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Fric, sexe et politique.

Assez curieusement, Pascal Vrebos et RTL, ce dimanche, ont traité à leur manière un sujet sur lequel j’avais planché vendredi dernier en le grossissant, comme à mon habitude, pour en faire ressortir le côté singulier. A savoir la représentativité du citoyen en politique par un vedettariat venu d’autres horizons que celui des partis et usant d’un capital de sympathie antérieur pour se faire élire.
Sur le plateau, rien que des gens sérieux, surtout des journalistes qui finirent par se quereller comme leurs mentors d’opinion… sur le cumul des mandats !
A croire que la fonction crée les vices inhérents au parlementarisme à l’occidentale. Nous voilà prévenus, cet apport de « sang frais » issu pour la plupart du journalisme ne sera en rien différent de celui du parlementarisme classique, jadis « sang frais d’avocats », puisqu’ils ont déjà intériorisé les tics des aînés !
Peut-être eussions-nous apprécié davantage les prestations people des recrues de Jean-Marie Dedecker ? Sans doute Vrebos a-t-il reculé devant l’alternative ?
Bien sûr, ces speakerines ont encore de beaux yeux et de beaux restes, mais elles n’ont pas le sourire ravageur et le décolleté meurtrier, comme nous les rêvions qu’auraient possédés les créatures de Jean-Marie !
Les médias ne sont jamais aussi timorés que dans le scandale du vrai. Et peut-être les miss du LDD étaient-elles plus authentiques que les « gloseuses » de RTL. Cela, nous ne le saurons jamais.
L’idée d’user de sa notoriété acquise ailleurs n’est pas neuve pour réussir dans un nouvel emploi..
Alcibiade, en grec ancien Ἀλκιϐιάδης né à Athènes vers 450 av. J.-C., mort à Melissa (Phrygie) en 404 av. J.-C., neveu de Périclès, en est un exemple frappant.
Ami de Socrate, ayant mille dons et ce qui ne gâte rien, d’une grande beauté et d’une belle fortune, avait tout pour jouer le play-boy et en même temps avoir un rôle important à Athènes.
Les plus beaux chevaux, en nombre et en qualités, ses couleurs triomphaient sur l’hippodrome. Les femmes s’arrachaient la faveur d’être de celles qui comptassent dans sa vie.
Dedecker l’eût préféré à son professeur d’éducation physique. On l’eût comparé à Rocco Siffredi, c’était la recrue rêvée pour le PS, friand de coloriage et de particularités physiques. On l’eût parachuté à Huy, commune en déliquescence où il eût effacé le désastre Lizin. Et qui sait ? eût joué un rôle de giton à la présidence même !
Cet homme était fait pour la politique spectacle, ce qu’il fit et – vertu des Anciens – finit par être dénoncé afin qu’il mourût en exil, comme il convenait à l’époque.
Victime des « affaires » tel n’importe quel échevin de Charleroi (le rapprochement est tout à fait approprié et n’est nullement une lèche à Olivier Chastel, censeur), il est instructif de voir poindre à l’aube des démocraties, le plus grand danger qui les menaçait déjà !.
C’est Thucydide qui nous le prédit : « Les successeurs de Périclès trop égaux entre eux, et incapables de s’imposer par une nette supériorité, en vinrent à flatter le peuple : ils aspiraient à la première place et ne se montraient pas capables de la conquérir sans luttes serrées. Aussi, tous les moyens leur furent-ils bons. »
De là à poigner dans la caisse afin de régaler la clientèle, il n’y a qu’un pas qu’Alcibiade, bien avant nos héros modernes, franchit allègrement.
Déjà 2419 années avant notre système parlementaire, la poursuite d’avantages personnels, passait avant la préoccupation du bien public.
Et nous voudrions que nos industriels de la politique fussent honnêtes !
Bien entendu « les affaires » depuis ce temps ont changé de nature. Les scandales d’Alcibiade, même s’il fut un gentil escroc bien habillé et tout, fils de… prestigieuse famille, ce n’est pas sur une poignée de pièces d’or qu’il fut forcé à l’exil, mais pour des motifs religieux.
Nos démocraties ont quand même éliminé Dieu des parcours risqués, sauf que des incidents à propos des foulards pourraient nous le faire resurgir.

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D’une époque à l’autre, rien ne semble avoir vraiment changé.
Elles semblent toutes montrer la permanence de la tentation de considérer la caisse publique comme un bien propre.
On pourrait penser que du temps d’Alcibiade, les vertus civiques dispensaient d’un salaire et qu’il fallait bien que l’élu se rattrapât sur les à-côtés.
Aujourd’hui, grassement payé, le pouvoir n’a pas l’excuse du dénuement pour nous voler selon l’expression d’une boniche d’étage « pour se faire de la gratte », multiplier les mandats et négocier âprement les petits bonus que sont les jetons de présence dans les différentes sociétés dans lesquelles l’Etat est représenté.
C’est donc sous le seul impératif de l’avarice et de l’appât du gain qu’il faut situer la faillite de nos démocraties par l’âpreté de ses personnels.
Alors, la démocratie de tous les temps serait-elle d’une certaine manière victime de l’esprit capitaliste qui souffle sur la marmite ?
Cela se pourrait bien.

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