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Des goûts d’ailleurs.

A se demander si je suis fait comme tout le monde ?
Je m’attribue le syndrome de Münchhausen en m’automutilant moralement de peinture et en hurlant dans les tribunes avec les autres, dans le but de leur ressembler.
Peine perdue, je ne parviendrai jamais à me passionner pour le football !
Surtout en ce moment où les comptables des deux grands clubs qui briguent le championnat rêvent de deux matches supplémentaires, histoire de gonfler les trésoreries.
Non, mille fois non, le foot ne me dit rien.
Je ne dis pas que courir après un ballon dans une prairie est ennuyeux. Gamin, je l’ai pratiqué, cela me donnait des couleurs et une saine fatigue ; mais payer pour voir vingt-deux types faire la même chose est au-dessus de mes forces.
Ce n’est pas une question d’argent. Si on paie cher ces sportifs, c’est que derrière les crampons, une foule sort ses biftons – et pas qu’un peu – aux guichets des stades. Alors, comme dirait Reynders, supporter obligé du Standard pour raison électorale, pourquoi pas payer le prix qu’il faut afin que l’on conserve chez nous des vedettes ?
Non. C’est uniquement par manque de goût pour le spectacle.
Par mauvais esprit, dans mon for intérieur, j’imagine que l’actuelle compétition est truquée !...
Rendez vous compte, un « mano a mano » pareil, quand l’un fait match nul et que l’autre a toutes les chances de gagner et qu’il finit par perdre, de sorte que les deux reviennent à égalité des points, c’est à se demander si on ne se retrouve pas sur la pelouse de l’Olympique de Marseille au temps de Bernard Tapie !
Sans l’oser pouvoir dire tout haut de peur de me faire lyncher, pourquoi ferait-on cela ?
Dans le seul but de ménager le suspens jusqu’au bout, pardi ! Cela s’est vu par le passé, sous-entendu que les recettes supplémentaires ne seraient pas à dédaigner.
Je sens que je file un mauvais coton et que je vais perdre des lecteurs.
Ce n’est pas tout bénéfice de penser tout haut.
D’autant que les « Statistics for Richard III » me crient casse-cou ! Les jours de stade, mon blog est déserté. Si en plus j’engueule ceux qui s’absentent pour cause de matches, autant mettre la clé USB sous le paillasson de la souris, m’acheter un baby foot et m’entraîner à aimer en grand ce que j’essaie de maîtriser en petit.
Ne me le dites pas, je le sais, je me déçois moi-même !
En attendant le week-end sportif comme tout le monde, je pourrais tresser des couronnes aux troupes vaillantes du Standard et d’Anderlecht qui sauront dimanche soir s’il y aura un extra dans la saison. Au lieu de ronchonner, je devrais passer en boucle l’instant de l’année dernière où Papa hurlait sa joie d’être « rouche » beaucoup plus à Sclessin qu’au Parlement wallon.

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Eh bien ! non, cela ne me vient pas. Je me demande si je ne suis pas une mauvaise graine ? C’est bien possible après tout quand on fait la liste de tout ce que je n’aime pas…
J’emmerde le supporter par mes soupirs. Et il a raison de m’en vouloir. Voilà le drame. Au lieu d’encourager à vivre la merde dans laquelle on est avec bonheur et délectation, je fais le difficile et ne peux m’empêcher de faire la moue à la vue du caca des arguments sportifs.
J’invite les autres à dégueuler comme moi. Je ne peux pas me faire à l’idée que, bien préparée par les médias, la merde c’est délicieux ! Que les foules l’ont toujours digérée au point d’en redemander !
Asocial, c’est le mot.
Comment faire pour aimer la merde comme tout le monde ?
Peut-être que dans mon enfance, ma mère m’a-t-elle retiré trop vite du pot m’empêchant d’y plonger un doigts ? A-t-elle trop rapidement changé mes langes souillés refusant que je m’y vautrasse ?
Les témoins de mon drame ne sont plus là pour me le dire et me tirer de l’embarras où je suis de ne pas aimer ce que les autres adorent.
Dimanche soir, on saura tout. L’avenir d’un peuple sera scellé !... enfin, c’est ce à quoi je devrais m’habituer à entendre des reporters haletants.
C’est dire si je fais des efforts.
Au lieu de cela, il m’arrive par bouffées des pensées sinistres. Je compare la foule en délire à ces bancs de maquereaux qu’on pêche au filet et qu’attirent les falots, et je vois la scène en nocturne autour d’une pelouse éclairée par les arcs puissants des spots sur pylônes.
Au lieu d’espérer les demi-dieux déboulant des vestiaires avec l’impatience fébrile du mec qui attend que le mari de la voisine se tire pour aller tringler sa femme, je me rêve à baigner dans les égouts de la ville parmi les papiers gras et les déjections.
Je vous promets, demain je vais consulter Bacquelaine de Chaudfontaine. N’a-t-il pas parmi ses nombreuses casquettes, celle de médecin des sports ?
Voilà l’homme de la situation. Je veux qu’il me fasse aimer le sport de compétition comme tout le monde.
Juste ce qu’il me faut : un faux-cul parfait pour m’apprendre à vomir mon nouvel enthousiasme avec discrétion.

Commentaires

Ha ha! Du grand Richard...:)
"Non, les braves gens n'aiment pas que(ue...)
L'on suive une autre route qu'eux!"
Et si une bonne partie des supporters pensait au fond comme toi mais n'oserait pas le dire, à la façon des courtisans admirant les habits neufs de l'Empereur nu...,pour faire comme tout le monde?

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