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Harcèlement sur RTL …

…ce dimanche midi.
Pour une fois, les « m’as-tu vu ? » étaient absents de chez Vrebos. Adieu la langue de bois et les propos trop lissés. Les victimes parlaient vrai. Du coup les autres : avocat, syndicaliste et psychologue étaient plus authentiques.
Le droit du travail a peu de plaintes à son actif pour harcèlement. Le droit s’est presque toujours cantonné aux relations entre les personnels de maîtrise et les exécutants. Les suicides répétés dans certaines grandes entreprises françaises ont illustré le rapport détestable de la direction aux exécutants.
Le harcèlement « classique » est défini comme suit : « …toutes manoeuvres effectuées de manière répétée et sur une certaine durée, ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits et à la dignité des salariés, de compromettre leur avenir professionnel ou d'altérer leur santé physique ou mentale. »
Le harcèlement - dont il était question ce dimanche - tient aux relations entre collègues de travail, il n’a pas pour but de toucher aux cadences, il tend à mettre le harceleur en état de supériorité sur sa victime, pour des raisons psychologiques paranoïdes et sadiques.
Et là nous entrons dans un domaine que l’on commence à peine à explorer, celui des rapports parfois conflictuels, de dominant à dominé dans le champ clos d’une entreprise, hors de tout projet des tâches à accomplir.
L’ambiance de certains ateliers et bureaux est inconnue du psy et souvent du grand public. Elle est tolérée en interne, souvent sue des directions, quand les « jeux » ne perturbent pas les cadences et les plannings, certaines attitudes sont même considérées comme des rivalités « utiles » et peuvent servir à « l’esprit de compétition ».
En Belgique, de 1900 à nos jours, il y aurait des centaines de milliers de cas. Il serait difficile de démêler les « blagues » de mauvais goût, des menées réellement sadiques allant des attouchements aux séances de torture et de viols.
Les faits-divers n’étaient portés à la connaissance du public que lorsqu’il y avait un mort, un peu comme les bizutages d’étudiants. Se souvient-on encore du drame de Cockerill-Sambre ? Des ouvriers par « jeu » avaient introduit le tuyau d’un compresseur dans l’anus de la victime ! Le décès fit grand bruit, sans provoquer une réflexion plus générale, malgré l’horreur que les faits produisirent dans l’opinion publique.
Plutôt que la première définition du harcèlement, celle qui suit paraît plus appropriée « Le harcèlement sexuel se manifeste par des paroles, des actes ou des gestes à connotation sexuelle, répétés et non désirés et qui sont de nature à porter atteinte à la dignité ou à l'intégrité physique ou psychologique de la personne et à faire en sorte que son milieu de travail ou d'études soit néfaste pour elle. Une seule parole ou un seul acte grave peut aussi constituer du harcèlement sexuel s'il a de telles conséquences et produit un effet nocif continu sur la personne. »
Les syndicats se sont toujours bien gardés de précéder les tribunaux en sanctionnant les auteurs des abus portés à leur connaissance. Du temps où ils pensaient en fonction de la lutte des classes, ils avaient bien d’autres soucis que le harcèlement à l’usine. La nouvelle formule, plaçant l’organisation syndicale entre les adhérents et les directions, a changé la donne.

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Le psychologue suédois Leymann appelle ce type de harcèlement le «mobbing» du verbe anglais «to mob», houspiller, assaillir, attaquer. L’ajout d’un suffixe à « mob » (populace, lie, bas peuple), pourrait signifier une autre intention, inqualifiable de la part de Leymann. L’idée serait alors que tout ce qui vient du bas serait vil. Le mobbing serait le harcèlement systématique d’une personne dans l’exercice de son travail. A la différence des autres types de conflits qui interviennent souvent dans une entreprise, le mobbing n’est pas générateur d’améliorations des relations interpersonnelles, mais vise au contraire l’exclusion de l’autre.
Les cas ont souvent un processus similaire. Les harceleurs empêchent la victime subjuguée par la terreur qu’ils inspirent de s’exprimer. Elle est mise en quarantaine par complicité involontaire du personnel « qui ne veut pas se mêler de ça ». Elle est déconsidérée auprès de ses collègues par médisance ou calomnie. Le truc est de la faire passer pour immature, « un peu bête » dira-t-on. On a vu souvent que cette immaturité supposée n’était rien d’autre qu’une meilleure éducation de la victime par rapport à l’ensemble des harceleurs. Pire la raillerie d’une infirmité rappelle la cruauté des enfants dans les cours d’école. Discréditée dans son travail par l’hostilité du groupe, la victime déchoit parfois aux yeux de ses supérieurs, qui entrent dans le jeu des harceleurs. Il semble que ceux-ci pensent protéger l’entreprise « des maladresses » du harcelé. Ils ne détestent pas la pensée qui leur vient de l’ignominie des subalternes.
L’homme qui travaille dans de mauvaises conditions peut en devenir méchant. Il y a en dans beaucoup de gens un fonds de sadisme qui ne demande que l’occasion de s’exprimer. L’entreprise où le premier sadique est souvent le chef de l’entreprise est un lieu d’expérience que ces beaux messieurs de l’Haut-lieu ne veulent pas connaître, tant ils redoutent qu’on ne mette en cause l’organisation même du travail qui serait coupable d’accélérer la « noirceur » de certains, par l’ennui et la souffrance qu’ils ressentent eux-mêmes.

Commentaires

Auriez-vous fait votre service militaire à la Chartreuse ?
Si oui, en quelle année ?
Moi, c'était en 1978.

J'ai écrit "Chartreuse" comme j'aurais écrit "Citadelle". Je pense que la caserne du haut de la rue Pierreuse a été fermée avant celle de la Chartreuse. Cependant, même s'il ne s'agit pas de moi, j'ai des témoignages d'anciens militaires qui laisseraient supposer que l'armée ait été le refuge de sadiques et peut-être l'est-elle encore, quoique de métier ?

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