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J’y vas-ti ?

Droit de vote, vaste débat, toujours ouvert depuis l’avènement de la Belgique, sujet qui ne passionne pas les foules et pourtant mis à l’ordre du jour de RTL de ce dimanche vrébossien.
C’est qu’on va voter le 13 juin et que les sondages montrent que les citoyens en ont ras la casquette d’être sollicités pour le « geste » qui remplit les urnes, puis le vide au point que l’on se demande si voter signifie autre chose que déposer un papier au fond d’une boîte ?
Bien entendu, les politiques sur le plateau pressent le téléspectateur d’accomplir l’acte qui « fait le fondement de l’Etat » ; mais, ils le font un peu comme le chapelier vante le port du chapeau.
Contrairement à ce que pense Pascal Delwit, politologue associé régulièrement aux émissions du genre, l’électeur n’a pas toujours raison. Comment le pourrait-il ? Il ne possède pas toutes les cartes. Ce n’est pas lui qui détermine les places que les partis attribuent souvent par la seule volonté des présidents dans l’ordre utile sur les listes électorales. Ce n’est pas lui qui décide les tours de vis dans le social, plutôt que d’assainir la fraude fiscale. Ce n’est pas lui qui signe les accords et notamment ceux de l’Europe qui se signent quand bien-même on sait l’opinion négative des gens.
C’est le privilège qui permet la réélection de la plupart des personnels en vue et qui font les ministres, privilège que justement l’électeur n’a pas.
Le grand mot est lâché : l’électeur délègue ses pouvoirs. Autrement dit, il n’en a plus désormais aucun.
Pour que cela soit plus ouvert, et encore ! il y aurait toujours matière à critiques, le vote tête de liste devrait être supprimé. L’ordre des candidats devrait être alphabétique. Le nombre de candidats devrait être le plus important possible, sans pour autant faire dix pages. Par exemple 50 candidats maximum pour les grands partis et pour les petits à la proportion de leurs postulants.
Le seul débat interne serait l’admissibilité dans la liste des cinquante par l’éventualité des confrontations des candidats au sein des bureaux.
On fait grand cas de la mixité homme/femme dans les candidatures. Certains partis y ajoutent l’origine visiblement étrangère des candidats, Noirs, musulmans, etc. mais pas à la parité homme/femme, bien entendu. On y inclurait une diversité des professions que cela ne ferait pas de tort à la représentativité. Y en a marre de voir les avocats et les licenciées en science politique truster les emplois.
Alors, seulement, il y aurait une certaine ouverture de la nouveauté par le changement des personnels.
Depuis 1789, date charnière après laquelle on a essayé plusieurs formules dans l’association des citoyens aux décisions, le vote qu’il soit obligatoire ou non, censitaire ou seulement réservé aux hommes, a toujours été suspecté par le pouvoir. Les gens qui nous dirigent depuis, tout en s’ingéniant à vanter les mérites du vote, s’en sont formidablement méfiés. La psychologie des foules, l’entraînement vers des situations extrêmes par des agitateurs inspirés, la naïveté – certains diront l’inconscience - des électeurs, leurs points faibles étudiés, puis exploités par des faiseurs d’opinion agissant pour le compte de pouvoirs occultes, tout enfin inclinerait à penser que le peuple, sans d’habiles correcteurs, ne pourrait gouverner seul.
Comment en effet concevoir que le plus grand nombre déciderait – pour le bien futur de l’Etat – de restreindre les avantages, les salaires, le bien-être, justement les concernant au premier chef, sans que cela ne passe par une égalisation du bas et du haut, des avantages et des privilèges ?
Dès lors, la classe dirigeante prend nécessairement des mesures impopulaires pour assurer à la fois la stabilité économique de l’Etat, mais aussi pour asseoir ses privilèges par rapport aux citoyens ordinaires.
On voit bien que les actuels systèmes dans les démocraties ont toutes le même souci d’appeler l’électeur à exprimer ses choix, tout en lui refusant d’exercer le pouvoir de fait et en limitant aux seules élections la conduite de l’Etat.
C’est une hypocrisie.

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C’est presque la même imposture qu’un régime totalitaire qui, ne pouvant se passer d’un semblant d’appel au peuple, à imaginer le parti unique où les seuls débats sont internes et sous l’œil vigilant du dictateur. Le résultat est approximativement le même. Du système du parti unique au pluripartisme, tout un chacun peut arriver à la même conclusion, les modifications au sommet sont minimes. On pourrait même dire, qu’elles sont plus élevées dans le cas des dictatures où les caprices du dictateur sont plus grands.
Evidemment, les démocraties ont ceci de supérieur que ceux qui la composent venant d’horizons variés se surveillent et s’annulent.
La dilution constante des responsabilités dans les pouvoirs toujours temporaires, même si ce sont les mêmes qui se retrouvent à la tête de l’Etat afin de rattraper les « erreurs » de leurs prédécesseurs – c’est-à-dire eux-mêmes – font que rarement les gens de pouvoir assument leurs responsabilités antérieures. Rare est aujourd’hui celles et ceux qui présentent leur démission à cause d’une faute qu’ils ont commise ou qu’ils assument.
Pour qu’il soit pris au sérieux, le vote des citoyens mécontents de la manière dont l’Etat a été gouverné devrait être assorti d'une loi écartant de la législature suivante ceux qui ont abouti à un échec. Ce serait le moins en cas de dissolution prématurée des Chambres.
On sait à l’avance qu’il n’en sera rien.
Par conséquent, ces élections ne seront qu’une mascarade de plus.

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