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La tanière du blaireau

Au contraire des grandes villes européennes, les villes de Liège, Charleroi et Bruxelles perdent chaque année des habitants.
La périurbanisation se poursuit malgré la crise et un vieillissement de la population. Cet habitat loin des Centres n’ira pas demain sans problèmes de moyens de transport, de commerce de proximité et de difficultés à nouer des contacts à l’occasion, par exemple, d’une perte d’emploi.
Que deviendront ceux que la crise va appauvrir et qui se trouveront peut-être sans voiture, sans médecin et sans marché, sur des routes en bordure des champs et loin des villages ?
L’exode urbain est diversement apprécié et qu’il soit voulu ou accepté, il ne va pas sans être la cause d’inégalités sociales.
Sans faire un trop grand éloge de la ville, elle peut donner à chacun l’illusion d’un mélange des langues et des cultures dans une coexistence des différences.
Elle est un lieu de rencontre et un des moyens de nouer des liens avec les autres.
La ville est un refuge où les exclus semblent moins vulnérables, comme ils apparaissent moins visibles et plus solidaires.
La liberté d’aller et venir, d’entrer dans des Associations, d’y faire des études, d’y voir des spectacles donnent aux citadins la sensation qu’ils acquièrent à son usage différentes formes d’égalité qu’ils ne pourraient avoir dans les campagnes.
Le droit d’habiter en ville, c’est celui de participer à ses commodités et à ses richesses, pas seulement économiques, mais aussi culturelles, sans négliger les services publics et les terrains de loisirs et de promenades.
Ceci n’est pas médire de la campagne, c’est un constat au moment où les temps sont en train de changer la donne et transformer d’une certaine manière des retours à la campane comme une erreur, et parfois comme un cauchemar.
Bien sûr, les maisons anciennes et les villas neuves avec parcs et fontaines ne vont pas être dépossédées de leurs charmes, pour autant. Pour certains vivre à la campagne sera toujours une façon de vivre bien supérieure à la ville sans ses bruits, ses pollutions et ses fureurs, malgré les événements qui se précipitent.
Ce sont les citadins ayant décidé de vivre au plus près de la nature, qui seront demain moins nombreux à pouvoir le faire dans des conditions maximales de confort, en même temps que certaines catégories sociales s’éveilleront au chant du coq avec l’angoisse d’avoir de moins en moins les moyens d’y rester.
Nos villes se sont appauvries des exodes constants des citadins vers les campagnes. La qualité de vie s’y est détériorée par l’urbanisation de profits et le massacre de quartiers entiers sous prétexte d’urbanisation et de commodités nécessaires comme les autoroutes et récemment l’immense gare des Guillemins qui a détruit des rues entières.
Dès les années cinquante Liège s’est transformée, on ne sait dire en quoi, tant les projets se sont succédés sans qu’une cohérence architecturale apparaisse.
Le sommet de la confusion et des dégâts fut le trou de la place Saint-Lambert qui n’a pas toujours trouvé de solution entre les places du Marché et Saint-Lambert.
Le massacreur en chef, le bourreau d’un ensemble citadin qu’il fallait restaurer plutôt que détruire fut le libéral Destenay, dont l’effigie orne toujours un semblant de square.

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Bientôt, en fonction des circonstances, les villes vont retrouver toutes les utilités que l’on croyait perdues. Pourront-elles répondre à un reflux de la population vers elles ?
Le Droit à la Ville est lié aux droits fondamentaux du logement et de l’emploi.
Les grandes Villes de Wallonie, défigurées comme Liège, n’ont pas été préparées pour le grand retour.
Le Centre ville est particulièrement déserté par les habitants par la faute des commerces qui ont transformé les étages en désert ou en taudis, sans oublier la cupidité des entrepreneurs secondés par les pouvoirs publics qui ont massacrés l‘habitat ancien au lieu de le réhabiliter, comme des villes flamandes l’ont fait intelligemment.
C’est une constance, la qualité du logement est la mesure par laquelle s’estime l’exclusion sociale ou l’intégration objective.
Faute d’une politique du logement adaptée, les habitants sans grands moyens qui résistent à l’expulsion vers des habitations sociales périphériques, logent dans des kots d’étudiant ou en petit appartement, dans des conditions souvent déplorables.
L’endroit où l’on vit est le marqueur d’une reproduction de la pauvreté et de l’exclusion sociale, comme de l’aisance et de l’espace privilégié.
La saison des malheurs est largement avancée et rien n’est moins sûr que le droit de se loger dans la dignité sera réhabilité, quand le plus clair de la population subit le déplorable système économique qui jette dans la rue de plus en plus de gens.
Les squats ont l’avantage d’exposer le problème au public. Mais c‘est le seul. Les conditions de vie y sont épouvantables. La dignité humaine y prend un coup.
A force de voir les pouvoirs publics voler au secours des banques en oubliant les gens, on risque de voir un jour les gens voler au secours d’eux-mêmes en oubliant les pouvoirs publics.

Commentaires

Comme ce que vous dites est vrai.

Qui dira le merveilleux silence des nuits à la campagne ?
Même avec des orties dans le jardin.
Qui dira la crainte d'aller au Churchill à 8 h. du soir ?
Qui dira le plaisir de rouler 2O kms en vélo à plat en ne rencontrant que des vaches , des chevaux ?
Ah , si on est citadin, on aime la ville, si on est de la campagne, on y tient terriblement aussi, comment faire alors quand on est des deux, on les apprécie à leur juste valeur puisque l'herbe est toujours plus verte à côté.

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