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Léonard écope.

Voilà un des tout premiers privilèges de la société belge qui tombe dans le caniveau, celui de l’Eglise apostolique et romaine : un Etat dans l’Etat, depuis 1831.
Les perquisitions menées au siège de Malines et dans les sacristies de l'Eglise sont les derniers avatars d’une institution qui avait cru pouvoir envoyer ses prêtres pédophiles dans des cellules de moine plutôt qu’à Lantin, dans des cellules laïques !
Sans vouloir dire que la justice s’est accélérée avec bonheur, les gens d’église se font rappeler à l’ordre par une magistrature qui entend démontrer qu’il n’y a qu’un Droit qui compte, supérieur au droit canonique.
Même si la Justice boitille avec le bandeau sur les yeux, ce qui la pousse d’instinct du côté des puissants, il faut croire que l’Eglise n’impressionne plus du tout et qu’elle a fini par lasser les riches qui se sentent à même de maîtriser les pauvres sans elle.
La déchristianisation de la Flandre est pour quelque chose dans le triomphe de la NV-A ; l’est-elle aussi dans la liberté soudaine que prend la justice de fouiller dans les armoires à chasubles et dans les tiroirs de l’archevêché ?
Si les dossiers de prêtres pédophiles qu’elle gérait en bonne mère de famille sont gratinés, il y a beaucoup de soutanes qui vont passer de mauvaises nuits, le temps pour le juge Wim De Troy de séparer le bon grain de l’ivraie.
Comme on évite de mettre un pédophile à la tête d’une colonie de vacances, il vaudrait mieux qu’un abbé, qui à tendance de trop aimer la jeunesse, ne soit pas le directeur d’une chorale du genre des petits chanteurs à la croix de bois.
C’est tout le drame de l’église qui se dit ouverte à tous et y compris à la jeunesse en péril, d’attirer en son sein des hommes qui ont certes la vocation à servir dieu, mais qui y ont été également conduit par leur démon intérieur, à se servir aussi des autres pour eux-mêmes.
Que dans son éditorial au « Soir », Marc Metdepenningen tempère l’acte judiciaire d’un commentaire selon lequel « L'Eglise n'est pas plus polluée par ses pervers que la société en général. », c’est un avis que je ne partage pas, tout en donnant acte que tous les prêtres évidemment ne sont pas pédophiles. Et ce pour plusieurs raisons.
La première touche justement au magister même. L’église a toujours été indulgente pour ses prêtres dans ces sortes d’affaire. La croyance en la rémission des péchés par la pénitence et la repentance, de sorte qu’ensuite la grâce divine « protège » de la récidive, est une merveilleuse couverture pour le pervers actif.
La deuxième touche au fameux débat sur le célibat des prêtres. Qu’on le veuille ou non, l’assouvissement des pulsions, même contrariées par le fait d’un coït non désiré, mais pourtant libérateur, est un exutoire. Il assoupit les instincts en diminuant l’appétit. Cela est vrai pour beaucoup, mais, hélas, pas pour tout le monde. Les pédophiles dans l’église ne sortiraient pas tous « assagis », mais leur nombre serait en forte décroissance.
Enfin, la mixité dans le sacerdoce permettrait aux femmes d’entrer davantage dans l’éducation qui touche à la jeunesse. Et tout le monde sait que s’il y a des perverses, par rapport aux pervers, elles sont rarissimes dans la pédophilie active.

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L’erreur de Mgr Léonard c’est d’avoir perpétué la loi du silence de Mgr Danneels. C’est aussi d’avoir suivi la règle du Vatican de « l’omerta » donnant à croire aux Eglises touchées que le pape ait encore aujourd’hui autant d’influence qu’il en avait jadis sur les gouvernements d’Europe.
Cette naïveté aussi de l’Eglise d’aller répandre partout la nouvelle (qui n’en n’est pas une puisqu’elle existe depuis dix ans !) d’une Commission d’éthique chargée de statuer en interne sur la qualification pénale et de la prescription des faits rapportés.
Ainsi, Mgr Léonard et ses substituts s’arrogeaient le pouvoir d’estimer l'état de non-récidive des prêtres dénoncés, sans aucun mandat de la part de la Justice et sans la qualité même d’un spécialiste, en la matière un médecin psychiatre.
Il est vrai que le « coup » aurait réussi en d’autres temps.
Comment imaginer que l’Eglise allait pouvoir gérer ses dossiers, en ne transférant que les cas qu’elle estimait « graves » au procureur du roi ?
C’est ce qu’imaginait jusqu’avant la perquisition, le président de la Commission créée par l'Eglise, Peter Adriaenssens. Avant d’arriver à la descente de police, il aura fallu que le ministre de la justice « gomme » les scrupules de certains hauts magistrats, afin que l’institution qu’ils représentent reprenne ses droits.
Il y a encore beaucoup à faire, en ce pays, pour que la justice soit égale pour tous. Un pas a été fait. C’est toujours ça.

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