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Les jeux sont faits : rien ne va plus !

On reprend lundi à Paris le procès Kerviel qui entre dans sa dernière semaine d’audiences. Il faudra ensuite attendre quelques mois avant le jugement.
Devant l’affluence des journalistes venus du monde entier, c’est moins le procès d’un employé que celui qui l’employait, à savoir la banque de la Société Générale. C’est du moins, ce qu’on relève dans les commentaires de presse.
Le tribunal, n’a pas cette ambition. Il agit sur plainte et son jugement sera limité à Jérôme Kerviel, qui risque jusqu’à cinq ans de prisons et une forte amende. Si Kerviel était condamné au maximum, ce serait parce que la somme perdue est considérable et qu’on n’aurait pas tenu compte des circonstances atténuantes et l'éventuelle complicité du plaignant lui-même !
Ce ne serait pas la première fois, qu’un tribunal entrerait dans le jeu du capital et de l’actionnariat, contre « un mauvais serviteur ». En partant du même principe, on pourrait faire éventuellement un procès aux PDG que l’on débarque d’une entreprise pour mauvais résultat, avec parachute doré, pension et royaltie, quand ils pourraient sur plainte recevable, être condamnés à cinq ans d’emprisonnement, pour les mêmes raisons..
Mais, la notion de faute pour incompétence n’existe pas dans le code pénal. Le pdg Bouton n’a pas à craindre les « foudres » de la justice, lui qui n’a rien vu des 49 milliards et demi d’euros que son employé avait engagés au nom de sa firme !.
D’une certaine manière, le public qui suit le procès pense qu’il s’agit ni plus ni moins d’une justice qui ne requiert que contre les lampistes. Avant, on appelait cela une justice de classe. Mais attendons pour voir.
Ce n’est pas un procès ordinaire pour deux raisons. La première montre que Jérôme Kerviel ne s’est pas enrichi, même s’il a falsifié des documents, ce qu’il reconnaît. La seconde montre avec quelle facilité dans une des premières banques mondiales, un trader peut l’engager pour près de cinquante milliards, sans qu’elle n’en sache rien, tout au moins, dans la version de l’ancien PDG Bouton.

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Si bien qu’on peut se demander si dans ce cas, il n’est pas plus scabreux de vouloir démontrer que la banque n’était pas au courant, plutôt que laisser entendre qu’elle a laissé faire en espérant un bonus considérable. Parce qu’enfin, une banque, qui peut faire faillite à son insu de la faute d’un seul de ses employés, est une banque où ne règne aucun contrôle efficace et où l’actionnaire est à la merci d’un autre Kerviel, avec une autre martingale.
Quand on parle de préjudice, le vrai préjudicié ce n’est pas la banque qui l’aurait subie, mais l’actionnaire. Il y a même un certain culot de celle-ci de porter plainte.
Que reproche-t-on précisément à Kerviel ?
Faux et usage de faux, tout simplement. C’est le mobile – puisqu’il n’y a pas eu enrichissement – qui est difficile à expliquer.
Les "signaux" et "alertes" lancés par les services de contrôle qui se sont posé des questions sur ses activités, sont restés sans suite jusqu'en janvier 2008. Ils étaient donc perçus par les supérieurs de l’accusé, sans qu’il n’y ait eu de leur part aucune réaction.
La Commission bancaire pour les défaillances des systèmes de contrôle de la Société Générale lui avait infligé une amende de 4 millions d'euros. Mais l'enquête n'a établi aucune complicité, et Jérôme Kerviel est seul poursuivi.
Or, s'il admet avoir perdu le sens des réalités, il affirme que ses supérieurs étaient au courant de ses opérations et le laissaient faire, parce qu'il gagnait de l'argent.
Il a d'ailleurs répété depuis le début du procès qu'il n'agissait que pour "faire gagner de l'argent" à la Société Générale.
En janvier 2008, la banque disait avoir découvert pour près de 50 milliards d'euros de positions prises par le trader sur des indices boursiers européens, des montants exorbitants, qui la mettaient "en péril". Elle "débouclait" (soldait) ces positions dans l'urgence et perdait près de 5 milliards.
Le tribunal étudiera les conditions de ce "débouclage", dont Jérôme Kerviel refuse d'assumer l'issue, pensant qu'il aurait pu "se refaire". La banque affirme en revanche qu'elle aurait perdu beaucoup plus si elle avait attendu.
C’est l’occasion d’entrer dans ce monde virtuel de la banque d’aujourd’hui, une banque complètement déconnectée des réalités et faisant de l’argent avec l’argent. Système généralisé et qui conduisit à la crise de 2008, qui n’est pas terminée puisque ces mauvaises pratiques continuent. Cet éclairage permet aussi de comprendre pourquoi ces banques ne financent plus les projets industriels au rendement insuffisant et s’étalant sur de longues périodes.
Kerviel avait comme activités des procédures d’arbitrage, consistant à acheter un portefeuille d’instruments financiers A et de vendre, quasi instantanément, un portefeuille d’instruments financiers B qui présente des caractéristiques extrêmement proches, mais dont la valeur est légèrement différente. Ce sont ces écarts de valeur qui font les profits ou les pertes. Les risques, nés des engagements pris par la Société Générale, étaient pilotés et contrôlés quotidiennement. Dans le cas de cette fraude, les instruments financiers du portefeuille A étaient en apparence compensés par les opérations fictives logées au sein du portefeuille B.
Nous sommes en plein casino, en plein délire du joueur qui, à la roulette, pense avoir trouvé la martingale qui le fera passer pour un grand trader.
Et c’est cette organisation financière-là que nos politiciens ménagent !

Commentaires

Quand faut-il prendre sa perte (ou sa plus-value)? Fou, fou, fou. Ca monte, ça monte. Tout le monde achète et se réjouis alors que cela coûte de plus en plus cher !!!
Mais quand ça descend, parce que on se dit enfin que c'est trop cher ? Quand faut-il acter la perte ? Par définition les gagnants sont récomptensés doublement,
parce qu'ils "ont" plus (encore faut-il avoir revendu) et parce qu'ils ont fait le bon choix, pris la bonne décision et été les plus malins.
Vous dites que 49 milliars étaien engagés ? Si Kerviel en a perdu 5, ce n'est que 10%, non ? Une paille par rapport à ce qu'on perdu les propriétaires d'actions Lernhout et Hauspie.
Bravo à la la SG d'avoir revendu en limitant sa perte à 10%. Cela aurait pu être beaucoup plus.
Autre sujet : Quand faut-il effacer les dettes (et les profits exagérés) ?
Vous êtes riche, vous prêtez. Si vous êtes vraiement riche, ne devriez vous pas vous réjouir de d'avoir donné à qq qui en a vraiment besoin ?
A moins que vous ne soyez pas si riche que ça. Au niveau individuel, ça peut aller. Mais quand notre "épargne" de pauvres épargnants (riches)
est en cause dans les riches fonds de placement (étatique ou privés) est menacée, nous avons peur de tous perdre !!!
La biterie (pour ne pas dire connerie), la piterie humaine n'a pas de limite.

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