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La stratégie du chic et du choc

Les mouvements anti-marques qui dénonçaient l’exploitation des travailleurs par les grandes marques, dans des pays du Tiers-monde, particulièrement parmi les ateliers de vêtements de sport, de la maroquinerie de luxe, des entreprises pétrolières, etc. se sont brusquement tus au moment de la crise de décembre 2008.
A croire que la vertu aurait abandonné les banques pour se loger chez les mal-logés !
L’exploitation des femmes et des enfants dans ces pays aurait-elle cessé suite à la dénonciation de l’esclavage moderne par des organisations internationales ? On se souvient des ateliers pakistanais qui montraient des enfants de moins de dix ans occupés à assembler les pièces de ballons de football. Ou bien la chose continuerait-elle, mais de façon plus cachée de façon à ne pas effaroucher les élites, qui tentent de nous persuader que la moralisation du système économique mondial, après la crise de 2008, a été faite ?
Les formes de résistance citoyennes se seraient plutôt concentrées sur le délicat maniement des atomes dans les centrales nucléaires et à la protection d’une nature pillée et menacée par l’homme. C’est une forme de découragement de l’opinion qui consiste à devoir faire des choix de priorité qui est probablement à la base de ce changement de cap.
Si bien que l'invasion de l'espace public des multinationales par la publicité est en train de faire oublier les abus commis sur les lieux de travail de ces contrées déshéritées.
Pourtant, le temps n’est pas si lointain des combats contre Nike, la dénonciation des ateliers d'esclaves et du travail des enfants, des mobilisations contre Shell et des abus commis au Nigeria envers les communautés autochtones, ainsi que des combats contre McDonald's.

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La mondialisation a permis aux entrepreneurs devenus apatrides de faire n’importe quoi au niveau de la sous-traitance dans les pays du Sud. Le fric roulant à nouveau dans le « bon sens » comme au bon vieux temps des colonies, Les entreprises voyous ont donc investi dans le marketing, non pas dans le produit, mais dans sa représentation fictive, afin de faire rêver les masses potentiellement acheteuses. Car, dans le commerce, il n’y a pas que les Rolex, les Porsche et les sacs Hermès qui se négocient dans les beaux arrondissements. Il y a la masse des produits intermédiaires sur lesquels proportionnellement et par les quantités vendues, la fine fleur des entreprises « décentrées » s’en mettent davantage plein les poches.
La crise, loin de freiner la fuite des entreprises et des capitaux sous des cieux plus cléments, l’a, au contraire, accélérée.
Le déplacement de la production vers des coûts allégés a produit des coupes d'effectifs dans les pays industrialisés. Les emplois précaires ont explosé. Le chômage a fait des ravages et, paradoxalement, cette fuite en avant n’a même pas profité aux Pays du Sud qui ont vu la misère progresser pratiquement au même rythme que dans les pays occidentaux.
La concentration des grandes entreprises n’a pas profité aux consommateurs dans le choix des produits. Les quelques marques spécialisées régulent les marchés et s’interdisent toute concurrence. Les trois ou quatre familles qui se partagent en Europe les supermarchés font illusion en proposant des produits labellisés à leur nom, soi-disant en concurrence avec les grandes marques, parce que moins chers. A l’usage, ces produits sont de moins bonne qualité, même s’ils sortent des usines de ces mêmes grandes marques.
Une journaliste canadienne, Naomi Klein, estime que les marques fonctionnent comme des métaphores du système économique. Elle évoque la dépossession du bien commun au profit de l'entreprise privée, dans une stratégie « du choc ». Elle y voit la montée d'un capitalisme du désastre.
Les multinationales utiliseraient la méthode d’un manuel de torture de la CIA « The Kubark Counter Intelligence Interrogation handbook » décrivant différentes manières d'amener un prisonnier à régresser jusqu'à un état infantile, afin de conduire personnel et clientèle dans un état régressif infantile similaire, à seule fin que le public ne se pose plus aucune question sur le « bon choix » de travailler et de consommer.
En ce sens, l’antiterrorisme actuel est arrivé au paradoxe de faire régner plus de terreur par anticipation des attentats que les attentats eux-mêmes. Cela permettrait la mise en œuvre de réformes économiques néolibérales majeures qui seraient impossibles en temps normal. La date de la disparition de Bin Laden aurait été arrêtée, non pas depuis la connaissance de sa cache sur dénonciation d’un informateur, mais bien après, après avoir pris en considération des perspectives à caractères économiques et politiques.

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