver ce qui peut l’être et si l’on compare cette somme de travail à leur modeste salaire.
Avez-vous déjà vu un avocat ou un médecin travailler à titre gracieux ?
Pour remonter la pente, il est nécessaire de redonner aux femmes et aux hommes qui enseignent une autorité et un prestige que le Pouvoir éducatif leur a fait perdre depuis la lutte pour les quotas, la veulerie des directions d’école vis-à-vis des parents, des ukases du pouvoir administratif et de la politique laxiste de la Région wallonne.
Une école qui se désagrège, c’est une école qui n’offre plus les moyens aux profs de se faire respecter, un pouvoir qui oublie de pourvoir les classes en matériel : de la simple éponge du tableau noir, à l’ordinateur de qualité.
Viennent ensuite les programmes !
Il n’y a pas pire enseignement que celui qui consiste à passer dans le même moule des dizaines d’intelligences différentes, de sorte qu’il oublie des intelligences trop spécialisées. Nous perdons chaque année des milliers d’enfants qui se seraient volontiers intéressés à certaines activités et qui ne le peuvent pas puisque nous n’entendons former que des médiocres, c’est-à-dire des élèves qui ont la moyenne dans TOUTES les disciplines.

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Ce massacre ne pouvait se passer que dans de vastes regroupements d’écoles-casernes où l’individu ne compte pas. Cette opération se poursuit. Le pouvoir s’en réjouit. C’est dire comment et par qui nous sommes conduits !
L’Université en est le triste sommet. Formés de la même manière, ornés des attributs célébrant le triomphe de l’économie de marché, décorés de la même issue pour les belles réussites, nous n’avons plus dans nos élites que des gens poursuivant une carrière, se préoccupant de leur statut, et ne désirant rien d’autres que confort et reconnaissance. Ainsi, nous manquons d’esprit curieux hors des sentiers battus, ce qui est un comble pour une école qui doit former des chercheurs dans toutes les disciplines, et pas seulement scientifiques.
Les programmes sont tels, que nos programmateurs ne peuvent être qu’à leur image : d’indécrottables nullités !
On le voit bien dans la belle collection d’avocats et d’économistes qui ne sont pas fichus dans nos gouvernements d’innover et qui nous ont conduits à l’abîme devant lequel nous sommes.
C’est à partir de la sixième primaire que les programmes déraillent et que les profs font ce qu’ils peuvent pour en atténuer les mauvais effets.
On voit bien ce que le Gouvernement souhaite en matière d’enseignement. Un enseignement souple, adapté en suivant la dérive de la société, dans ses besoins et ses appels d’offre immédiats. Ainsi, se néglige la part essentielle de l’enseignement, celle qui concerne la formation humaniste, celle qui ne ferait pas de nos enfants des robots ou des révoltés, mais des femmes et des hommes sensibles et critiques, pouvant jouer partout un rôle.
Quand on lit les circulaires de nos responsables (la pire a sans doute été Marie Aréna), on est surpris de la ténacité avec laquelle ces responsables ont poussé l’enseignement à l’économie, à la radinerie extrême, sans aucune perspective d’ouverture vers ce que l’enseignement devrait être : la source d’un épanouissement individuel .
Sur le même temps qu’éclataient les budgets consacrés aux traitements et aux salaires des personnels politiques et de hautes administrations, c’était assez cynique !
Alors, que nous aurions souhaité voir s’accomplir l’inverse : il n’est rien de trop beau pour des écoles qui sont les ferments de notre futur. Et sans évidemment jeter l’argent par les fenêtres, quel ne serait pas avisé un Etat qui privilégierait d’abord l’enseignement, source de ce que nous serons demains ! L’effet premier serait l’arrêt de la croissante et inquiétante délinquance juvénile. Le retour, en quelque sorte au goût de la démocratie et d’une morale collective que nous avons perdus pour celui du profit.
Revenir à l’essentiel : la formation dans une harmonie humaniste, est tellement évident, qu’on se demande si ces gens, pratiquement tous universitaires, sont réellement intelligents !
Sinon, poussés par les bas instincts, l’amour de l’argent et l’amour du pouvoir, ils ne seraient là que pour nous réduire à une masse informe, malléable et corvéable.
N’est-ce pas criminel que de voir l’avenir de nos enfants dans les mains de ces super cuistres ?
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1. Un monde fort différent de celui qu’on croit en Haut lieu.

Commentaires

L'analyse est plus ou moins correcte mais les conclusions le sont moins, quant aux solutions, il n'y a en pas, comme d'habitude dans tes billets.
Oui,je connais des médecins et des avocats qui travaillent gratis, mais bon...
Ceci dit, tu n'as pas mis le doigt sur la seule cause de ce foutoir qu'est l'enseignement (et tu sais que je ne parle pas des profs), à savoir la fameuse "Paix scolaire". Si nous n'avions qu'un seul enseignement officiel et laïc, nous n'en serions peut-être pas là. Mais toucher à la "Paix Scolaire", personne n'en parle jamais. Et c'est "la" solution.

Mon cher Tounet,
Si je n'ai pas parlé des 2 écoles, c'est parce que la fusion qui serait possible avec un accord des cathos, justifierait la poursuite de la concentration scolaire dans des casernes d'enseignement. La solution passe d'abord par un dialogue entre les profs et les Autorités de tutelle, avec à la clé, des budgets en proportion des enjeux.

Voilà ce que j'apprécierai : L'école forme des hommes libres, des citoyens qui ne s'en laissent pas conter mais qui entendent qu'on leur rende des comptes. (Condorcet)
Et voilà ce que je trouve que nous avons : L'éducation est le moyen le plus efficace dont dispose une société pour former ses membres à son image. (M. Halbnach).
Je pense plutôt à "formater" de bon petits soldats bien obéissants. Non ?

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