« L’éloge « du Soi ». | Accueil | Monfils a tort... »

On tient le coupable !

Sans ironie aucune, nos deux babillards télévisuels – RTBF, RTL - étaient branchés sur « le drame effroyable » (l’accident de chemin de fer de la semaine dernière).
A part l’unanimité des condoléances navrées des participants des deux débats, le reste fut du tonneau dont on a l’habitude : une certaine lâcheté des dirigeants et une véhémence sans égale des petites gens acteurs et spectateurs de cette sombre tragédie, puisque depuis qu’on leur assène la tolérance zéro, ils voudraient enfin qu’on l’applique à quelque chose.
Evidemment le lampiste, il en faut toujours un, à savoir le conducteur du convoi tamponneur, qui aurait grillé un feu rouge à 99,7 % de chance comme a dit un délégué syndical (franchement il me serait difficile de lui payer une cotisation à celui-là) paiera les pots cassés.
Les autres, ces huiles qu’on parachute dans les hautes sphères des administrations, ces gestionnaires de l’ombre, pourront toujours se regarder dans une glace, comme l’a dit l’un d’entre eux, avec la satisfaction d’y voir une belle gueule paisible et bien nourrie, prompte à palper le beau pognon bien vu, bien pris.
Le drame effroyable aurait-il pu être empêché ?
Il me semble qu’un seul feu rouge, même s’il est précédé d’une série de petits feux chargés d’attirer l’attention du conducteur, me paraît une barrière bien légère pour arrêter un mastodonte de plusieurs centaines de tonnes et qui peut faire autant de dégâts qu’un bombardement.
Sinon, le salaire des conducteurs pour une responsabilité pareille devrait être au moins du double des administrateurs avantageusement sanglés dans des costumes de qualité et dûment cravatés comme il se doit devant les autres, les vrais responsables des chemins de fer belges, bien mal fichus et cols ouverts sur des vêtements bon marché.
On a bien parlé des freins automatiques, des systèmes qu’on a commencé d’installer et de l’argent que ça coûte, et si on ne les a pas installés tout de suite, c’est la faute à l’Europe, à l’invention belge qui n’est pas la même que la française, au programme mis en place et qui ne sera bouclé que dans deux ans… bref, il n’y en avait pas sur ce convoi de la catastrophe dont le malheur retombe sur Fatalitas et Cie, sur les voyageurs qui ont eu la malencontreuse idée de monter dans la première voiture et de ce fichu conducteur qui brûle les feux et - nous dit-on – ce ne serait pas la première fois, mais jamais, au grand jamais, aux merveilleux administrateurs qui se dévouent corps et âme quelque part dans Bruxelles.
Incidemment, mais cela ne nous rendra pas la paix intérieure, le gain de la productivité depuis que la SNCB a été scindée en trois, est de 30 % !
Alors, là chapeau ! c’est formidable 30 % pris sur qui ?... sur le lampiste, n’est-ce pas. Le conducteur qui passe d’un train à l’autre, qui force pour garder les yeux ouverts, qui dort entre deux gares, qui consulte ses horaires, ouvre son bidon et mange son sandwich sur le poisseux des tableaux de bord, et qui brûle de temps en temps un feu rouge, même qu’il a été brûlé plus de 1.300 fois l’année dernière !… Non, vous n’y êtes pas, ce n’est pas lui qui les a tous grillés !
30 % pris sur le personnel exclusivement et le matériel rentabilisé jusqu’à la corde.
Ah ! 30 %... quand le privé prendra la bonne affaire, que ce sera succulent… les braves rentiers en bavent à l’avance.
C’est l’Europe qui veut tout privatiser, même les service publics, surtout les services publics, afin d’égaler en pagaille les chemins de fer britannique privatisés depuis longtemps.
Une des causes du crash ferroviaire est dans la décapitation de la SNCB.
La SNCB qui exploite le réseau et qui est responsable de tout ce qui concerne les services des trains (voyageurs et marchandises), Infrabel qui gère tout ce qui est relatif à l'infrastructure des voies et aux systèmes de sécurité, la SNCB-Holding qui chapeaute ces 2 filiales et gère également les ressources humaines, le patrimoine (les bâtiments de gares par exemple) et la sécurité. Depuis 2005, c’est la politique de « c’est pas moi, c’est l’autre ».
Et on passe sur les bienfaits de cette trilogie quasiment wagnérienne… les merveilleux postes parapluies ainsi créés et les compétences qui s’emploient et qu’on emploie en plus dans notre formidable réseau !
On nous dit que c’est pour mieux te privatiser mon enfant. C’est étrange quand même ce capitalisme qui tend à rassembler tout sous la responsabilité d’une seule et grande banque mondiale au-dessus et au-dessous, qui veut ramifier à l’extrême ses petits souriceaux graines futures de profiteurs en herbe !
Et devinez qui était le plus chaud partisan de ce nouvel avatar économique sabrant dans les emplois du bas, instaurant des normes behavioristes, ponctuant chaque couloir de son petit chef, de son ingénieur génial, le tout enfonçant les portes ouvertes et se payant des gares pharaoniques ?
Monsieur le président du parti socialiste, Elio Di Rupo en personne ! (encore un qui peut se regarder dans une glace le matin en se rasant et en sifflotant l’Internationale !

rtrain3fois.JPG

Alors, oui, dans ces conditions, on ne va pas recommencer l’affaire Dutroux et chercher des responsables jusque dans le cheveu d’une auxiliaire de police.
Le responsable de tout, on le tient.
Il récupère à l‘hôpital, momentanément, en attendant biribi.
Alors, que demander de plus ?

Poster un commentaire