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Osez Joséphine !

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-Solal et Ariane ! Je t’en ficherais de la Belle du Seigneur et ouvrage couronné par l’Académie, en plus !
Non, je ne trouve pas à la question « qu’est-ce que l’amour ? », répondre : Albert Cohen !
D’abord les onze cents pages sont imbuvables, illisibles, grotesques et ensuite, c’est l’histoire d’un marlou qui a usé de son pouvoir de chef pour exiler le mari afin d’approcher la femme plus à l’aise, une sombre affaire d’abus de pouvoir dont on a, un jour ou l’autre, été victime, car on est toujours victime dans ces cas-là.
La chair est faible. C’était superflu d’envoyer le gêneur au diable vauvert. La victime ne l’était pas tant que cela, pour tout dire elle était consentante. Solal et Ariane enfin seuls, ne le furent que l’espace de leur passion (quand même quelques années), le temps d’une crise de jalousie de Solal découvrant qu’avant lui, outre le mari, Ariane avait eu une aventure. Comme quoi voilà un mec assez gonflé pour reprocher à sa maîtresse d’avoir succombé à des charmes antérieurs aux siens ! Enfin, petite touche romantique, le suicide à l’éther, la seule scène qui vaille puisqu’on est sûr que sans les deux amants, il n’y a plus d’histoire !
Je donne sans hésiter tout Cohen pour les six pages du chapitre VI de l’Education sentimentale de Flaubert, la scène d’adieu entre Frédéric et Madame Arnoux.
Que de blabla à propos de l’amour, notre époque en est toute botoxée ! Les baisers d’une femme qui s’est fait des lèvres de canard sous prétexte que la mode a des impératifs à un homme qui pour les mêmes raisons porte un soutien gorge comme cela fait fureur à Tokyo, est proprement hallucinant.
Le besoin d’être aimé dans le couple est un état de faiblesse. L’état amoureux le prolonge. Surtout au début, quand l’état amoureux est fait de désir. Là-dessus, des sexologues nous expliquent ce que nous sommes et ce que nous ferons, au vu de ce que nous avons fait.
Helen Fisher distingue le désir sexuel, l’attachement et l’amour proprement dit. Il ne lui est pas venu à l’esprit qu’on pouvait cumuler les trois en une seul !
A la question « sommes-nous égaux en amour ? », comme dans le domaine du social, il y en a qui s’en tire toujours mieux que les autres. Dans le cas de certains martyrs, comme la Belle et la Bête (Leprince de Beaumont), la Belle avait fini par être convaincue qu’on ne pouvait être un monstre avec une tête de Lion, quand on parlait aussi galamment aux dames, sans être victime d’un sortilège. Cocteau avait traduit au cinéma la pensée de l’auteur en exhibant les fesses serrées dans un haut-de-chausse, d’un Jean Marais dont il était épris.
Rostand n’a pas donné pareille chance à Cyrano qui paya son amour d’une tuile sur la tête au dernier acte.

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Le croirait-on ? La plupart des liaisons vues par Léautaud sont faites de « laissés pour compte » qui se rencontrent et trompent ensemble leurs regrets.
Il y a de la vérité dans la réflexion du solitaire de Fontenay-aux-roses. On choisit souvent un partenaire par défaut. Encore que le terme choisir ne soit pas des plus appropriés.
Qui se ressemble s’assemble, n’est plus tout à fait vrai, depuis qu’on divorce comme de boire un verre d’eau.
Notre époque nous établit dans le précaire, travail, sentiment, affinités…
Quant à savoir si en dehors des chansons à dix balles, l’amour rime avec toujours, celui de Baucis et Philémon, fut éternel. C’était du temps de Jupiter ! C’est dire comme l’eau du Styx à couler depuis.
Il paraît que les statistiques font foi : le cycle amoureux est implacable. Il est de 3 à 4 ans.
L’amour ne suffit plus à remplir une vie de joies merveilleuses ; par contre, je suis certain qu’il pourrait suffire à la remplir d’une foule d’emmerdements.
L’homme est inconstant et infidèle. La femme qui revendique encore l’égalité dans certains domaines, n’a pas à revendiquer la parité sous ce rapport là. Elle l’a depuis longtemps.
La contrariété dans l’état amoureux laisse des séquelles. Arthur Schnitzler est formel « J’ai entretenu des relations fort différentes avec mes maîtresses, la plupart e’entre elles m’étaient indifférentes, quoique certaines me furent antipathiques. Je n’en ai haï qu’une seule, ce fut la grande passion de ma vie. »

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