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L’Etat des spécialistes !

Déjà en 1789, sur les cinq cent septante huit députés qui représentaient le tiers état des Etats généraux en France, pas moins de deux cent septante deux étaient avocats.
L’art oratoire et l’habitude des lois les prédisposaient aux débats publics et aux travaux législatifs.
En Belgique, plus de deux cents ans plus tard, certains ont entrepris des études de droit rien que pour succéder à papa « au parti » et devenir député. On pourrait citer des noms, de ces météores du barreau qui ne font que traverser l’espace judiciaire, pour atterrir au parlement.
Chaque citoyen a le droit de se présenter au suffrage du peuple. Il est regrettable pour la démocratie et le pluralisme que l’immense majorité de citoyens ne soit représentée que par les professions libérales, dont émerge la profession d’avocats !
Il ne s’agit pas de refaire le monde à l’envers et de remettre les guildes et les associations professionnelles en état de défendre l’artisanat comme du temps de l’Ancien Régime ; mais, il n’est pas sain non plus de n’avoir qu’une seule catégorie de citoyens, comme par hasard issue des classes les plus aisées, au service de l’ensemble de la population.
L’usage discrimine l’accès au pouvoir à des catégories socioprofessionnelles dites manuelles, voire intellectuelles de petit niveau, comme longtemps l’usage en écarta les femmes.
Passons sur cette « ségrégation » des professions et demandons-nous si l’Etat est mieux géré par ces élites éduquées spécialement pour sa gestion, un peu comme les sultans utilisaient des eunuques à la sauvegarde de leurs harems. ?
Est-ce une fatalité qui accable ces intellectuels et jette un discrédit sur l’ensemble de la classe politique ainsi constituée, depuis juin 2010, ils nous agacent, nous découragent, en un mot, nous font douter de leurs capacités intellectuelles à gérer le pays !
On peut même affirmer, sans trop se faire taper sur les doigts, qu’ils sont nuls, qu’ils sont mauvais, intrinsèquement, irrémédiablement, d’une nullité bouleversante, comme on en n’avait jamais vu !... Et nous les avons élus parce qu’ils se disaient les plus doués !
Etions-nous drogués, sous influence le jour fatal où nous avons mis quasiment toute la profession dans l’urne, ajoutant pour faire bonne mesure, quelques enseignants, une poignée de médecins et deux ou trois constitutionnalistes ?
Pourtant en 1789, ils ont été en première ligne et ont fait du bon boulot. L’Ancien Régime s’est effondré sous leurs coups. Et s’ils ont perdu le pouvoir cinq années plus tard – enfin pas tous – d’une manière générale, nous avions affaire à des avocats qui n’avaient pas que le seul objectif de se remplir les poches et de se placer sous quelque prince nouveau.
Il y avait parmi eux des idéalistes ayant la conscience du peuple, où sont-ils aujourd’hui ?
Plus de deux siècles plus tard, l’engeance s’est diversifiée, mais en perdant de vue l’essentiel : l’intérêt général !

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Que sont devenues les grandes pointures de jadis qui n’hésitaient pas à suivre et en apprendre du peuple, qui se mêlaient à des relieurs, des ferblantiers, des typographes, des bouchers, dont certains les surclassaient en lucidité et en intelligence ?
Le spectacle navrant qui nous entoure se passe de commentaires.
C’est inutile de s’appesantir sur la situation interne en Belgique, mais on a rarement vu pire avant et ailleurs !
Ont-ils atteint leur niveau d’incompétence ?
Sont-ils des incompétents nés ? C’est évident pour certains. Cependant l’ensemble ne devrait pas se sentir paralysé par la bêtise excessive et l’obstination redoutable de quelques-uns. C’est ce qui arrive cependant, et c’est là le défaut inhérent à tout ce petit monde ayant fait les mêmes écoles et ayant appris à se comporter de la même manière.
Le pouvoir les a rendus corporatistes et dédaigneux !
D’esprit trop supérieur, leurs propos se diluent dans l’incompréhensible, dans le pathos… ou dans une pédagogie de cuistre dont les effets agissent sur eux-mêmes, tant ils deviennent brouillons par confusion de leurs propres neurones.
La politique, domaine qui devrait être réservé aux grandes vertus et aux grands talents est bel et bien le lieu de rassemblement des médiocres et le tremplin des arrivistes.
C’est aussi le lieu où s’affichent désormais les ambitions les plus éhontées.
Toute raison gardée, sont-ce bien des élites ?
Ne sont-ils pas plutôt des faiseurs, des ambitieux, qui paraissent être quelque chose et – tout compte fait – ne sont rien que des représentants de commerce d’eux-mêmes!

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