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Berlusconi le magnifique !

En Belgique on a la crise que l’on sait, mais elle n’est pas honteuse. Elle n’est qu’ennuyeuse et lourde. Faut-il le regretter ? On s’y embête tellement que la presse déprime. Ça se voit !
Pourtant, comparée au drame italien, il y a des analogies. D’une part, les frasques de Berlusconi et ses montages financiers, et d’autre part, les affaires seulement qui fleurent l’argent et la magouille à Namur, Huy, Dinant et surtout Charleroi pour chez nous, à la différence qu’il s’agit là-bas d’un milliardaire seul, multipliant les tripotages financiers et les tripotages des belles femmes, et ici, d’arrivistes au départ fauchés et qui ne doivent leur prospérité qu’à partir du moment où ils sont entrés en politique ; mais règle générale, plus il y a de casseroles, plus on les adore et plus ils ont des chances d’être réélus.
Il faut reconnaître le mérite de Di Rupo d’avoir quand même tenté d’arrêter et parfois réussi quelques belles carrières politiques douteuses à Charleroi et mis sur la touche la pétulante Anne-Marie à Huy.
On ne peut pas dire pour autant qu’il y a une justice immanente et que les « méchants » seront châtiés. Au contraire, quelques hautes voltiges politico-professionnelles se sont poursuivies après l’assassinat d’André Cools et les affaires annexes, les plébiscites populaires succédant à des condamnations – souvent pour le principe – de la justice.
En Italie, Sylvio paraissait hors de portée, intouchable. Il avait l’opinion pour lui. Une opinion qu’il avait achetée en quelque sorte par le biais des programmes décervelant de ses télés, de ses magazines et de ses autres frivolités.
Cette fois Berlusconi a poussé l’impudence trop loin, dépêchant la conseillère régionale Nicole Monetti, ex danseuse nue et hygiéniste dentaire du ci-devant, à la prison où était détenue Ruby-Malika pour un vol de 3.000 euros, une Marocaine sans papier et moukère à la « bunga-bunga connection » de la villa du chaud lapin, avec à la pogne de la plénipotentiaire l’ordre signé du préfet de libérer la belle étrangère, sans tambour ni trompette.
Pour le septuagénaire qui ne désarme pas, c’est la casserole qu’il ne fallait pas s’attacher au train et le voilà qui acculé par l’opinion publique retournée, lui le plus « couillu » d’Italie, en train de se débattre et, peut-être, qui va disparaître de ses propres écrans de télévision dans la honte et la réprobation de cette république italienne que l’on connaît si mal, puisqu’on ne la perçoit que par ses maffias, son désordre institutionnel et lui, le « cavaliere » de ces dames...
Le bougre se répand partout que la gauche veut sa peau et monte des cabales et qu’il se maintiendra jusqu’en 2013, qu’on n’a rien contre lui, que ce sont des rumeurs, etc.
J’entendais dans les actualités le bourgmestre de Dinant dire à peu près la même chose quant au fonds de ce qu’on lui reproche, la connotation sexuelle en moins et à l’échelle d’une villette, bien entendu.
C’est un langage universel appris dans les écoles politiques, celui de ne rien avouer et de nier tout. Ainsi, les pistes sont brouillées. Cela risque de les faire paraître tous coupables, alors qu’ils se déclarent tous innocents.
Sauf qu’une carrière peut très bien se poursuivre après condamnation si l’élu a clamé son innocence aux médias. A l’inverse, une confession sincère, qui aurait pu être le début d’une carrière honnête, la brisera net... étrange situation !
Cette seule hypothèse fait tenir le coup : s’ancrer dans le mensonge ou périr !
Mais à qui la faute ? La faiblesse des juges et le peu de sévérité de la loi disent tout.
En Italie, même le Vatican a pris ses distances. La Ligue du Nord n’en veut plus. Il ne reste que la maffia qui ne s’est pas encore prononcée.

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C’est peut-être ce qui manque le plus dans nos récentes et moins récentes affaires politico-judiciaires : des histoires dans lesquelles des anges noirs et des vamps sont impliquées ! Les dernières qui nous apparurent furent celles qui gravitèrent autour de Guy Mathot et la presse s’éternisa sur les clichés pourtant innocents et kitchs de Michel Dardenne en Jules César et sa fille en Cléopâtre, faute d’une belle et croustillante aventure dans laquelle une femme fait tomber un ministre.
A part, Bart De Wever, produit de la télé flamande et héros d’un jeu télévisé, la crise actuelle n’est pas berlusconienne en Belgique. Ça manque de femmes ! L’atmosphère n’est pas baroque. Les riches sont tapis derrière leur tiroir-caisse. Ils ne mettent la Rolex et ne montrent leurs maîtresses que sur la côte d’azur ou aux Bermudes. Ils craignent le fisc et bobonne qui pourtant ne sont pas sévères pour eux, comme la législation, plus douce ici qu’en France.
Dommage, question scandale on était bien parti avec les assises pour le futur gouvernement : pensez, les experts de la Banque Nationale chargés de refaire les comptes de l’Etat, et un Vande Lanotte, socialiste qui ne jure plus que par eux et qu’on porte aux nues ! Il ne restait plus qu’à trouver la femme fatale. La presse augmentait ses tirages !
C’est triste, c’est nul, c’est terne. En un mot, en Belgique, la crise qui se prolonge sans vraiment rien à dire, à attendre que de la banque sorte notre politique future, on regrette presque que De Wever n’ait pas le flamboiement d’un Berlusconi !
Il eût été plus franchement détesté d’une frange de l’opinion, mais bien plus adulé d’une large partie du public.

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