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Di Rupo bientôt chez le roi ?

On ne sait toujours rien des tractations des sept partis autour du préformateur pour enfin sortir d’une impasse qui se renouvelle à chaque élection. L’ancienne mouture avec le va et vient de Leterme n’avait pas été une réussite, on se demande si on ne va pas battre le record avec Di Rupo ?
Question formation de gouvernement, on est champion d’Europe. Ailleurs, quand un parti gagne les élections, s’il n’a pas la majorité, il entreprend des négociations qui durent à peine une semaine et puis voilà le train mis sur les rails jusqu’à l’échéance suivante.
Ici, on ne peut pas fonctionner aussi simplement du fait des Communautés qui ont des avis sur tout, fort opposés. Surtout la Communauté flamande, il faut bien le dire, qui pose des préalables qui tiennent aux structures de l’Etat. C’est comme si en France, il y avait un parti breton incontournable qui aurait des exigences telles que l’Etat, s’il les acceptait, s’en trouverait profondément modifié ou en voie de liquidation.
Elio Di Rupo aura beau être l’hyper royaliste qui tentera jusqu’au bout de faire croire que les réformes demandées par la NV-A sont possibles dans des structures fédérales, il y aura bien un moment où, même lui, devra se rendre à l’évidence que c’est la clôture de quelque chose qui se termine mal.
Sans compter qu’il joue avec les nerfs de son parti, enfin pas ceux qui sont attachés directement à sa personne et à ses manœuvres politiques, mais un certain nombre de militants qui n’ont pas oublié le Mouvement Populaire Wallon. A ces gens, il faudra expliquer pourquoi leur chef aura fait tellement de concessions à Bart De Wever qu’on ne reconnaîtra plus rien des résolutions anciennes.
Et puis ce silence méprisant des 7 partis vis-à-vis de leur clientèle dont ne s’échappe que l’effroi des Ecologistes qui rechignent à soutenir l’usine à gaz que le couple De Wever-Di Rupo est en train de planifier.
Depuis le temps que l’on patine sur les questions communautaires, il faudra bien qu’un jour parmi ceux qui s’érigent si facilement en porte-parole des autres, quelqu’un finisse par dire publiquement que le gouvernement fédéral se trouve dans l’incapacité de gérer un pays miné par le nationalisme flamand et qu’il faut se hâter d’en conclure qu’il n’y a plus de Belgique.
Ce ne serait pas la première fois qu’un Etat qui réussit par le passé à fédérer des populations de langues et de mœurs différentes décide de se dissoudre et passe la main aux groupes qui le constituaient.
Attendre plus longtemps de faire ce constat augmente le risque énorme que les populations rejettent le système de partis constituant une forme de démocratie qu’elles réprouveraient désormais, puisqu’ils sont incapables de fédérer équitablement les Régions et de trouver une stabilité nécessaire et un juste équilibre.
Nos deux champions sont eux-mêmes pris a u piège de leurs anciennes déclarations. Ils ne peuvent reculer l’un et l’autre, sans recommencer le petit jeu misérable de Leterme.
Bart De Wever, par exemple, l’électeur de la NV-A a encore en tête le programme pour lequel il a voté. Lui-même l’a déclaré à plusieurs reprises, il veut la fin de l’Etat fédéral et à terme la fin de la Belgique et de la monarchie.
Est-ce que ce n’est pas se moquer de son électorat, s’il accepte des modifications sur BHV à condition de jeter du lest à propos des bourgmestres non nommés et de nouvelles garanties des francophones vivant en « terre » flamande ?
Se rend-il compte que l’Etat fédéral et la monarchie n’en seraient en rien affectés ? Qu’il en aurait encore pour vingt ans de fédéralisme ?

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C’est peut-être ce qu’espère les négociateurs de l’autre côté de la table, que Bart De Wever monte un gouvernement « stable » sur quelques réformes afin de dégoûter complètement son électorat de lui faire confiance une deuxième fois.
Comme la crise perdure et que le chômage ne diminue guère, il serait assis sur un siège de train fantôme qu’il ne maîtriserait plus et qu’il n’oserait pas quitter, alors que le système a besoin de réformes délicates, plus délicates que BHV, comme l’assainissement des finances et le retour tant attendu de la croissance.
Di Rupo est aussi inconfortablement installé que l’autre. D’autant qu’il existe quand même un front des Francophones dont il a déjà écarté un partenaire, le MR. Et on le sentait bien lors de ses déclarations selon lesquelles il trouvait les propos de Maingain « exagérés », ce qui signifierait qu’il aurait déjà une solution « extrême » pour sauver la monarchie au détriment des francophones de la périphérie. Car enfin, le MR avec le FDF, même s’il a été distancé par le PS lors des élections du 13 juin, reste le parti incontournable à Bruxelles pour la sauvegarde des intérêts des Francophones.
Alors, quel jeu joue Di Rupo ? Même ses partisans n’en savent rien. Il faudra bien qu’il le dévoile assez prochainement. On le dit prêt à se rendre chez le roi. On y verra dans doute plus clair sous peu.

Commentaires

M'y dear Richard, voilà une analyse qui se rapproche sympathiquement des miennes. Ça fait du bien de ne pas crier seul dans le désert!

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