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La serpillère en action.

Voilà Herman, dénommé la serpillère par un député britannique, qui s’apprête à fourguer le 11 mars à toute l’Europe, sa vision flamande du progrès et de la prospérité.
Ce monsieur qui gagne 304.000 euros net par an veut s’attaquer à l’indexation des salaires qui « mine la compétitivité des entreprises ». Le voilà bien étalé le décalage de ceux qui croient toujours que les autres gagnent trop en comparaison de ce qu’ils gagnent. Ici, on ne pourra pas dire qu’entre un salaire de 12.000 euros net par an qui est le lot en Belgique de la plupart des travailleurs et celui de l’éminentissime, il y a photo ! Si ce n’est qu’il est certainement facile de prouver scientifiquement que Van Rompuy n’a pas un cerveau 25 fois supérieur à la capacité du plus demeuré des manœuvres légers de ce fichu pays ! C’est pourtant ce qu’il gagne à l’Europe qui nous vaut ce triste constat.
Les Européens ne vont tout de même pas tomber dans le panneau des « gentils » Flamands qui ont voté N-VA et qui adorent qu’on leur parle d’austérité avec le CD&V Van Rompuy, président de l’Europe (encore une fichue idée de Sarkozy).
Nous voilà beaux avec la note de ce Flamand ultra de tout (nationaliste, capitaliste, européaniste, etc.) que les pions de l’échiquier politique des autres pays vont lire et sans doute approuver.
Décrété par la presse comme l’enfonceur de tabous, à défaut de portes ouvertes, la Serpillère touche à des thèmes qui ont le même nom dans les syndicats et les partis dits de gauche : offensive capitaliste contre le pouvoir d’achat.
Mais comme l’homme est Belge et avant tout Flamand, il avance masqué et prudent. Il va faire à l’Europe, ce que son homologue en mignardises flamandes, Bart De Wever, fait en Belgique pour la nouvelle découpe des Régions : il laissera le soin aux Etats de prendre les mesures qu’ils veulent, pour assurer leur compétitivité. Comme la Serpillère est un grand admirateur de J-C Trichet, conseiller européen en matière de compétitivité et en tandem avec José-Manuel Barroso, on peut raisonnablement penser que les gouvernements - à peu près tous de droite en Europe - vont jubiler d’aise, devant une telle unanimité des ténors de leur grand opéra.
Herman recommande une amélioration de ces mécanismes d’indexation. Pour lui, Bart est dans la même logique : une amélioration ne veut pas dire une plus juste adaptation des salaires au coût de la vie en fonction du panier de la ménagère et un plus juste rapport avec ce que le plouc de base, qui n’a pas de voiture de fonction, paie l’essence à la pompe… non, non, vous n’y êtes pas. Ils veulent, au contraire, un index qui ne tiendrait pas compte du tout de l’inflation à celui qui réagit (de moins en moins bien) six mois après les augmentations.
Quand on gagne 304.000 euros par an net d’impôt, la TVA et le coût de la vie peuvent paraître anecdotiques et superfétatoires, évidemment.

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Autre grand dada du parlement de droite (161 voix contre 111 à une gauche pourtant très rosée), une recommandation sur la modération salariale dans le secteur public est aussi reprise dans la note de Herman. Attention, par égard pour ses pairs, il ne s’agit pas de tartiner des modérations aux hauts cadres et dirigeants du genre de Johnny Thys de bpost et des aimables G.O. de l’Administration détachés dans les ministères, non, il n’est question que des pauvre types qui se tapent tout le boulot pensé – souvent mal – par des élites surpayées.
Je l’écris depuis un certain temps dans ce blog et ailleurs : à force de ramasser des gifles d’un système qui ne les satisfait plus, les citoyens finiront par se poser la question de savoir s’il doivent renverser la marmite où touillent les graisses des illustres, tout de suite ou attendre, comme au Maghreb, que la faim vienne déloger les plus pauvres de leurs taudis pour les jeter dans la rue et réclamer la peau de leurs dirigeants ?
Que ces messieurs sortent de leurs bois dorés (merci Georges Sand) pour méditer sur cet aphorisme : nécessité fait loi. Et n’y a-t-il pas plus nécessiteux que les gens de la rue de l’Europe entière, pour adopter cette nécessité-là ?

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