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Un avenir nidoreux.

Bel essai confirmé, cet élan des Ecolos pour sauver Reynders de l’opprobre du plan qu’il avait mijoté avec Leterme. Les Ecolos se montrent ainsi sous un jour pas très reluisant. Une opposition verbale sur des arguments solides, puis dès qu’au MR on murmure que le seul accord possible dans le futur, c’est avec Ecolo, voilà que les verts se mettent à rêver !
On sait dorénavant à quoi s’en tenir sur l’opposition d’Ecolo. L’envie d’en être un jour était trop forte. Javaux ministre au fédéral ? C’est à présent presque certain après les élections de juin, quand Van Rompuy procédera à un « léger » remaniement du gouvernement.
On peut penser ce que l’on veut de Reynders, mais il est loin d’être stupide dès qu’on touche à son ego qui ne fait qu’un avec sa carrière. Il a vu dans cette démocratie d’apparence, que le mensonge bien dit avec l’accent de la vérité emporte l’assentiment général, le trémolo étant réservé aux incantations modulant la phraséologie touchant à l’emploi.
C’est l’engouement irraisonné d’une société incapable de percer à jour nos faiseurs de pluie qui prévaut. La société belge s’enfonce dans l’abrutissement d’un Centre-droit à l’image de l’Europe, dans la lâcheté d’un confort qui pourtant va lui échapper.
A ce compte-là, Leterme n’avait nullement besoin de démissionner.
Peut-être bien que Leterme n’était à son corps défendant qu’un honnête homme, mais un mauvais acteur.
Par contre, Reynders est doué. Quoique tout le jeu de l’acteur soit intérieur. On ne discerne rien sur le mastic d’un visage inexpressif et rarement souriant, car l’artiste sait que son rire n’est pas photogénique et qu’il tient plutôt de la grimace. Son jeu s’apparente assez à celui de Michel Bouquet, tout en retenue et conflits intérieurs entraperçus par éclair. Cette fugacité est précieuse au théâtre dans la subtilité des pièces fortes. Rue de la Loi, c’est le masque habituel !
C’est Bartholo du Barbier de Séville, acte I, scène VII, souvenez-vous « Quand une chose est vraie ! Si je ne veux pas qu’elle soit vraie, je prétends bien qu’elle ne soit pas vraie. Il n’y aurait qu’à permettre à tous ces faquins-là d’avoir raison, vous verriez ce que deviendrait l’autorité. »
Le Centre mou est unanime : Didier Reynders ne doit pas démissionner.
On sait bien que les mauvais perdants - et il doit en être un si l’on se rappelle les suites de son échec pour s’approprier le maïorat à Liège – ne partent pas comme ça. Ils crient, ils rameutent, ils jettent des anathèmes et entraînent avec eux la parentèle et le parti dont ils se réclament.
Les journaux (Le Soir) nous expliquent ce qu’il ferait si on poussait Reynders vers la sortie.
Le MR serait-il un parti de godillots ? Sans doute n’est-il pas capable de faire ce qu’a fait le CD&V. Leterme ne convenait plus, ils l’ont remplacé par Van Rompuy. Pourquoi le MR ne saurait-il en faire autant ?

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Le Soir achève sa démonstration : « Totalement impensable alors que le dossier Fortis est béant. Alors que la tempête souffle sur les marchés financiers. Alors, surtout, que les effets de la crise vont se traduire par des dizaines de milliers de pertes d'emploi, des fermetures d'entreprise, des budgets dans le rouge… ».
Vous avez bien lu « des dizaines de milliers de pertes d'emploi » ; la décision de renflouer les banques avait justement été l’argument principal de Reynders pour ouvrir le crédit de l’Etat au privé et sauver l’emploi !
Inconséquence des décideurs ! C’est le plus mauvais ministre des finances que nous ayons eu depuis longtemps, celui qui jusqu’à présent a tout raté, à qui on demande de la maturité afin de gérer une crise que l’on s’accorde enfin à trouver sans précédent, alors que septembre dernier on la présentait comme passagère, et c’est cet homme qui va nous rester sur les bras, incapable, arrogant, sûr de lui, dédaigneux en diable, bref, celui qu’il faudrait éviter à tout prix !
Bien entendu, si c’est comme ça que les décideurs voient l’avenir, autant effacer les traces du passé récent et notamment ses séquelles : la fameuse Commission qui aurait pu mettre le doigt sur les incompétences et les fautes du ministre des finances et l’amener à quitter le pouvoir, Stephan De Clerck pense qu’il faudrait la suspendre, voire la supprimer.
Voilà bien la Belgique : des mauvais acteurs, un public médiocre et un théâtre à l’acoustique en défaut.
Annie Le Brun, fais-moi rêver, je retourne à ta poésie. Heureusement que tu existes !...

Commentaires

Tu te trompes quand tu dis: "le pire ministre des finances"; c'est le meilleur ministre des finances libéral que nous ayons eu depuis longtemps (aimable avec le possédant et fanatique du "tout-marché")...Un peu d'honnêteté...Quoi?

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