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Léonard Zélig II

-Monsieur Slip vous êtes cité parmi les vingt plus grosse fortunes au monde. Votre réussite est due à quoi ?
-C’est grâce à Féodorov Ropzov.
-C’est qui ce monsieur ?
-Un marchand de diplômes de Piter (1). Tout vient d’une de ses erreurs. Je lui avais acheté pour 100 roubles un diplôme de Harvard, et cet abruti avait compris Howard.
-Et en quoi cette confusion vous a-t-elle été favorable ?
-Cela m’a permis d’entrer chez Mortis bank. Sinon, avec Harvard, j’étais bon pour un gros machin et j’aurais dû attendre 20 ans pour devenir chef de service.
-Alors que là…
-Au cœur de la magouille tout de suite. C’est le vicomte Cro-Magnon qui le dit sur ses affiches : « il faut prendre tout avec humour ».
-Vous les avez séduits ?
-Les frères Mortis, sont pareils au Cro-Magnon de l’affiche. Si vous croyez qu’avec une gueule comme le vicomte, on peut faire de l’humour… Les Mortis ont l’avantage du nombre.
-Avant d’entrer plus avant dans votre réussite, pourquoi vous êtes-vous octroyé un diplôme de chirurgien-économiste ?
-Justement parce que cela n’existe pas et que j’avais le souvenir du salaud qui a opéré ma mère, qu’il a ratée du reste, et qui était entouré d’une petite cour d’étudiantes. Il fallait voir comme il recevait les gens, comment on s’aplatissait devant sa superbe. Je m’étais fabriqué une tronche de premier de la classe sur son modèle. Les frères Mortis ne sortaient plus de chez les avocats. Ils ont compris tout de suite que je pouvais en imposer à la meute.
-Et économiste ?
-Fallait bien qu’à Washington au Howard, j’aie appris les rudiments de la banque pour entrer chez Mortis.
-Comment êtes-vous devenu l’actionnaire principal ?
-Les Mortis voyageaient régulièrement sur les Caïmans. Ils partaient les valises pleines de biftons des clients qu’ils escroquaient. Ils étaient en cheville avec un tas de personnes – je ne vais pas donner des noms, puisque certains m’ont connu adjoint socialiste au maire de leur ville. Mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai balancé une lettre anonyme aux autorités. J’ai eu du bol, celui qui a pris l’affaire n’était pas arrosé par les frères.
-On les a incarcérés ?
-Non. Ils ont réussi à rejoindre leur planque. Ils m’ont télégraphié des instructions des îles Caïman. Ils étaient tricards. Impossible de rentrer, les flics au train… Comme j’étais au gouvernail pour un bout de temps, au bout de six mois, la banque Mortis devenait la Slip-Mortis bank.
-Bank à cause de votre parcours américain ?
-Of course. J’ai été conseillé chez les Républicains.
-C’était parfaitement légal ?
-On ne peut plus limpide…
-Ce n’était qu’un début ?
-J’ai revendu pour me lancer dans la titrisation, les hypothèques foireuses, les intérêts à haut rendement. Toujours comme l’autre sur l’affiche, le vicomte Cro-Magnon, avec sourire et bonne humeur.
-Vous l'avez écrit dans votre livre "On n'attache pas son chien avec des saucissses"...
-Entre-temps Féodorov Ropzov mariait sa fille à un pétrolier ami de Poutine. J’étais invité à Piter, plein aux as, pas tant que le gendre. On a signé un contrat, j’ai pris un nom d’emprunt Viscount du Pont. J’ai quitté la titrisation. Une folle me poursuivait avec un révolver sous prétexte que son mari s’était suicidé à cause de moi… des drames inutiles…
-Et à présent ?
-Je traite d’Etat à Etat. Un magazine people fait courir le bruit que je suis le fils naturel de Benoît XVI quand il était artilleur dans la Wehrmacht. C’est classe. J’arrose bien quelques hauts personnages, mais je double mon patrimoine cette année. On va fêter ça avec Vladimir prochainement.
-Que pensez-vous de la crise ?
-Il y a encore moyen de s’en mettre de côté, ça devient plus difficile, les relations belges sont les plus coûteuses. Le vicomte à raison les cocus manquent d’humour. Voyez-vous qu’ils viennent à trop réglementer les marchés !

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-Vous seriez en difficulté ?
-Non. Pas du tout. Je peux travailler avec Chavez quand je veux. J’ai le billet d’avion…
-Mais la pauvreté, qu’en faites-vous ?
-Moi ? Je la déplore, comme tout le monde. Mais si nous n’avions pas des pauvres, où serait l’intérêt d’être riche ? Je vous le demande ?
-Vous ne redoutez pas un jour que cela se termine mal ?
-Tout est possible, quoique les clients sont convaincus que les banquiers sont des pourris mais que le système est propre. Or, s’ils sont pourris, c’est parce que le système l’est davantage. Et puis, mis sur la paille, je pourrais toujours faire chirurgien.
-Mais vous ne l’êtes pas !
-Vous croyez que celui qui a raté ma mère l’était ?
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1. Saint-Pétersbourg.

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