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L’Europe a rendez-vous le 16 !

On ne sait trop par quelle sombre destinée, la crise s’appesantit parfois plus lourdement sur un pays, plutôt que sur un autre. Le plus bel exemple est la Grèce. On a beau nous faire croire qu’elle était particulièrement mal gérée ; mais on ne s’explique pas par quel raisonnement, ce sont les gens qui travaillent qui feront tous les efforts de redressement, puisque ce sont eux qui devront rembourser dette et intérêt pour une faune qui va du richissime armateur, au margoulin de parti, en passant par les combinards au noir...
Ce qui est critiquable, c’est la logique d’un capitalisme à la carte qui n’a jusqu’à présent pénalisé vraiment que les pays de l’Union européenne. Comme si nous ne pouvions admettre que la crise soit globale, alors que c’est en Asie qu’elle a fait le plus de dégâts, vu l’état du yen et la bulle financière chinoise. La croissance trop rapide de cette dernière entraînera inévitablement des ajustements douloureux, ce qui devrait faire réfléchir les observateurs.
Or, c’est l’Europe qui prend tous les coups ! Réalité objective ou but inavoué de ses concurrents ?
On sait bien que les agences de notation qui se sont abattues sur la Grèce et l’Irlande, menaçant le Portugal et l’Espagne, se sont comportées comme des félins suivant le troupeau, alors qu’elles n’osent pas coter l’Asie de la même manière, c’est le gnou à la traîne qui trinque. Qu’arriverait-il à l’économie mondiale, si les pays d’Asie venaient à faire défaut ? En comparaison, la crise de 2008 semblerait de la rigolade.
Si les agences de cotations sont de parti pris, c’est justement à cause de leur aveuglement volontaire sur l’Asie et pas seulement, elles savent aussi la fragilité des Etats-Unis qui n’a plus les performances d’il y a seulement cinq ans et ne risquent pas de les recouvrer. Admettre que cela va mal, dans ces pays traditionnellement les moteurs de l’économie mondiale, serait couper toute espérance du « miracle » économique d’un redémarrage. Tout le système marche à la performance. Sans cet espoir, on remettrait en cause le mythe capitaliste de la croissance éternelle.
En Europe, comme ailleurs, nous savons que la crise n’est pas terminée.
José Barroso dans le discours qu’il a tenu sur « l’état de l’Union », nous a bien prévenu à propos de la Grèce « soit nous nageons ensemble, soit nous coulons chacun de notre côté », même si ses propos avaient pour but de nous vendre des émissions obligataires européennes, tout le monde à compris que c’était le moment de nager groupés.
Le très orthodoxe Michel Barnier, commissaire aux services financiers, avait beau rassurer à propos des « stress tests » des banques, le Wall Street Journal n’en était pas tellement convaincu et parlait plutôt d’une sorte de certificat de complaisance chargé de rassurer les investisseurs.

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L’organisme technique de leur organisation (CBS) contre-attaquait aussitôt en affirmant que ses données ne pouvaient être comparées avec les stress tests publiés ! L’Europe aurait-elle pris des leçons à la crise belge, de sorte que l’Européen serait comme le citoyen belge, aussi mal informé ?
A la dernière réunion des ministres des finances de l’Union européenne, les ministres ont été incapables de s’accorder sur quoi que ce soit !...
La taxe sur les établissements financiers – pourtant indispensable – fait controverse. Pour les Français, que l’on avait crus décidés après les discours de Sarkozy sur la surveillance des marchés, Christine Lagarde affirme que ce n’est pas une priorité.
Le renforcement du Pacte de stabilité est l’épouvantail des pays qui ont le plus à le craindre. L’adoption de sanctions pour ceux qui ne le respecteraient pas n’est pas pour demain. Wolfgang Schäuble, l’Allemand de service, a réclamé la patience.
C’est dans ces perspectives maussades que se tiendra le 16 septembre un nouveau sommet. Il faudra beaucoup d’imagination aux journalistes accrédités pour nous y intéresser.
Par contre, un Comité parallèle qui a eu lieu à Bâle n’a pas hésité à mettre en relief l’état déplorable du système bancaire allemand. Les capitaux des Landesbanken sont considérés peu fiables. Les banques allemandes sont sous-capitalisées, malgré la vision optimiste des fameux stress tests.
La Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne empruntent toujours à des taux élevés, dans un contexte tendu. Ces taux sont devenus un marqueur de la situation financière, accroissant le coût de la dette publique et sa décroissance aléatoire, un peu à la manière des hausses dites « saisonnières » et qui finissent par ne plus baisser dans les supermarchés.
En Belgique, il ne faudrait pas trop s’attarder chez Jules et Jim. L’effondrement de la confiance des citoyens dans ce pays à rebondir est dans un stade avancé, les agences de notation aussi.
Le vilain mot de récession n’a pas encore été prononcé, mais il reste trois mois et demi avant la fin de l’année. A la trêve des confiseurs les coups fourrés y sont les moins perçus.
A force de regarder notre nombril, on pourrait payer très durement notre décrochage des réalités, la confiance à l’Europe et à son système économique, copiés-collés des USA.
Cette méconnaissance de la situation du monde à cause de nos tribulations intimes, n’est-ce pas aussi ce qu’on appelle le surréalisme belge ?

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