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La montée des inégalités.

Quoique toutes les couches de la population s’étaient associées pour défaire l’Ancien Régime, très vite une nouvelle société rétablit les privilèges au sein même de la démocratie naissante, en les répartissant entre les différents acteurs de la propriété et de l’industrie.
Ce qui fit dire à Bonaparte « Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent ».
Cela n’a guère changé depuis, même si dans le discours, il y a des trémolos à l’évocation des misères du peuple.
Le désir d’égalité n’a jamais cessé depuis la Révolution française, pourtant le tournant pris par le néolibéralisme à la crise de 2008 est un obstacle supplémentaire qui s’ajoute aux autres.
Voilà six mois que l’on sait dans les milieux politiques qu’il va falloir trouver des sommes considérables, et qu’on ne peut les trouver que dans les catégories sociales inférieures, pour la raison bien simple qu’on a largement distribué au système bancaire des ressources qui auraient pu être plus utiles ailleurs et qu’on ne va pas reprendre ce qu’on a donné si aisément.
Parce que la multitude est la moins défendue par ceux qui la représentent, et que cet argent perdu lui serait revenu nécessairement, ce qui ne se fait pas en système capitaliste.
Tout l’appareil d’Etat, toutes les richesses engrangées par la bourgeoisie, de la propriété foncière aux capitaux placés, sont les piliers d’un système économique auquel on ne touche pas sans prendre des risques énormes d’instabilité financière et de fuite des capitaux.
La gauche aujourd’hui ralliée au libéralisme économique ne le veut pas, au même titre que les autres partis.
Les pauvres ne sont pas capables de se fédérer. Le dernier effort de rassemblement qui s’ébaucha en Wallonie fut la révolte contre la Loi unique de Gaston Eyskens. Le mouvement s’essouffla place Saint-Paul à Liège, lorsque devant vingt mille grévistes assemblés, André Renard renonça à marcher sur Bruxelles.
Peu importe ses raisons, on devine que l’opinion s’était retournée à la suite d’une adroite propagande libérale. Il n’y avait guère de chance que les grévistes transformés en émeutiers par les gazettes allassent plus loin que le plateau d’Ans où la gendarmerie les aurait décimés.
Car, c’est ça notre démocratie.
Sous les oripeaux se cache un monstre qui ne reculerait devant rien, allant jusqu’au meurtre en agitant l’intérêt collectif, alors qu’il n’a jamais défendu que les intérêts d’une bourgeoisie, absolument décidée à ne pas partager hors de l’entre soi.
Les ministres eux-mêmes ont organisé des fuites afin de nous tester sur les coupes à faire dans les différents secteurs où le pouvoir va sabrer au nom d’un retour à l’équilibre en 2015.
Le mazout, l’enseignement, les taxes écologiques sur les bagnoles, l’impôt foncier, notre esprit est travaillé par toutes les rumeurs. Quand la fatalité de payer la facture de la crise nous aura pénétré l’esprit, nous serons mûrs pour l’impôt imaginé par les partis tous ligués contre nous.

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Le pouvoir économique aura soufflé au pouvoir politique la ligne de conduite que ce dernier poursuivra jusqu’au bout en disqualifiant la contestation de ceux qui conservaient encore l’illusion que l’égalité entre les hommes était possible.
Les Etats qui veulent attirer les entreprises et les capitaux conduisent inévitablement les partis à généraliser en Europe la compétition fiscale, antisociale et foncièrement inégalitaire.
Les impôts sont mal répartis, d’autant qu’à cette pression s’est associée une politique d’austérité, le patronat s’efforçant de généraliser le contrat de travail précaire, s’est vu secondé par les gouvernements dans un programme social d’austérité.
Les revenus du capital ont alors explosé par la libre circulation des avoirs, permettant de concurrencer jusqu’aux entreprises d’Etat qu’on dénationalise à l’échelle de l’Europe.
La spectaculaire pression sur les prix du lait à la base permet que des bénéfices plantureux soient possible dans la chaîne de distribution sans qu’aucune voix ne s’élève pour dénoncer le fait que le travail en bas de l’échelle n’est plus raisonnablement rétribué.
Dans la post-industrialisation que nous vivons, le capital tend à devenir immatériel. Le travail a perdu toutes les valeurs qu’il véhiculait. Les marchés lui préférent la spéculation. De sorte qu’à peine cette crise terminée, une autre lui succédera et il ne faudra pas attendre dix ans.
On a ri - les socialistes les premiers – de la théorie de la lutte des classes de Marx.
De la manière dont on gère actuellement les masses d’argent qui circulent sans qu’elles aient derrière elles un savoir, une industrie, des gens au travail, on est en droit d’y voir un retour à la situation de la société de laquelle Marx tira ses réflexions.

Commentaires

Petit lapsus, ce n'était pas Jules, mais André Renard, place St Paul...

Petit lapsus, ce n'était pas Jules, mais André Renard, place St Paul...

Exact. Je rectifie. Merci.

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