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A l’école des cons.

Le MR et l’UMP ont ceci en commun qu’ils défendent le système libéral ; mais, de façon faussement asymptotes, pour se rencontrer dans une société cloisonnée et immobile.
L’exemple le plus éclairant tient en deux discours, celui de Nicolas Sarkozy et celui de Louis Michel.
Le président de la République hier, à Versailles, a fait un discours que même son opposition qualifie d’intéressant, et sa majorité de remarquable.
Admettons que ce n’est pas demain qu’un ministre belge pourrait en faire autant. Nos excellences ne viennent pas du Siècle des Lumières et n’ont pas la science du beau langage, même s’ils sont rompus à la langue de bois. La flamandisation de la langue française y est pour beaucoup.
Sur la crise, Nicolas Sarkozy a été clair, contrairement aux économistes de plateaux de télévision,
1. la crise est grave elle n'est pas terminée et nous ne savons pas quand elle le sera ;
2. il ne faut pas relâcher notre vigilance pour soutenir les plus fragiles ;
3. la crise n’est pas une parenthèse. L’erreur fatale serait de croire qu’à l’après crise tout redeviendrait comme avant ;
4. un tel séisme appelle une remise en cause de nos valeurs ;
5. nous devons imaginer un autre avenir ;
6. nous devons nous rassembler pour mettre l'économie au service de l'homme et non l'inverse.
Qui ne pourrait souscrire à ses vérités, qu’elles soient de la bouche du Président ou de celle d’Olivier Besancenot ?
On sait bien, évidemment, connaissant l’homme, qu’il est coutumier du fait. Entre le discours qui appelle aux trémolos pour la Patrie en danger, et la réalité économico-politique, il y a un abîme que les Français connaissent bien et qui commence par le SMIG à un peu plus de mille euros.
Tout cela est ficelé dans le texte de Henri Gaino, la plume de l’Elysée, très littéraire, très léché, mais dans le genre véritable fourre-tout de l’argument et son contraire. Comme on dit en philosophie : thèse, antithèse et… foutaise.
On peut créditer Sarkozy de croire à ce qu’il dit. Mais on doute de sa sincérité lorsqu’il s’agit d’appliquer sur le terrain et de façon pratique le contenu du discours.
C’est là qu’il rejoint le MR dans une égalité de traitement de la raison discourante, alors que le MR, si l’on n’a pas perdu patience à écouter Louis Michel, part d’un autre concept.

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Pour le MR et Louis Michel, le discours nie presque toutes les affirmations sarkozyennes.
1. la crise est surmontée. Elle a fait moins de dégâts que celle de 1929. Dès 2010, l’économie va repartir :
2. pour soutenir efficacement les plus fragiles, il faut encore plus de libéralisme ;
3. Nous progressons par bonds entre les dépressions, celles-ci sont nécessaires parce qu’elles récompensent ce qui marche et condamnent les canards boiteux ;
4. il ne faut surtout pas toucher à nos valeurs, au contraire, il faut les conforter dans ce qu’elles ont fait de bien pour l’économie ;
5. l’avenir passe par de légères retouches qui sont nécessaires afin d’améliorer l’ensemble ;
6. nous devons nous rassembler pour mettre l’homme au service de l’économie, qui ne repartira qu’à cette seule condition.
Inutile de dire que de l’UMP au MR la divergence de vue n’est que dans le discours. On sait qu’après, tout est fonction des pressions que les acteurs de l’économie exercent sur le pouvoir politique qui finit par se plier aux exigences multiformes du libéralisme économique.
Pour en finir avec le Mouvement Réformateur, on ne sait pas ce qu’il serait advenu des libéraux si Reynders avait effectivement tapé sur le même clou que Louis Michel lors de la campagne électorale du 7 juin. Je doute que cela eût changé la donne.
Le discours de Louis Michel , son « counter-attack » ne résiste pas une seconde à l’examen. Ses six points contredisent les six points de Sarkozy. Celui-ci est un réaliste, il sait bien qu’il ne faut pas trop sortir des rails, même s’il conduit un train fantôme.
Louis Michel ne le sait pas ou feint de l’ignorer, ce qui est pire.
On peut douter qu’il soit vraiment un con, mais je sais que ce qu’il dit est une connerie.
A moins, que cette connerie venant après les élections et l’échec de Reynders, soit en réalité une salve tirée contre le vaisseau amiral dans l’espoir de tuer son capitaine. Alors, ce ne serait plus une connerie, mais une vilenie.
Si quelqu’un a une autre explication ?

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