« Rétrécissement. | Accueil | Wie einst Lily Marleen »

Des voyous qui vont trop loin !

L’excellent journaliste Jacques Julliard a fait son éditorial hebdomadaire dans Marianne, sur le thème « 750 euros par mois ». C’est ce que gagne et parfois moins, six millions de travailleurs et surtout de travailleuses au pays de France !
Seuls des hyper centristes, démagogues professionnels, le cuir endurci par trois générations d’encanaillement dans la politique nutritive, comme Melchior Wathelet ou Alexandre De Coo, pourraient contester les chiffres – s’il en existe - pour la Belgique, qui, toutes proportions gardées et ayant une population évaluée au sixième de celle de la France, nous ferait quand même un million de travailleurs avec leurs familles, dans un état de besoin alarmant.
Que sont devenues les grandes perspectives d’une jeunesse « de plus en plus diplômée » ? Certains en viennent à disputer des emplois comme livreur de pizzas à des jeunes gens qui n’ont pas fait d’études, avec la honte de voler quelque chose à plus mal loti que soi.
Nous sommes loin d’être un pays de cocagne avec nos caissières à mi-temps, nos intérimaires éternels, nos emplois minables et nos travailleurs honteux parce que non-déclarés dans la catégorie fourre-tout des services. L’égérie malsaine du petit commerce étranglé, la libérale Sabine Laruelle, a bien une vague idée de la désolation d’un parcours d’employé de base, d’ouvrier saisonnier ou de n’importe qui se lançant dans n’importe quoi, mais sa commisération s’arrête à la misère du petit commerçant lui-même et pas à ses commis. Ce n’est donc pas chez elle, dans ce gouvernement depuis six mois sur le départ, qu’on trouvera des statistiques sur une misère qui se développe en Belgique, tout en travaillant !
Ce n’est pas nouveau, dans le luna-park de la société de consommation, mais il est en forte augmentation : de nombreux travailleurs n’arrivent plus à se nourrir !
On est encore loin de la misère des corons du Borinage et du Pays de Liège dans les années 20-30, mais on s’en rapproche !
Comme le dit très bien Julliard « …ce n’est pas seulement le principe de la démocratie que l’inégalité est en train de détruire, c’est l’idée même de la société. » Qu’oser encore demander à un travailleur qui ne peut nourrir correctement les siens ? Du civisme ? De l’altérité ? En a-t-on envers lui ?
Les gens d’en bas ne sont pas idiots. On leur a inculqué le sens du devoir, la honte d’être à charge de la société. Ils y ont répondu avec leurs moyens de toute leur force et en toute honnêteté. Et c’est ainsi qu’on les considère ? Qu’on leur donne quitus de leur courage et de leur volonté d’être des citoyens à part entière ?
Mais le dernier des possédants, le dernier des politiciens de la gauche à la droite devrait avoir honte de poursuivre les chimères de l’économie qui tue et qui dégrade ses compatriotes.
Le peuple lui clouerait la gueule à coups de briques, qu’il ne l’aurait pas volé !
Le type qui ramène 1500 euros par mois pour faire la soupe – et encore pas très grasse – et qui coupe à leurs discours au point de les applaudir aurait plutôt à se demander depuis quand il lui arrive d’applaudir à l’assassinat de plus d’un million de personnes, sans état d’âme !
Mais ceux qui devraient massivement en rougir et changer de discours sont les socialistes. Ils sont en train de conduire le tombereau du riche rempli des cadavres de leurs victimes vers des fosses communes dont, quand même, ils devraient avoir idée.
Car, je les tiens pour les premiers fautifs de la catastrophe qui pointe son vilain museau. La social-démocratie à laquelle ils ont poussé les travailleurs était la mèche qu’ils ont allumée pour faire sauter le pays, sur le fric roi et l’économie de marché qui nous déshumanise. Ce sont eux qui se sont posés en intermédiaires entre celui qui entreprend et les autres qui sont entrepris. Ils sont comme les bateleurs d’une mauvaise parade qui font entrer les badauds à l’intérieur d’un chapiteau où il n’y a rien à voir !
La maltraitance faite à des travailleurs sous-payés, n’est pas une fatalité. C’est le résultat d’une lâcheté d’une gauche qui partage avec les riches les bénéfices de l’exploitation des intérimaires, des mi-temps et des contrats à durée déterminée.
Depuis la fin des Trente Glorieuses, la paupérisation correspond aux progrès dans la crapule des moyens d’assécher les salaires d’un côté, pour gonfler les profits de l’autre.

437_1000.jpg

Bart De Wever et Di Rupo sont les deux pôles de la parfaite illustration d’un monde politique inadéquat, inadapté, qui ne sait pas encore qu’il ne sert plus qu’à entraver la marche du progrès. Nous sommes dans l’aventure qui va se jouer dans les dix prochaines années, un peu dans l’attente, comme l’étaient les pays du Maghreb en décembre dernier, juste avant le soulèvement de la Tunisie. Il est bien question de nationalisme là-dedans, de partage du territoire, quand on bute sur le délicat problème du partage de la gamelle !
Le propre des inconditionnels du fric, c’est qu’ils ne peuvent arrêter leur deal. Il y aura toujours un voyou qui ira plus loin et qui inventera une escroquerie nouvelle.
C’est ainsi que les tragédies débutent par des excès incontrôlés.

Poster un commentaire