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Les dégâts collatéraux de l’amour.

-Mon père a une Porsche !
-Le mien, une église !
-T’habites dans une église ?
-Non, c’est là qu’il travaille.
-Qu’est-ce qu’il fait ?
-Ma mère m’a demandé de ne pas le dire.
-Pourquoi ?
-Si je te le dis, tu ne diras rien à personne ?
-Promis !
-Il est curé. Mais je ne le vois pas souvent.
-C’est comme le mien. Il va, il vient.
-T’as demandé à ta mère pourquoi ?
-Oui, c’est un homme important, qu’elle m’a dit.
-Les hommes importants ne sont jamais là ?
-En tous cas, c’est vrai pour Langue de velours.
-C’est qui, Langue de velours ?
-Mon père. Ma mère l’appelle comme ça.
-Il a une langue en tissu ?
-Non, mais elle ne l’appelle pas toujours Langue de velours.
-Il a plusieurs noms !
-Quand elle est fâchée, elle l’appelle l’enfoiré.
-C’est pas comme chez moi, mon père et ma mère s’entendent bien.
-Naturel. On ne sait pas se disputer avec un curé.
-Pourtant, elle n’aime pas quand il met sa robe.
-Il s’habille en femme ?
-Parfois. Il est intégriste.
-C’est quoi ?
-C’est des curés qui vivent à l’ancienne mode.
-J’aime mieux être le fils de Langue de velours que d’un curé !
-Et moi, j’aime mieux être le fils d’un curé que celui d’un enfoiré.
-…puis, il a une Porsche… Le tien, je parie qu’il n’a qu’un vélo.
-Une moto, qu’il a le mien.
-Une grosse ?
-Non, une qu’on se salit pas avec.
-Le mien, me prend dans sa voiture. L’autre jour, il roulait trop vite. On nous a arrêtés. « T’inquiète, qu’il m’a dit, mes PV je les fais sauter ».
-Je vais jamais sur sa moto. Ma mère dit que c’est trop dangereux.
-Dis plutôt que ton père est gêné d’avoir un fils, quand on est curé.
-Tu parles ! Et le tien, pourquoi il est jamais chez toi ?
-C’est un secret de famille.

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-Comme moi, ma grand’mère sait pas qu’elle va à confesse chez mon père !
-Ils doivent rigoler, le soir, quand il raconte ce que la vieille a dit !
-Le soir, il reste pas. Sa servante est très jalouse. Elle l’attend au presbytère.
-C’est pareil pour le mien, avec son autre famille, sauf qu’il reste quelques jours, puis on ne le voit plus pendant une quinzaine.
-Qu’est-ce qu’il peut bien faire ?
-Pendant qu’ils étaient au lit, j’ai ouvert sa serviette. Il y avait des tas de billets attachés par paquets.
-Des liasses qu’on dit.
-Je crois qu’il fait gangster.
-Non, puisqu’il s’arrange pour ne pas payer ses amendes. Le mien fait plutôt dans la petite monnaie. Ma mère est gênée quand elle sort ses cents à la caissière du Delhaize.
-C’est un faux-monnayeur !
-Ils sont vraiment différents !
-Heureusement qu’on les voit pas tous les jours !
-Mon père, tout curé qu’il est, a dit à ma mère qu’il ne croyait pas en dieu !
-Langue de velours va à la messe tous les dimanches !
-…Mon père est socialiste !
-Ma mère dit que le mien est comme Reynders, il vote libéral, mais pour avoir un euro de lui, tu peux toujours courir…
-Parfois, quand elle a le cafard, ma mère dit qu’elle va aller le dénoncer à l’évêché !
-La mienne, depuis quelques temps, est plus heureuse quand mon père ne vient pas. Elle se maquille et revient tard toute gaie.
-J’en ai marre que tous les gens l’appellent « mon père », alors que c’est le mien.
-Qu’est-ce qu’on peut faire, nous ?
-Les grandes personnes appellent ça l’amour.
-Je te jure bien qu’on ne me verra jamais amoureux.
-Je te comprends…

Commentaires

ben! l'amoure c' une bonne chose mé elle a des dégats si on ne choisis po un bon mec pacque les mecs sont trés danjeureux

ben! l'amoure c' une bonne chose mé elle a des dégats si on ne choisis po un bon mec pacque les mecs sont trés danjeureux

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