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Les contes de la mère l’oie merdoient.

(merdoyer : qui vire à la couleur de la merde)

Il était une fois, un petit royaume enclavé entre de grandes républiques.
Perrault n’aurait pas hésité – après un pareil début – d’enchaîner sur le bon vieux roi vieillissant, ses ministres intègres et un peu fous, avant de fixer le sujet sur une histoire fantastique mais où les méchantes fées finissent par entendre la voix du cœur et s’adoucissent au chevet de leur princesse.
En 2010, on sait que les bonnes comme les méchantes fées n’existent plus ; même si, par le passé, on en trouve encore la trace, dans un temps où la pauvreté collective y était tempérée par une solidarité de voisinage.
Les contes de fée d’aujourd’hui sont des histoires horribles que les enfants adorent lire dans des livres illustrés et visionner par des jeux vidéos.
Autant le prince était près des gens, chez les anciens conteurs, autant il s’en est éloigné de par les nouvelles munificences batelières, et cette manière de condescendre à la souffrance des peuples en ne la partageant que sur les images filmées pour la télé.
Les ministres intègres se sont transformés en d’affreux personnages qui déchirent leurs proies en se les disputant.
Tous les auteurs de contes ne sont pas des moralistes amusant l’enfance. Certains se sont même permis quelques entorses à l’orthodoxie d’une société d’une apparente bienveillance en grattant l’écorce du fruit, pour découvrir qu’il n’était pas comestible.
Ainsi fut Andersen avec son histoire de briquet à retrouver au creux d’un arbre, pour y récupérer les pièces de cuivre d'un coffre gardé par un chien aux yeux grands comme des tasses à thé, des pièces d'argent d'un coffre gardé par un chien avec des yeux grands comme des roues de moulin et les pièces d'or d'un coffre gardé par un chien aux yeux grands comme des tours rondes. Le soldat peut garder l'argent pour lui, la sorcière ne demande qu'une seule chose : le briquet que sa grand mère a oublié lorsqu'elle est descendue dans ces profondeurs. Le soldat demande à la vieille ce qu'elle veut faire du briquet. La sorcière répond que cela ne le regarde pas. Alors le soldat refuse de le lui donner, et il lui coupe la tête.
Voilà un conte bien d’actualité et rondement mené dans ce petit royaume enclavé. Déjà à l’époque, la bonne société danoise préférait les contes de Molbech, nul doute que la nôtre en fasse autant de celui-ci.
Bien entendu, le soldat n’est que le symbole de la destruction d’une société par le haut, lorsque le pouvoir est entre les mains de ministres devenus exclusivement fous en ayant perdu le sens de l’intégrité.
L’arbre est le symbole du peuple rongé de l’intérieur par un pouvoir qui s’en nourrit. Le cuivre, l’or et l’argent disséminés dans ses entrailles n’est que le résultat d’un labeur honnête qui sera dilapidé par des mains conquérantes.

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Miné de l’intérieur par ceux qu’il avait désigné pour qu’il prospérât, le peuple est désemparé, juste le temps que le soldat scie la branche sur laquelle il était assis, le précipitant parmi les chiens rassemblés au fond de la caverne dont l’arbre creux était l’orifice. Il servira de pitance aux chiens (version personnelle).
Contrairement aux contes anciens, le petit Chaperon Rouge ne retrouve plus sa grand’mère sauvée des entrailles du monstre. Le loup nous dévorera tous, les uns après les autres, parce que nous avons oublié que la force ne vient que du nombre. Seuls, nous n’avons aucune chance.
Les ministres fous, au lieu d’établir des garrots coulissant proportionnellement autour des cous, veulent au contraire que nous n’ayons qu’une tête. C’est l’histoire loin du conte de fée de la TVA, la taxe la plus injuste qui fut jamais trouvée et qui condamne le pauvre à payer le même tribut à l’Etat que le plus fortuné.
Alice est revenue du Pays des Merveilles. Lewis Carroll était son Dutroux. Nous avons vieilli en perdant au fil du temps nos illusions.
Les curieux d’histoire se souviennent de papa Doc et du fils, dictateurs en Haïti. Chaque société a le papa qu’il mérite. Le nôtre est intempérant, gaucher contrarié, à la fois timide et affligé d’une prétention extrême.
Va savoir de quel conte il pourrait s’agir ?
Du compte courant de ses anciennes société peut-être ?

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