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Révision pour les fêtes.

Il faut s’y faire, les deux réveillons se déclinent en heures d’efforts de politesse. Les convives y chassent les bons mots à bâton rompu, sans thème précis, nourris par l'ambition de « tuer le temps » !
La conversation à bâton rompu consiste à sourire aux choses les plus banales. Ça ne s’apprend que sur le tas. Pour que cela ressemble à une réussite, il faut s’ennuyer sans en avoir l’air, et si possible rire avec éclat. Le rire éclatant est entraînant. Il communique la bonne humeur même si celle-ci n’est qu’apparente pour celui qui en a fait son agent de la com.
On connaît des maîtres de conférence complètement coincés et stupides, obligés d’admirer des gens qu’ils ne remarquaient même pas du haut de leur estrade et qu’une soirée réunit.
Seulement voilà pour conserver un minimum de politesse, ne pas bailler ou pire, la sensation que les gens parlent une autre langue que la vôtre, il faut un minimum d’une culture de l’après 2000..
A ce point de vue, les réveillons se préparent de loin. On ne peut pas se dire « je finis le bouquin de Karl Popper, puis j’attaque Stephen King. Ce n’est pas un sujet de conversation qu’il faut, mais dix, à moins d’être assez habile pour suggérer le seul que l’on connaisse sans marquer de l’insistance.
Aussi, pour ne pas finir la soirée médusé et stupide comme l’année dernière, on peut visionner quelques feuilletons sur CD comme «Lost », « 24 heures chrono », « Dr House », etc... C’est plus rapide et ça se digère plus vite qu’un bouquin et une soirée musicale.
Certes, ouvrir les gazettes de sport, abandonner Woody Allen pour le dernier « Alien », apprendre par cœur et en anglais les nouvelles ritournelles de Vanessa Paradis, oublier pour un temps Spinoza pour J. K. Rowling, et ranger pour dix jours la viole de gambe sur CD de Monsieur de Sainte-Colombe pour s’agiter sur Ray Brown, c’est une autre méthode qui peut aussi porter ses fruits, quoiqu’elle demande plus de temps.
Optant pour le feuilleton, j’ai visionné « Desperate Housewives » par égard pour les quatre créatures plus très jeunes de la pochette, de la maturité qui fait que les femmes dans la quarantaine sont parmi les plus belles, tous âges confondus.
C’est un pis-aller. Quand on est inculte au point où je suis, le mal est incurable.
Desperate Housewives – je ne vous apprends rien – est une tranche de vie de la classe moyenne américaine, mais qui grâce à quelques minimes raccords, s’adapte bien à ce qu’il est convenu d’appeler la classe moyenne belge.
On n’est pas dans le chic des vies dévoyées de Dallas, ni dans les ambitions des castes dirigeantes de Dynastie, on est en plein dans des histoires de bourgeoises le cul entre deux chaises, pour l’usage d’une société pudibonde et qui n’admet de perversité que dans la femme « française ».
C’est une critique adroite d’une classe moyenne dont on extrait les temps forts à seule fin de permettre à des téléspectatrices en famille de pouvoir surmonter les cancers et l’adversité financière, tout à fait dans la glorification de la saga des gens courageux, mais pas trop, qui finissent par s’en sortir grâce à la bénignité du commerçant qui fait crédit et des voisins qui composent la middle class selon Stanley Cavell.

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Le travail domestique décrit par les auteurs (ils sont toujours plusieurs), des actrices à leur domicile fictif des studios, est – évidemment – suggéré. On n’en voit aucune éprouver des difficultés à entrer une fiche d’aspirateur dans la prise. Le travail à la maison est pris à ses débuts puis gommé ou pris à la fin et abandonné, en général sans ranger les ustensiles. C’est à peu près de la même façon que sont évoqués les voisins et les démêlés amicaux ou hostiles de l’épisode. Les engueulades sont brèves et elles arrivent souvent pour des raisons inexplicables et se terminent – sans doute à cause de la post-synchronisation – sans que l’on sache placer tout le ressentiment que la langue française eût permis, mais que les mouvements des bouches charmantes, néanmoins anglaises, ne font qu’effleurer.
M’était dévolu, l’épisode au cours duquel le mari de Suzanne est en cure de désintoxication, tandis qu’une tornade arrache quelques tuiles du quartier, alors que Carlos devient aveugle (Je me suis un peu endormi si bien que je ne saurais dire si c’est pendant, après ou avant, que le pauvre homme perd la vue).
Les actrices du feuilleton sont nées dans les années soixante, et pourtant, elles semblent avoir conservé le comportement de leurs mères qui commençaient à peine à faire valoir leurs droits et qui luttaient contre le machisme des maris de la société américaine revenant de la 2me guerre mondiale.
Elles font payer par toutes sortes de maladresses volontaires le soin qu’elles portent à leurs compagnons qui ne leur sont jamais assez redevables. Sauf ceux qui ont connu le Vietnam et qui ont quelques droits à une considération supérieure. Le mari de Suzanne qui n’est un héros en rien, est en cure de désintoxication. Il apprend à ses dépens qu’on ne badine pas dans les foyers américains avec les transgressions à « l’honnêteté foncière » de la bourgeoisie.(Tiger Woods est en train de l’apprendre à ses dépens.
Tourné avant la crise financière et sociale de 2008, cet épisode laissera sans doute aux suivants la dimension critique de l’après Madoff.
On garde pour la série 2009, le sévère avertissement que les banques méritent. On verra l’un ou l’autre ménage à la rue, avant d’être repêché par un couple ami qui a une vaste cabane au fond du jardin à laquelle il ne manque qu’un pot de vernis pour qu’on s’y croie à Gstaad.
Demain, je m’attaque à « The wire » une série policière plus hard qui se passe à Baltimore.
Pourvu que je m’y emmerde un peu moins.

Commentaires

Allez, te tracasse pas, Richard, tout le monde s'emmerde aux réveillons :)
Joyeux Noël quand même et reste fidèle à ton rendez-vous quotidien que nous sommes nombreux à ne pas rater.

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