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Double naissance (1)

C’est en Amérique qu’il faut aller chercher des histoires comme celle-ci.
Donald John Trump, milliardaire américain de l'immobilier, natif du Queens à New York, s’est mis en tête de se présenter à l’élection présidentielle contre Obama. Le parti républicain ne l’a pas encore adoubé, mais il a des arguments, sa fortune est estimée à 3 milliards de dollars !
Selon Donald, Obama lors de son élection ne remplissait pas les conditions requises pour être candidat. Obama ne serait pas né sur le sol américain !
La Constitution des Etats-Unis est formelle. Elle stipule que le président doit être né sur le sol américain. Depuis son arrivée à la Maison blanche en janvier 2009, Barak Obama s'est vu régulièrement accusé de ne pas respecter cette clause.
Sans vouloir entrer dans le jeu du républicain, le président a quand même fait publier son acte de naissance, certifiant qu’il est bien né à Honolulu le 4 août 1961.
C’est déjà très juste pour Obama, puisque c’est le 21 août 1959, qu’Hawaï devient le 50 e et dernier territoire de l'Union à avoir accédé au statut d'État des États-Unis. A deux ans près le premier président Noir passait à côté du bureau ovale.
C’est sans compter sans la pugnacité de celui qui s’est fait milliardaire tout seul. Donald John Trump conteste le certificat de naissance délivré par les Autorités de Honolulu et avec lui ceux que l’on nomme désormais les « Birthers ».
Rien ne semble pouvoir les arrêter, pas même le certificat de naissance d'Obama dont le scan traîne depuis sur le web. On peut pourtant y lire clairement que Barack Hussein Obama est né à Honolulu, sur l'île d'Oahu, dans l'État américain d'Hawaii, le 4 août 1961, à 19h24 ; mais il est vrai que la photocopie du document comporte différentes anomalies. Voilà qui enflamme la Toile et produit de l’ébullition électronique chez les Internautes.
C’est l’occasion de rappeler aussi qu’Hawaï, le 50 e Etat, présente la curiosité juridique de n'avoir jamais été rattaché à son actuelle puissance souveraine (les États-Unis) par un acte de droit international. La cession de l'archipel a en effet été le fait d'un gouvernement provisoire que les États-Unis ne reconnaissaient pas, le président Grover Cleveland ayant explicitement déclaré cette entité illégitime. Par peur des résultats, on ne procéda pas à un référendum auprès de la population hawaïenne. La résolution Newland, qui érige Hawaii en territoire organisé des États-Unis, votée par le congrès américain n'est donc, en termes juridiques, qu'un acte unilatéral. Par l' Apology resolution du 23 novembre 1993, le congrès américain souligne ainsi ce point en reconnaissant que le peuple hawaïen n'avait jamais renoncé à sa souveraineté au profit des États-Unis. Quand bien même le gouvernement hawaïen aurait été considéré comme légitime, le droit international prévoit qu'il aurait fallu un traité, dans la mesure où une loi votée dans un pays ne peut s'appliquer à un autre pays, traité qui n'a jamais été conclu. Le statut du territoire d'Hawaï est donc, en termes de droit pur, non valide. Cette irrégularité dans l'annexion d'Hawaï nourrit aujourd'hui encore un mouvement indépendantiste chez une partie de la population autochtone, ainsi que des querelles récurrentes quant à la propriété des terres ancestrales hawaïennes.
On voit dans quel guêpier gît le fond d’une affaire qui pourrait prendre une méchante tournure, tant les lois américaines et ceux qui les manipulent donnent lieu à des monuments de procédure.
En attendant que ça décoiffe par un côté insolite, voire incongru, dont les Américains ont le secret, la presse révèle la destinée de grand bâtisseur de Trump, ce qui lui fait de la publicité gratuite.
La Trump Organization a bâti son empire sur la construction de buildings qui portent d'ailleurs la plupart du temps le nom du promoteur. Ses « créations » se trouvent dans son État de New York avec notamment la Trump Tower, mais aussi un grand casino à Atlantic City, le Taj Mahal.
Il y a dans la politique américaine beaucoup d’éléments qui étonnent le public européen et notamment le rapport de la politique avec l’argent. La politique en Europe s’est faite depuis longtemps plus discrète. Mais, y a-t-il tant de différences que cela ?
Nos politiciens sont plus hypocrites, voilà tout.

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Quant à Obama, la fin de Ben Laden redore son blason et sa cote de popularité va certainement monter. Voilà son match contre Trump suspendu, le temps que se tasse le bonus de l’assassinat du chef d’Al-Qaïda par la CIA. Il n’y a rien qui passe plus vite dans l’opinion qu’un succès de cet ordre. Les élections (dans un an) se feront sur le chômage, la misère qui monte, la dette qui croît, le pouvoir de la Chine sur les USA depuis qu’elle détient des milliards de dollars de réserve, et peut-être ce « putain (2) » de certificat. Et là, pour le coup, ce n’est pas gagné.
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1. Double naissance : celle du certif de Barak Obama et naissance d’un mythe ou l’on voit qu’un homme est plus utile mort, que vivant.
2. Il convient parfois de s’exprimer comme eux pour faire couleur locale.

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