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Onkelinx ou l’art de durer.

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La récente interview de Laurette Onkelinx parue dans le journal Le Soir, dresse à contre-courant de ses déclarations le portrait d’une femme qui n’a rien compris au sens de ce qui fait la grandeur de la politique et qui compte pour rien l’usage de la démocratie dans la vie courante d’un peuple.
Ce n’est même pas son adhésion au socialisme illustré par la social-démocratie qui fait problème, c’est elle-même son obstination à vouloir jouer un rôle dont elle n’aperçoit pas le sens.
Si elle avait eu la curiosité de s’intéresser à l’histoire des démocraties, elle aurait compris que le système qui permet à un représentant de s’afficher toujours au premier plan et contre vents et marées, revenir aux commandes afin d’y faire la même politique, quel que soit le suffrage qui apparaît au soir du scrutin, n’est qu’une démocratie d’apparence dont les vices secrets finissent par la ronger de l’intérieur, sans qu’il y paraisse.
Madame Onkelinx est un peu dans le cas de Michèle Alliot-Marie qui ne voit pas en quoi sa conduite lors de la révolution tunisienne a de préjudiciable à la République. La vice-ministre est coresponsable avec les autres dirigeants de parti de la situation burlesque dans laquelle est plongée la Belgique, et elle ne le voit pas !
Au contraire. Il lui semble qu’elle n’est pour rien dans le ridicule dans lequel nous avons sombré et qui pourrait déboucher sur une tragédie.
Dans son cas, il vaut mieux, en effet, gloser sur le pernicieux du nationalisme, que sur la situation de l’économie capitaliste qui est au cœur du problème social. Car, en effet, son parti est au gouvernement. Il y a été en alternance depuis cinquante ans et là aussi, madame Onkelinx nie sa coresponsabilité dans le cheminement fatal vers des lendemains qui déchantent après avoir cru que les Trente Glorieuses ouvraient la voie à une collaboration heureuse entre le capital et le travail. Car, que je sache, madame Onkelinx est bien encore socialiste avec tout ce que cela implique comme devoir envers les classes sociales qui votent pour le PS et que le PS ne défend plus que du bout des lèvres.
Qu’est-ce que c’est ce charabia concernant la N-VA ?
Ce n’est pas après six mois de négociation et en ayant lu les déclarations de principe et les statuts de la N-VA le premier jour des négociations, si ce n’est bien avant, que l’on fait en sorte de négocier sans avoir envie d’aboutir. Le courage politique était de dire tout de suite aux citoyens que les propositions de la N-VA même amendées ne pouvaient convenir en aucune manière au PS, tant du point de vue des réformes de l’Etat, que des vues sur l’économie et la solidarité entre les Régions du dossier social.
Conseillère particulière du président Di Rupo, il semble qu’elle ait suivi aveuglément son chef de file dans une partie de majong qui serait sans fin. Au lieu de discerner la faiblesse de Di Rupo, sa visible hésitation pour tout, que l’on peut qualifier de prudente, mais qui, hélas, n’est qu’une peur viscérale de la prise de responsabilité, un œil fixé sur les sondages, elle l’a suivi de manière délibérée dans sa frilosité, dans son manque d’imagination et de perspectives hardies. Ainsi, a-t-elle fait preuve d’un manque du sens de l’histoire.
Sans être de la Gironde, elle fait partie de ce camp de la Plaine de 1792. C’est une madame Roland qui a de belles phrases, s’entourent de grands noms et qui finit sur l’échafaud en 1793, encore indignée que l’on ne l’ait pas comprise !
Le PS n’a-t-il pas claironné au début des négociations, comme les autres partis wallons, qu’il n’était demandeur de rien ? Ce n’est que beaucoup plus tard qu’il a fait des propositions comme on allume un contrefeu. Aujourd’hui, le voilà convaincu qu’il était nécessaire de réformer l’Etat ! Je cite JP Marcourt « …c’est en ayant plus de Wallonie que nous… pourrons construire la société libre » etc. Autrement dit, Di Rupo et Onkelinx faisaient avant De Wever une politique irresponsable ! C’est le nationaliste anversois qui les a réveillés…
Evidemment madame Onkelinx ne finira pas sur l’échafaud comme Madame Roland et on en est heureux pour elle, mais elle cessera ses activités fortune faite, entourée des plus grands égards, dans l’absolue indifférence du peuple qu’elle n’aura guère défendu, mieux encore, sa contribution ayant conduit ce dernier à mettre un genou en terre devant le capital et à sombrer dans la misère.
Pour l’anecdote, madame Onkelinx se moque du pigiste du Soir quand elle évoque sa vie dans les magasins à remplir son panier de la ménagère afin de préparer le repas du soir de son actuel mari, maître Uyttendaele, et que les clientes lui disent entre deux rayons « Allez, courage !, il faut que vous y arriviez ! », et d’autres : « Ah ! les Flamands ! »
Comme les gens de sa sorte, Madame Onkelinx a fait d’un sacerdoce pour le bien de la collectivité un métier lucratif qu’elle pratique sans état d’âme. Il ne faut pas lui en tenir grief à elle, spécialement, ils en sont tous là.
C’est du reste la raison essentielle à ce qu’ils s’y accrochent avec la ténacité d’un employé d’usine qui tient à son emploi, sachant bien qu’il ne retrouvera jamais un autre doté des mêmes avantages.
C’est leur problème qui est devenu le problème de la démocratie, notre problème.
Depuis, qu’ils ont commencé par la faute qui les fit connaître (Paul Valéry), ils ont développé un ego et une satisfaction d’eux-mêmes qui les rend inaptes à se soucier des autres. Ce qui est le comble quand on gère la chose publique.

Commentaires

Quelques réflexions que m'inspire votre billet:

La politique devient de plus en plus un métier comme un autre.
On va devenir un politique parce ce que ça gagne bien, ou pour faire comme papa et maman.

De nombreux socialistes pourraient reprendre en coeur la dernière petite phrase du camarade Porsche (Michel Daerdene): être socialiste ne veut pas dire vivre dans la misère. C'est sûr qu'à Lasne où vit Laurette, on en est très loin ... mais on est aussi loin des gens que l'on est censé défendre et représenter.

Je me suis souvent demandé si il n'y a pas une incompatibilité profonde entre d'une part les qualités que devrait avoir un homme ou une femme politique et, d'autre part, les "qualités" qu'il faut pour arriver à un certain niveau de pouvoir. Je n'ai pas d'expérience dans ce milieu, mais j'imagine qu'il n'est pas différent des autres, probablement plus dur encore.

Pour finir, je suis un lecteur régulier de votre blog que je trouve exceptionnel.
Des idées, de l'humour, du style, de l'humanisme, de la culture ... c'est un réel plaisir de vous lire. Merci de partager cela.

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