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PSOE… dégage !

Ce qui vient de se passer en Espagne ce dimanche devrait alerter les sociaux-démocrates dans leur obstination de vivre à la remorque du système économique actuel, producteur de misère sociale et de chômage massif.
La presse francophone se fait discrète sur le plongeon du PS espagnol. Et pour cause, DSK en France fait le plein de curieux et Elio Di Rupo, en Belgique, se voit déjà en haut de l’affiche.
A gauche, il n’est donc pas très productif de montrer un confrère en difficulté et comme cette difficulté tient à la politique de collaboration avec le système économique, à droite non plus… des fois qu’une révolte populaire en Espagne donnerait des idées ailleurs.
A Madrid, l'opposition conservatrice se délecte de sa victoire écrasante aux élections municipales et régionales, sans en mesurer la portée et le sens.
Où le Parti populaire victorieux a raison, c’est d’avoir prédit le ras-le-bol des électeurs devant la conduite des affaires du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. Mais, le mouvement social des "indignés", s’il a permis le succès du Parti populaire, n’est pas pour autant acquis aux thèses de la droite. Il ne faudra pas longtemps pour que cela se vérifie dans la rue et que Mariano Rajoy, président du PP, s’en aperçoive dans les semaines à venir.
Déjà, le chef de file des conservateurs n'a pas appelé à la tenue de législatives anticipées comme sa formation l'avait fait par le passé. Il attendra prudemment la fin de la législature qui consommera la perte définitive des socialistes dans l’opinion espagnole, si Zapatero s’obstine à respecter à la lettre les mesures d’austérité demandées par Dominique Strauss-Kahn, avant que celui-ci ne sombre dans la chambre 2018 de NY.
Ces élections locales, que nous appellerions communales si elles avaient lieu chez nous, se sont tenues sur fond de sit-in sans précédent organisé par des Espagnols, furieux de la gestion de la crise économique. Avec un chômage de 21,3%, qui frisent les 40 % chez les moins de 25 ans, c’est l’efficacité du système économique et la façon dont le PS gère la crise en copinage avec les industriels, qui sont directement en cause.

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L'Espagne suit la Grèce en ouvrant une période de rébellion sociale qui va se propager surtout en Europe du Sud contre le chômage et la crise économique, mais qui pourrait gagner le Nord en commençant par la France, pour - peut-être - secouer la placidité légendaire belge, d’une opinion, elle aussi, à bout de patience, face à un PS franco-belge veule et inerte.
De récents sondages qui montraient le PS de Di Rupo en perte de vitesse, pourraient être le signe avant-coureur du mécontentement en Wallonie.
Jusqu’à présent, en Espagne comme en Belgique, la social-démocratie avait été comprise par les populations laborieuses comme un moyen efficace d’avoir des emplois et des bons salaires. Si ces conditions ne sont pas remplies, la social-démocratie n’a plus de raison d’être. De la discussion sur les choix de demain dans les partis dépendra la survie des socialistes. Les dirigeants des PS d’Europe, tous gavés et pourris de cumuls, devraient quand même le savoir !
Dire qu’en Espagne la fronde populaire n’était pas prévisible, montre bien l’incapacité actuelle des partis socialistes de se représenter justement la situation réelle des pays frappés par le chômage et la crise.
En Espagne, le point critique n’est pas encore atteint. Il le sera le jour où les masses populaires se rendront à l’évidence que le PP n’a pas non plus la capacité de redonner l’espoir à la rue. Alors, par delà les partis découverts tels qu’ils sont dans leur imbrication avec le pouvoir économique, les gens s’attaqueront au fond du problème, c’est-à-dire au système économique lui-même, générateur des pires inégalités jamais encore atteintes depuis la mondialisation.
Dès à présent, spontané, pacifique, bouillonnant d'idées pour des réformes futures, ce mouvement citoyen, qui se veut apolitique, dénonce l'injustice sociale, les dérives du capitalisme, la corruption des hommes politiques.
Il ne lui manque plus que quelques grands penseurs et une forme plus structurée d’organisation, pour refonder un parti à la recherche d’une autre société, sans retomber dans le travers du PS actuel.
A dix mois des législatives de mars 2012, le PSOE espagnol, en misant sur les thèmes de la social-démocratie au bout du rouleau, ne peut plus prétendre au pouvoir. La seule bonne chose qu’il pourrait encore faire, c’est de changer les lois sur le mode de scrutin, afin de permettre aux petits partis de s’exprimer. Son partenariat avec la droite en alternance pourrait se terminer bientôt. Cette modification serait même très utile pour le PSOE, si par la volonté des urnes, il devenait lui-même un petit parti.

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