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Cousins germains.

L’histoire des nationalismes en Europe retiendra certainement à l’avenir le nationalisme flamand. Celui-ci s’est surtout construit et renforcé d’une manière assez particulière. Ce sont les partis flamands qui se sont livrés à une lutte d’influence en surenchérissant sur les particularismes propres à la Flandre par rapport à son partenaire francophone, qui ont inoculé le venin nationaliste à leur population. Surfant de manière inconsidérée sur le sentiment d’appartenance à leur culture, les partis l’ont peu à peu étendu au sentimentalisme à l’égard du sol.
Parti en vrille sur ce concept à l’allemande de l’entre-deux guerres, tous les partis flamands sont devenus nationalistes, même Groen qui lorsqu’il n’est pas d’accord avec les autres ne vote pas contre, mais s’abstient.
A quinze jours du scrutin, des sondages internes prévoient un score monstre de la N-VA, près de 25 % des voix, le CD&V descendrait à 20 %, voire 18 %. Le Vlaams Belang garderait un pourcentage relativement stable à celui de 2007.
En clair, la Flandre aurait choisi à terme l’autonomie et la fin de la Belgique.
Dans l’immédiat, si les élections confirmaient le sondage, un pacte de gouvernement pour la gestion de l’Etat sous sa forme actuelle serait impossible.
Cela montre aussi l’imprévoyance des partis de la majorité francophone qui ont toujours tablé sur le ressaisissement du citoyen flamand pour une vue « raisonnable » du pays, plutôt que réfléchir ensemble - en toute éventualité - sur une forme de collaboration avec la France.
La démagogie aura une fois de plus conduit les apprentis sorciers au bord du gouffre. Le CD&V, le VLD et le SP.a, vont faire les frais de ce raz de marée nationaliste, à force d’avoir opiné à des thèses qui au départ n’étaient pas les leurs et qui le sont devenues implicitement en raison des circonstances.
Nous voilà beau avec une opinion majoritaire flamande qui pense désormais que la Wallonie et Bruxelles sont des poids morts que le « dynamisme » flamand supporte mal. La frontière linguistique deviendrait une frontière tout court, avec Bruxelles terre flamande, même si l’écrasante majorité des Bruxellois est francophone.
On peut craindre en entendant les discours de Bart De Wever que les Juifs abominés d’Adolphe soient remplacés par les francophones « vivant au crochet des Flamands, sur une terre qui n’est pas la leur. »

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L’Europe n’a qu’une vague idée de ce qu’est le nationalisme à la flamande. Nulle part ailleurs, même la Ligue du Nord en Italie, les séparatistes basques et le nationalisme corse, il n’y a pas d’exemple d’un cousinage aussi élaboré à ce que l’on a dit être une erreur de l’histoire : le National Socialisme.
La différence – mais elle est considérable – est dans la dimension, d’une part 80 millions d’Allemands en proie au délire et 6 millions de Flamands aux prémices d’une folie collective.
C’est la première fois depuis 65 ans qu’une population quand même assez importante veut se séparer en bloc d’un pays, certes artificiel, dans une conjoncture où l’Europe se débat et argumente pour une solidarité plus grande entre ses membres, en employant des moyens illégaux par rapport aux lois du peuple belge, mais légaux en regard de l’entité fédérée flamande..
Les techniques du totalitarisme sont simples et efficaces. Elles relèvent à peu près toutes de la politique irrédentiste parue au XIXme siècle sous le nom de pangermanisme. Le modèle de Bart De Wever visait tous les germanophones d’Europe. Plus modestement à l’échelle de la Belgique, c’est la volonté de regrouper sur la terre flamande des populations reconnaissables à leur vocable et à leur culture en excluant une culture voisine minoritaire.
Comme cette seule identité est un peu étriquée pour rassembler les gens, on y adjoint le sentiment pervers que sans les autres, sans les étrangers, les autochtones de souche vivraient mieux. Cela tient lieu d’explication sur le fait d’être riche ou pauvre, d’être ou de ne pas être d’accord avec la politique économique et le système capitaliste.
Les tentatives de toutes les dictatures issues du pangermanisme, du franquisme et de l’aventure mussolinienne, ce sont toujours fort bien accommodées des structures industrielles capitalistes, de même les capitaines d’industrie ne se sont pas privés d’augmenter leurs profits en collaborant sans état d’âme avec les autorités fortes.
La Flandre seule face à son destin saura poursuivre la tradition libérale la plus compétitive, n’en doutons pas, au détriment de ses citoyens, évidemment.

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